M. MAURICE SARRAUT
La maladie subite de M. le sénateur Maurice Sarraut a mis en vedette un des hommes politiques les plus sympathiques. Issu d'une famille républicaine que Carcassonne connaît bien, le jeune Maurice Sarraut, après de solides études juridiques, entra dans la presse comme rédacteur parlementaire à la Dépêche de Toulouse qu'il dirige aujourd'hui. Sous le patronage de Camille Pelletan, le jeune reporter débuta au Palais-Bourbon où il devint vite un informateur de premier ordre. La Dépêche lui confia la direction le ses services parisiens. Confrère aimable, accueillant, simple et bon, nul n'est sorti de son cabinet sans un bon conseil et un appui. Mêlé par le tempérament et par profession à toutes les luttes politiques, il a su garder dans l'ardeur de la bataille une courtoisie et un ton chevaleresque qui lui valurent même les sympathies de ses adversaires. S'intéressant à toutes les manifestations de la presse, membre d'honneur de toutes les associations confraternelles, il jouit à juste titre au consortium des grands régionaux d'une autorité indiscutable. Après avoir refusé un mandat que ses amis de l'Aude lui ont sept fois offert, Maurice Sarraut accepta un siège à la Haute Assemblée. Ses interventions y furent particulièrement remarquées. Son éloquence sobre et chaude fit vite impression sur ses collègues, autant que ses rapports qui révélèrent un esprit érudit et positif. Le Gouvernement de M. Herriot l'appela à la Conférence de Genève. En l'adjoignant aux Léon Bourgeois, aux Briand, aux Boncour, le Président du Conseil a prouvé qu'il se connaissait en hommes. La presse entière vient de souligner les services nombreux que Maurice Sarraut avait rendus dans les Commissions de la Société les Nations. La question sociale et humanitaire avait trouvé dans le sénateur de l'Aude un rapporteur éclairé, résolvant dans le sens de la justice les problèmes les plus ardus. Aux unanimes regrets qui se sont manifestés de voir sa tâche interrompue, nous nous faisons un devoir de joindre les nôtres, en exprimant l'espoir de voir bientôt le brillant sénateur reprendre sa place à la tête du grand organe de la démocratie française et dans les conseils du Gouvernement, dont il est l'un des plus autorisés conseillers.