M. PAUL-BONCOUR
Né à Saint-Aignan (Loir-et-Cher), M. J.-Paul-Boncour s'imposa tout jeune comme orateur de premier ordre. Quand Waldeck-Rousseau arriva au pouvoir, en 1899, il fit du jeune avocat son collaborateur immédiat. Sa science approfondie des questions sociales attira l'attention de M. René Viviani qui lui confia le Ministère du Travail en 1906. Il obtint le même portefeuille en 1911 sous le Ministère Monis. En 1909, il fut élu député du Loir-et-Cher. Adhérant au parti socialiste en 1916, Paris l'envoya siéger au Parlement en 1919. Toujours respectueux des décision de son Parti, il n'accepta d'être candidat dans le Tarn qu'après l'autorisation de la Fédération socialiste de la Seine. M. Paul-Boncour a écrit le Fédéralisne économique, avec préface de Waldeck-Rousseau et un Débat nouveau sur la République et la Décentralisation, ainsi qu'une brochure sur les syndicats de fonctionnaires qui a été préfacée par Anatole France. J'y trouve brossé de main de maître le portrait du potentat de sous-préfecture au bulletin capricieux et à la sollicitation tenace; une appréciation toujours vraie sur le paradoxe de la bureaucratie impériale coexistant avec une constitution républicaine, sur l'arbitraire admistratif, dominé par l'ingérence politique, arrêtant les initiatives, décourageant les bonnes volontés, maintenant sous un autoritarisme de surface une anarchie médiocre. Retenez cette définition du syndicat des fonctionnaires : Leur but, dit-il, n'est pas une lutte systématique contre l'Administration et les pouvoirs publics. Ils veulent simplement faire traiter par des Délégués auprès du Ministre toutes les questions intéressant la corporation : avancement, déplacement, traitement, décentralisation corporative, ordre nouveau... Ancien secrétaire de la Conférence des Avocats, où il prononça son fameux discours sur Étienne de la Boëtie et les origines des libertés modernes, Paul-Boncour est l'objet au Palais d'une sympathie générale et ses plaidoiries y sont courues. Ses interventions à la tribune du Palais-Bourbon ont été toutes marquées par un succès. Comme je loue M. Herriot d'avoir adjoint un talent de cette trempe à la délégation française de Genève ! C'est grâce à l'intervention de Paul-Boncour que le Comité des Douze, répondant victorieusement à toutes les insinuations et suspicions relatives à nos prétendues visées de domination internationale, a condamné le système séculaire des accords secrets et offensifs, administrant la preuve péremptoire que les alliances conclues par la France n'ont jamais tendu qu'au maintien de la Paix et à la défense du Droit. M. J.-Paul-Boncour a merveilleusement défendu la thèse française. Le Bloc des Gauches attend beaucoup de lui. Il ne sera pas déçu.