LÉON BOURGEOIS

 	M. Léon Bourgeois est une des plus grandes figures de la Troisième République.
	Il aurait pu occuper la première place où l'aurait porté la presque unanimité du Parlement :
il s'est contenté de la Présidence du Sénat, que sa santé affaiblie lui a d'ailleurs fait abandonner.
Il a bien voulu accepter celle de la Société des Nations, où il rehausse et défend singulièrement
le prestige de la France à l'étranger.
	Sa carrière politique est particulièrement remplie.
	Ministre de l'instruction Publique en 1890, il était garde des Sceaux en 1892.
	Président du conseil en 1895, il géra successivement l'Intérieur et les Affaires étrangères.
	En 1906, sous le ministère Sarrien, il reprit ce dernier portefeuille. Il était au Travail
en 1912. En 1914, il fut de nouveau au Quai d'Orsay, sous Ribot, pendant quarante-huit heures.
	Ministre d'État en 1915, il reprenait le Travail en 1917 et fit partie du Comité de
guerre sous le Ministère Painlevé.
	Il devint ensuite Président du Sénat, après avoir maintes fois refusé la candidature à
l'Élysée.
	Voilà certes une carrière fort remplie.
	Il est regrettable que l'état de santé intermittent de M. Léon Bourgeois n'ait pas permis
à cet homme d'État une continuité d'action dont la République aurait bénéficié.
	Sa grande culture, ses qualités intellectuelles de premier ordre, son extrême amabilité
toujours souriante, son esprit diplomatique au premier chef nous ont souvent servis et même à
cette heure, il n'est pas de meilleur conseiller pour un Gouvernement républicain.
	Peu d'hommes politiques se passent de ses conseils toujours éclairés, désintéressés, et
marqués au coin du plus pur bon sens.
	Chaque fois que M. Léon Bourgeois prit le pouvoir, il a toujours donné nettement un coup
de barre à gauche et il a été le meilleur ouvrier de toutes les lois de la Troisième République.
	Les questions sociales l'ont toujours vivement intéressé et il s'est attaché avec tout
son coeur a leur donner les solutions les plus conformes à la justice, à l'équité, à l'humanité.
	Oui, M. Léon Bourgeois restera l'homme de la République humaine et tous ses  actes,
tous ses discours en sont toujours imprégnés.
	Au terme de cette ébauche forcément incomplète (il faudrait des volumes pour noter les
nombreux gestes de cette activité), nous reste à souhaiter longue vie à ce brillant serviteur
du pays, afin qu'il puisse longtemps encore défendre a la tête de la Société des Nations les
deux idées qu'il n'a jamais séparées dans son esprit ni dans son coeur la France et la République.