M. ANDRÉ MAGINOT

	Au cours d'agapes intimes dans un petit cénacle artistique et littéraire où il fréquentait,
M. André Maginot, dans le Quartier latin, avait chuchoté à ses amis: "Je serais député!
je serais ministre!"
	Quelque fée bienfaisante s'est-elle penchée sur son berceau pour lui prédire cet avenir?
	M. Magînot n'a confié à personne les origines de son ambition.
	Le fait est que jeune encore il a été député et il était hier encore Ministre.
	Mettons que la grande amitié de M. Poincaré l'ait singulièrement aidé à réaliser son
rêve, il y a mis beaucoup du sien, beaucoup d'entregent et une volonté réelle.
	A Revigny, dont sa famille est originaire et où se trouve sa maison paternelle, il est
très aimé et les Meusiens en général l'entourent d'une affectueuse sympathie.
	Quand la guerre se déclara M. Maginot se souvint qu'il était un homme d'armes (le député
de la Meuse est un escimeur di primo cortello) et il s'engagea bravement dans les rangs.
	Assez grievement blessé comme sergent d'infanterie à la tête de sa section, il subit un
long et douloureux traitement, guérit de sa blessure et revint parmi ses électeurs.
	Il fut naturellement réélu par ces patriotiques populations qui ont subi l'invasion.
	Le 20 mars 1917, M. Ribot l'appelle au Pavillon de Flore; il faisait naturellement partie
du Comité de Guerre avec ses collègues Malvy et Painlevé.
	M. Leygues, le 23 septembre 1920, l'appela au ministère des Régions où le maintint
M. Aristide Briand, lorsque le 15 janvier 1922, M. Poincaré lui adjoignit le ministère de la
Guerre, qu'il conserva jusqu'à l'avènement au pouvoir de M. Herriot.
	M. Maginot vient d'être élu président de la Commission de l'Armée contre M. Paul-Boncour:
d'où l'on peut juger que même cette Chambre où les cartellistes sont majorité, on se plaît à
reconnaître les qualités de l'ancien Ministre de la Guerre.
	Depuis, M. Maginot va dominicalement porter la bonne parole dans les Régions meusiennes
qui aiment ça. M. Poincaré les a tellement gâtées!
	A la Commission de l'Armée, sa conception se buttera facilement à la théorie nouvelle de
la Nation armée qui prend de plus en p1us pied dans les états-majors modernes.
	En somme, le député de la Meuse a fourni et peut encore fournir une carrière politique
brillante. D'aucuns lui reprochent de fréquenter les grands bars et d'aimer passionnément les
choses de l'art: l'amour de l'art ne nous paraît pas incompatible avec l'amour de la patrie.