LÉON BÉRARD
M. Léon Bérard est avocat et député. M Raymond Poincaré, dont il fut un des brillants secrétaires, l'appela au Sous-Secrétariat des Beaux-Arts où il resta en 1912 et 1913. En 1921, M. Briand lui confiait pour la deuxième fois ce Sous-Secrétariat. En 1922, M. Poincaré le nommait Grand Maître de l'Université, et il vient d'être remplacé par M. François AIbert. M. Léon Bérard est. né dans le département des Basses-Pyrénées, qui a le droit de s'enorgueillir de posséder non seulement Pau et Biarritz, mais qui a vu naître Louis Barthou, Henri IV et aussi le vin de Jurançon. Vous estimerez que cela suffit à la gloire d'un départernent. Avocat merveilleux de son camarade Barthou en a fait un joli portrait sous le pseudonyme d' Orthésius dans son ouvrage sur la politique. Servi par une culture remarquable, une façon de dire séduisante, son éloquence enchante et toutes ses interventions à la tribune au Parlement sont un véritable régal pour les lettrés et même pour ceux qui ne le sont pas. Dans la discussion sur la réforme de l'enseignement, il s'est rangé délibérément du coté des classiques et a réalisé un merveilleux et courageux effort qui fut d'ailleurs récompensé par des succès oratoires. Il a rendu dans les divers Cabinets des services signalés à la plupart de ses collègues. Doué d'un don d'assimilation extraordinaire, il vous parle transports, canaux, blés, farines : il a un jour remplacé M. Henry Chéron lui-même à la tribune et le troupeau national, cher à M. Mougeot, n'eut pas à s'en plaindre. Son esprit est légendaire. Il le prodigue à la tribune, mais a surtout le talent de conter à ses collègues des anecdotes savoureuses sur ses bons camarades qui ne lui en tiennent pas rancune en général, car ses railleries ne sont jamais méchantes. Un renseigné m'affirmait récemment, lors du fameux débarquement opéré par M. Poincaré, que cet homme d'État, qui l'avait toujours appelé à collaborer avec lui, ne lui a jamais pardonné son esprit. Ce fut, paraît-il, une des causes principales de son remplacement à l'Instruction publique. M. Léon Bérard est assez jeune pour revenir sur l'eau. Comme il a le sens de l'évolution, comme tout homme politique qui se respecte, il ne faut pas s'étonner de le voir un beau jour appliquer rue de Grenelle la réforme de l'Enseignement faite par M. François Albert, et il se montrera aussi moderne que lui.