Procès Vaubulon

Plaintes des habitants

Antoine PAYET

2.132

Déclaration faite par Anthoine PAYET
habitant de St Paul, Ile Bourbon natif
de la paroisse de St Pry en Dauphiné et âgé d'environ
quarante sept ans contre Monsieur HABERT
de VAUBOULON Gouverneur de la dite Ile

			Du 23 Décembre 1690

Disant que Sa Majesté ayant eu la bonté d'écrire
une lettre aux habitants de la dite ile par laquelle Elle 
leur marquait qu'Elle voulait prendre soin d'eux et 
les soulager et leur envoyait pour cet effet
le dit Sieur de VAUBOULON, lequel bien loin de les soulager
aurait commencé de se mettre en possession de toutes
choses et à les piller en prenant d'eux des sommes
d'argent pour leur habitations et ce qu'il pouvait
attraper, quoique les dites habitations leur appartenaient
bien tant par leurs travaux que pour les avoir
achetées ci-devant, et les obligea de prendre des
contrats où il leur faisait payer des rentes plus
considérables que les dites habitations ne valaient,
leur disant que s'il faisait son devoir il les ferait
passer tous au fil de l'épée, ayant tous mérité la mort,
ce qui chagrina fort les dits habitants de se voir ainsi
maltraités dès le commencement.
Déclare de plus être venu du dit St Paul à St Denis parler
au dit Sieur de VAUBOULON pour son habitation ainsi qu'il
l'avait ordonné aux dits habitants où étant le dit Sieur Gouverneur
lui dit qu'il fallait qu'il prit un contrat pour sa dite 
habitation n'ayant rien à lui en propre, et le nommé
Jacques LORET habitant était en bas avec une bouteille
d'eau de vie pour faire boire les dits habitants qui
venaient parler au dit Sieur Gouverneur afin de faire
mieux leurs affaires et ensuite le renvoya à
Monsieur de CHAUVIGNY pour régler toutes choses

Marque x du dit
Antoine PAYET

2.133 Déclare de plus que le dit Jacques LORET lui dit qu'il était condamné à payer vingt écus pour sa dite habitation ce qui l'obligea de dire au dit Jacques LORET pourquoi et s'il avait fait quelque mal pour payer cet argent sur quoi le dit Jacques LORET lui dit "taisez-vous car Monseigneur le Gouverneur est en colère payez seulement et ne dites rien" ce que voyant fut contraint d'obéir et de prendre un contrat du dit Sieur Gouverneur et s'en retourna chez lui, et environ trois semaines après le dit Jacques LORET fut chez le dit déclarant lui dire que Monsieur le Gouverneur était surpris qu'il ne lui avait pas envoyé ces vingt écus et que s'il ne les lui envoyait, il enverrait chez lui des gens pour prendre ce qu'il y aurait, ce que le dit déclarant voyant qu'il ne pouvait pas subvenir à payer les rentes que le dit Sieur Gouverneur lui avait mises dans son contrat fut demander grâce au dit Sieur Gouverneur pour lui en diminuer, étant chargé d'enfants, ce que le dit Sieur Gouverneur voyant, l'envoya au dit Sieur de CHAUVIGNY dont le dit Sieur de CHAUVIGNY lui dit qu'il avait bien fait de venir avant que son contrat fusse enregistré et commença à lui demander ce qu'il avait à lui donner dont le dit déclarant lui promit six écus, à quoi le dit Sieur de CHAUVIGNY dit que ce n'était pas assez et qu'il en fallait huit à quoi le dit déclarant fut obligé de s'accorder et le dit Sieur de CHAUVIGNY lui prit son contrat pour lui en faire un autre lui disant qu'il ne paierait que 50 tt de blé, et une douzaine de volailles ce que le déclarant voyant ne peut s'empêcher de lui dire que ce n'était pas la parole qu'il lui avait promise, sur quoi le dit Sieur de CHAUVIGNY répondit qu'il avait eu bien de la peine à gagner cette diminution sur ce bougre de Gouverneur marque X du dit Antoine PAYET
2.134 Déclare de plus le dit Antoine PAYET que Monsieur de CHAUVIGNY lui vendit des marchandises du magasin en l'absence du Commis qui était à St Paul, quoique le dit Commis avait dit au dit déclarant à St Paul qu'il avait prié Monsieur le Gouverneur de ne faire délivrer aucune chose du dit magasin en son absence et qu'ainsi il n'avait que faire d'y aller pour ce sujet, et que le dit Sieur Gouverneur lui a vendu un moulin à bras dont il a payé un écu au dit Jacques LORET pour le dit Gouverneur. Déclare de plus avoir entendu le dit Sieur Gouverneur fort mal de Messieurs de la Compagnie disant qu'une sanction y pourrait entrer ayant de l'argent, et qu'il n'y avait jamais et un si grand Gouvernement que lui dans la dite île et que Monsieur De la HAYE et Monsieur de MONDEVERGUE n'étaient que des petites gens à son égard. Déclare de plus que les dits habitants voyant qu'ils ne pouvaient subsister furent obligés députer une requête au dit Sieur Gouverneur pour avoir quelque permission de chasse, à quoi le dit Sieur Gouverneur ne voulut rien entendre, ayant même voulu faire mettre ceux qui étaient députés pour cela dans un cachot ne voulant entendre aucune remontrance de personne. Déclare de plus avoir entendu dire à Jacques FONTAINE et à Jacques LORET habitants de St Paul que le R.P. HYACINTHE se tirerait bien de ce qu'il avait fait faire au dit Sieur de VAUBOULON et que les habitants en demeureraient en peine et qu'ils n'obéiraient à aucun ordre qu'il n'en vient de France Marque X du dit Antoine PAYET
2.135 Déclare de plus le dit Antoine PAYET que le Sieur de CHAUVIGNY lui a pris un billet de garantie qu'il avait de Jacques LORET d'un morceau de terre dont il lui a donné six écus, lesquels lui devaient être rendus par le dit LORET en cas de recherche tant d'une part que d'autre. Déclare de plus que le dit Jacques LORET avait permission de chasse et se moquait des autres faisant le flatteur auprès du dit Sieur Gouverneur Déclare de plus avoir demandé l'avis de Jacques FONTAINE Capitaine du quartier St Paul pour savoir de lui s'il serait bon qu'il présentât six écus à Monsieur le Gouverneur pour avoir quelque permission de chasser souffrant beaucoup avec ses enfants, donc le dit FONTAINE lui dit qu'il ne fallait pas qu'il fit cela car il serait mis au cachot à moins que tous les habitants de s'assembler pour cela. Déclare de plus que quand il est venu à St Denis il a vu Monsieur de CHAUVIGNY tirer lui même de l'eau de vie de la Compagnie et les gens de Monsieur le Gouverneur et le nommé Jacques LORET en faisaient boire aux uns et aux autres qui s'y donnèrent tant de jour que de nuit, comme dans un cabaret, ayant même donné le nègre du dit Sieur LORET dans le chemin chargé de bouteilles de vin et d'eau de vie qu'il portait chez lui et le dit Jacques LORET disant aux autres, laissant devenir ce bougre là en parlant du commis. (fin de page, non signée)
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