Procès Vaubulon
PV de Michel FIRELIN contre le Père Hyancinthe
C2620-1_0512
Nous, Michel FIRELIN, Commandant de l'Ile Bourbon,
certifions à tous qu'il appartiendra que le dimanche 28e
jour de septembre 1692 après midi, nous avions été
nous promener avec les sieurs Nicolas LE ROY, chirurgien,
Anthoine ROYER aussi chirurgien, ledit Jean BIDON, Emanuel
de MATTES, Portugais, Marc VIDOTTE, Emanuel TEXERE de LA MOTTE,
Jacques BARRIÈRE dit DES ROCHERS, Jacques LAURET dit St-Honoré,
Jean Pierre Joseph ANGO, Isaac BEDA, Pierre LAUNAY et Jullien
DALLEAU, tous habitants avec Paul DÉSIRÉ et plusieurs autres
habitants qui marchaient après nous, pour aller voir le nommé
VILDEMAN, aussi habitant, nous ayant conviés d'aller passer une
heure chez lui, et en passant devant la maison de Jacques CARRÉ
TALHOIT qui était sur le chemin passant, nous vîmes le R.
Père Hyacinthe de Quimper, capucin et missionnaire de cette
Ile, qui était à table avec les nommés TALHOIT, Pierre MARTIN
François RICQUEBOURG, habitant, Augustin PANON, et Pierre
GONNEAU, ouvriers, et pour ne pas donner lieu de plaintes audit Père
Hyacinthe contre nous, nous le saluâmes tous en passant
de notre chapeau; sur quoi il nous dit "Passez, passez,
Messieurs, avec vos armes". Nous, FIRELIN, LE ROY et BIDON
ayant chacun un fusil à notre ordinaire, et continuant
notre chemin, ledit Père Hyacinthe commença à crier après
ceux qui marchaient derrière nous, en disant plus de soixante
fois: "passez, coquins, cocus et cornards" et s'attaqua entre autres
audit Marc VIDOTTE, habitant, criant continuellement qu'il était
un coquin, un cocu et un cornard. Sur quoi, ledit Marc VIDOTTE
s'arrêta et lui dit que les cocus et cornards n'étaient pas
habillés comme lui et poursuivit son chemin. Ce que ledit Père
voyant, continua de le traiter de coquin, cocu et cornard et de
bougre portant un pistolet, et dit à François RICQUEBOURG
d'écrire cela pour lui apprendre à porter des armes, et tout
d'un coup, se leva de la table pour courir après ledit Marc
VIDOTTE, et ceux qui étaient à table avec lui voyant cela
voulurent l'empêcher de sortir, mais il sortit malgré eux avec
un bâton et courut après ledit Marc VIDOTTE, et étant proche
de lui, lui dit: "Tire sur moi, bougre de cocu, avec ton
pistolet". Ce que ledit Marc VIDOTTE entendant, jeta
pistolet au large, et aussitôt, le Père Hyacinthe
plusieurs coups de bâton sur le visage et sur
et le prit à la gorge, en le traitant toujours de co
de cornard et de bougre de chien et
VIDOTTE se voyant ainsi saisit, le pr
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pour se débarrasser de lui, ce que voyant je courus promptement
avec tous les autres de ma compagnie et les séparâmes,
mais ledit Père Hyacinthe, ne voulant écouter personne, étant
comme enragé, les yeux lui sortant de la tête et l'écume
de la bouche, continua à jurer comme ci-devant et à courir
encore après ledit Marc VIDOTTE qui se retirait, mais l'ayant
encore rejoint, lui déchargea encore plusieurs coups de
bâton, et se jetant sur lui à bras-le-corps. Sur quoi ledit Marc
VIDOTTE se jeta par terre en se débattant, et fîmes encore
ce que nous pûmes pour l'empêcher de recommencer, et
pour remerciement, il nous querella en disant qu'il nous ferait
tous pendre, et après, attaqua Jacques LAURET dit St-Honoré,
le traitant aussi de coquin, cocu et cornard, levant son bâton
sur lui et le prit à la gorge. Sur quoi ledit LAURET ne fit aucune
résistance, ce que voyant, j'y courus encore pour l'empêcher
et en parlant audit Père Hyacinthe sans songer à rien, ledit
Pierre MARTIN, Gascon et tailleur, se jeta sur mon fusil
à dessein de me tuer s'il avait pu, mais plusieurs qui étaient
là l'ayant empêché, il continua de demander des armes
et le nommé Emanuel DE MATTES y étant survenu, lui
donna un coup sur la tête du plat de son sabre qui ne lui
fit pas grand mal. Ce que ledit père Hyacinthe voyant, courut
après ledit Emanuel DE MATTES avec son bâton, jurant à son
ordinaire. Sur quoi ledit Emanuel DE MATTES lui dit que ce
n'était pas à lui qu'il en voulait, et repara son bâton avec
son sabre en se reculant toujours. Pendant tout ce
désordre, ledit TALHOIT prit son fusil et le banda pour tirer
sur nous, de quoi on l'empêcha, ce que nous n'aurions
pas souffert si nous avions eu quelque mauvais dessein,
puisque nous pouvions les mettre en pièces si nous
avions voulu, ainsi que le pourront certifier ceux qui
étaient à table avec eux qui ne se mêlèrent de rien,
considérant toujours le caractère dudit Père Hyacinthe
quoique saoul, et que nous n'avons autre dessein que
maintenir la paix tant que nous le pouvons quoi
sera pas sans peine dans une pareille conjonc
sur quoi je me suis trouvé obligé de faire le p
verbal pour valoir et servir à telle fin q
;son et fait signer aux témoins que
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y étaient présents pour certifier la vérité de tout
au Fort St-Denis ledit jour et an ci-devant.
FIRELIN LE ROY
ROYER
Manuel DE MATTES Jacques BARRIÈRE J. BIDON
Isaac BEDA J. LAURET Emanuel TEXERE
marque + de Paul DÉSIRÉ Jan PROU
marque + de Joseph ANGO marque + de Pierre LAUNAY
Ledit Jullien DALLEAU a signé pour avoir seulement vu
ledit Pierre MARTIN saisir le fusil dudit Sr FIRELIN sans
aucune raison,
Jullien DALLIAU
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Procès-verbal contre
ledit père Hyacinthe de
Quimper, capucin.
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