Procès Vaubulon

Procès de Louis LA CITERNE

2.515b 

3 mai 1692

			Confrontation

Du 3e mai mil six cent nonante et deux après midi,
nous, habitants de l'Ile Bourbon, avons mandé Jacques FONTAINE,
habitant de St-Paul pour être confronté devant Simon Louis de
LA CITERNE suivant quelques articles qu'il é déniés dans son 
interrogatoire de ce jour.

	Avons interpellé ledit LA CITERNE de soutenir s'il n'a pas dit que 
ledit Jacques FONTAINE a demeuré d'accord avec lui de faire sortir
ledit sieurs de VAUBOULON de prison en cas qu'il y eût du monde
suffisamment pour cela.
	Ce que ledit LA CITERNE lui a soutenu être véritable et a signé,

		S. Louis de LA CITERNE


	Avons interpellé ledit Jacques FONTAINE  de nous dire s'il avoue
ledit article ci-dessus être véritable,
	a répondu que cela n'est point, et a signé.
		
		Jacques FONTAINE   F. RICQUEBOURG


	Interpellé ledit LA CITERNE de nous dire qu'il a écrit quelques
lettres audit Jacques FONTAINE,
	a répondu qu'il lui en a envoyé une par Paul DÉSIRÉ qui 
n'était ni cachetée ni adressée ni signée, laquelle lui
marquait de se donner de garde d'être attrappé comme s'étant
sauvé des prisons, et a signé,
			S. Louis de LA CITERNE

	Interpellé ledit Jacques FONTAINE de nous dire s'il est véritable
qu'il ait reçu ladite lettre,
	a répondu qu'il ne l'a point reçue et a signé,

			Jacques FONTAINE


	Avons mandé Paul DÉSIRÉ et interpellé de nous dire s'il est
véritable qu'il a donné une lettre audit Jacques FONTAINE de la part
dudit LA CITERNE, laquelle n'était sans adresse,
	a répondu qu'il est véritable qu'il lui a donné ladite lettre en main 
propre, laquelle ledit Jacques FONTAINE l'a déchirée en présence dudit
Paul DÉSIRÉ, et a fait sa marque, ne sachant signer.

		 	marque + dudit Paul DÉSIRÉ

2.516 Interpellé ledit Jacques FONTAINE s'il avoue avoir reçu ladite lettre dudit Paul DÉSIRÉ, a répondu qu'il est véritable, quoiqu'il n'en est pas tout à fait certain et a signé, Jacques FONTAINE Interpellé ledit LA CITERNE s'il avoue avoir dit audit Paul DÉSIRÉ de parler audit Jacques FONTAINE de l'assassinat qui se devait commettre aux personnes de Michel FIRELIN, du Révérend Père Hyacinthe et du frère Anthoine de Lannion, suivant la déclaration que ledit Paul DÉSIRÉ en a fait dans son interrogatoire, ce que ledit LA CITERNE avoue de l'avoir dit audit Paul DÉSIRÉ et a signé, S. Louis de LA CITERNE TALHOIT L. ROUILLARD ROYER F. RICQUEBOURG MUSSARD Jullien DALLIAU Robert DU HAL Estienne HOARAU
2.517 page blanche
2.518 3e mai 1692 Par-devant nous, habitants de l'Ile de Bourbon, est comparu Simon Louis de LA CITERNE pour souffrir la question ainsi qu'il y a été condamné, lequel ne l'ayant pas pu souffrir a demandé de lui donner respire afin de déclarer les choses comme elles sont, et a dit et avoué qu'il a été assez malheureux de suivre les mauvais conseils de Mr de VAUBOULON son maître pour faire assassiner Michel FIRELIN, Commandant de ladite Ile par Emanuel DE MATTES, Portugais de nation, et été assez malheureux de séduire et inviter ledit Emanuel DE MATTES à le faire, avouant de plus que ledit Sr de VAUBOULON lui avait dit qu'après ledit FIRELIN serait mort, ils se rendraient les maîtres de tout et que les habitants et les ouvriers se seraient d'abord rendus sous son commandement, en disant de plus "Nous irons à St-Paul sitôt que cela sera fini prendre le Père Hyacinthe et le frère Anthoine de Lannion", et qu'il saurait bien qu'en faire. Ledit Sr de VAUBOULON lui ayant dit qu'après que ledit FIRELIN serait mort, l'affaire était infaillible. Déclare de plus ledit Simon Louis de LA CITERNE avoir dit audit Emanuel DE MATTES de la part dudit Sr de VAUBOULON de se joindre avec Paul PACHEQ, autre Portugais, pour tuer ledit FIRELIN. Fait au Fort St-Denis ce troisième mai mil six cent nonante et deux, et a signé, S. Louis de LA CITERNE Déclare de plus pour se décharger entièrement que Paul DÉSIRÉ était consentant avec lui pour mettre ledit Sieur de VAUBOULON hors du cachot et non autre chose. Déclare de plus avoir sollicité Jacques FONTAINE, habitant de St-Paul, pour faire sortir ledit Sieur de VAUBOULON de prison, sur quoi ledit FONTAINE répondit qu'il n'en pouvait pas être à moins qu'il n'y eût du monde, mais que si on pouvait avoir du monde suffisamment pour cela, il n'y aurait qu'à l'avertir, et qu'il avait quatre hommes chez lui. S. Louis de LA CITERNE
2.519 Déclare de plus qu'après être sorti de chez ledit Jacques FONTAINE, il fut chez Jacques LAURETTE dit St-Honoré qui travaillait pour lui, où étant il lui dit ce qu'il a dit ci-devant audit Jacques FONTAINE, sur quoi ledit St-Honoré répondit qu'il n'en pouvait pas être. S. Louis de LA CITERNE. ROYER F. RICQUEBOURG TALHOIT L. ROUILLARD Jullien DALLIAU Robert DU HAL Jacques BARRIÈRE MUSSARD Pierre HIBON Hendrick BROCKHÜST François NATIVEL Anthoine CADET EmanÃŒel TEXERE Jan BLOCKMANN Anthoine BELLON Estienne HOARAU TOUCHARD
2.0520 2e février 1692 Interrogatoire prêté par devant nous, habitants de l'Ile Bourbon, soussigné ce deuxième de février 1692 Par Paul DÉSIRÉ, natif Frontignac, âgé d'environ trente deux ans, après avoir prêté serment de dire la vérité en la manière accoutumée, Interrogé si le nommé LA CITERNE ne l'a pas sollicité dans la cuisine pour poignarder Michel FIRELIN, Comm(andant) de ladite Ile, A répondu que non. Interrogé s'il ne l'a pas sollicité à faire sortir Mr de VAUBOULON du cachot, et s'il ne lui a pas dit qu'il était desi a répondu que non. Interrogé à quel dessein il lui parlait de cela, a répondu qu'il n'en sait rien. Interrogé si ledit LA CITERNE ne lui a pas dit qu'il ôterait ledit Sieur VAUBOULON des fers, a répondu que non. Interrogé si ledit LA CITERNE ne lui a pas dit dans la cuisine en présence d'Emanuel DE MATTES qu'ils n'étaient que des coquins s'ils ne tuaient pas ledit FIRELIN, a répondu qu'il ne lui a pas dit cela. Interrogé s'il n'a pas dit audit LA CITERNE de laisser tout cela là et de se tenir en repos, a répondu que non. Interrogé ce qu'il dira quand on lui soutiendra par témoins que tout ce qu'il dénie est véritable, a répondu qu'il dira que non. Lecture à lui faite de son interrogatoire, et a fait sa marque, ne sachant signer. F. RICQUEBOURG marque dudit + Paul DÉSIRÉ MUSSARD Pierre HIBON ROYER L. ROUILLARD.
2.521 Interrogé s'il n'a pas dit que le coup était fort facile à faire et qu'il prendrait prétexte de faire avertir ledit FIRELIN la nuit en disant que la chaloupe serait à la côte, a répondu que non. Interrogé si ledit LA CITERNE prendrait ce temps là étant dans le logis et qu'il ferait son coup avec son monde attitré, a répondu que non. Interpellé de nous déclarer pour la dernière fois quelles connaissances il peut avoir touchant lesdits assassins, a répondu qu'il ne sait rien du tout. Interpellé s'il n'a pas parlé audit LA CITERNE ou fait parler depuis qu'il est de retour de St-Paul, a répondu que non. Interpellé s'il n'a pas dit audit Emanuel DE MATTES qu'il ne fallait rien déposer contre ledit LA CITERNE afin de ne le pas mettre dans une méchante affaire, a répondu que non. Interpellé de déclarer les termes qu'il a a répondu qu'il a un pistolet que ledit FIRELIN lui a donné et qu'il a aussi une baïonnette. Lecture à lui faite de son interrogatoire et a fait sa marque, ne sachant signer, F. RICQUEBOURG marque dudit + Paul DÉSIRÉ Pierre HIBON ROYER MUSSARD L. ROUILLARD
2.522 2e février 1692 Déclaration faite par devant nous, habitants de l'Ile de Bourbon soussignés ce deuxième de février 1692. Par Emanuel DE MATTES, Portugais de nation, après avoir donné avis de l'assassin(at) qui se devait commettre à la personne de Michel FIRELIN à présent Comm(andant) de ladite Ile Bourbon, et après à la personne du Révérend Père Hyacinthe, capucin et missionnaire apostolique en ladite Ile et au frère Anthoine de Lannion son compagnon, par la sollicitation de Simon Louis de LA CITERNE, domestique de Mr de VAUBOULON ci-devant Gouverneur pour le Roi en ladite Ile, comme il s'ensuit. Déclare ledit Emanuel DE MATTES, Portugais, que ledit LA CITERNE, étant venub à St-Denis, au jour du St Louis dernier, et après avoir été envoyé par ledit FIRELIN faire du sel à la Grande Pointe, sur quoi ledit LA CITERNE déclara audit Emanuel DE MATTES qu'il en était bien aise, parce qu'il irait de temps en temps au Quartier de St-Paul voir quelques habitants de ses amis pour faire arrêter ledit FIRELIN et le Révérend Père Hyacinthe et le frère Anthoine de Lannion pour les mettre au cachot, et faire sortir ledit Sieur de VAUBOULON suivant son dessein prémédité. Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES qu'après que ledit LA CITERNE fut revenu de la Grande Pointe, il resta demeurant à St-Denis proche dudit FIRELIN et l'ayant mis pour donner et soigner ledit Sr de VAUBOULON son maître dans son besoin, il lui avait déclaré ce que dessus, à quoi ledit Sieur de VAUBOULON ROYER MUSSARD L. ROUILLARD Manuel DE MATOS Pierre HIBON F. RICQUEBOURG
2.523 répondit que ce n'était pas de la manière qu'il fallait faire, et qu'il fallait tuer ledit FIRELIN, le Révérend Père Hyacinthe et le Frère antoine, suivant que ledit LA CITERNE l'a déclaré audit Emanuel DE MATTES dans la cuisine en présence de Paul DÉSIRÉ, ayant dit qu'ils ne seraient que des coquins s'ils ne faisaient ce coup-là, et que s'ils le faisaient, ils seraient heureux et après que ledit LA CITERNE fut sorti de la cuisine, ledit paul DÉSIRÉ et Emanuel de MATTES dirent entre eux qu'il ne fllait pas faire cela. Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES que ledit LA CITERNE l'a toujours sollicité, aussi bien que ledit Paul DÉSIRÉ pour faire le coup et ce jusqu'à vendredi dernier, huitième de ce mois et an que ledit LA CITERNE persista en disant audit Emanuel DE MATTES qu'il était prêt à poignarder ledit FIRELIN pour éviter tous malheurs. Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES que ledit LA CITERNE lui dit qu'après que le coup serait fait, on ferait avertir Jacques BARRIÈRE dit DES ROCHERS, pour prêter serment de fidélité en ensuite on enverrait le nommé Julien L'EPINET à Ste-Suzanne avertir le Sr ROYER et Julien ROBERT, habitants, pour venir à St-Denis voir ledit FIRELIN qui était malade. Déclare de plus que ledit LA CITERNE lui a dit que Mr de VAUBOULON son maître était déjà hors des fers. ROYER MUSSARD Manuel DEMATOS Pierre HIBON L. ROUILLARD F. RICQUEBOURG
2.524 Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES que le journellement d'hier, onzième de ce mois, Paul DÉSIRÉ lui dit qu'il ne fallait rien dire contre ledit LA CITERNE de tout ce qui s'est passé entre eux. Déclare de plus que ledit LA CITERNE leur donna plusieurs instructions pour tuer ledit FIRELIN, savoir une, qu'il le fallait tuer en allant se promener et le jeter dans les halliers comme aussi le Révérend Père Hyacinthe, et l'autre, qu'il le fallait tuer étant à table et qu'il parlerait à Paul DÉSIRÉ pour lui donner des coups de couteau en feignant de couper du riz. ROYER MUSSARD Manuel DEMATOS Pierre HIBON L. ROUILLARD F. RICQUEBOURG Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES qu'ayant été il y a environ quinze jours voir ledit Sr de VAUBOULON au cachot pour lui demander de la toile pour lui faire quelques culottes, et en entrant dans le cachot, ledit Sr de VAUBOULON lui présenta la main pour la mettre dans la sienne, en lui demandant s'il était de ses amis, à quoi ledit déclarant lui répondit que oui; après quoi ledit Sr de VAUBOULON lui dit de faire les affaires sans dire rien à personne et qu'il ne se mît en peine de rien, et ce en présence dudit LA CITERNE, en suite de quoi ledit déclarant dit audit LA CITERNE que si on venait à savoir cela, les habitants pourraient s'assembler pour en faire justice, su quoi ledit LA CITERNE répondit qu'il ne fallait pas appréhender cela, s'en étant informé audit Sr de VAUBOULON son maître, qu'il lui avait dit qu'on ne pourrait pas juger un homme blanc et qu'il n'y avait que lui qui en avait le pouvoir par les ordres, et qu'il les lui ferait voir clairement en deux heures de temps. ROYER MUSSARD Manuel DEMATOS Pierre HIBON L. ROUILLARD F. RICQUEBOURG
2.525 Déclare de plus ledit Emanuel DE MATTES avoir dit audit LA CITERNE que ceux qui tueraient le Père Hyacinthe seraient excommuniés et que de plus qui est-ce qui baptiserait les enfants et qui assisterait ceux qui seraient en danger de mort; à quoi ledit LA CITERNE répondit que ces bougres d'habitants-là avaient bien été trois ans sans prêtre ni religieux. A dit de plus que ledit LA CITERNE lui a dit que les habitants ne demanderaient pas mieux, que ledit Sr de VAUBOULON fût sorti du cachot parce qu'ils ont commis un crime en lui mettant. Manoel DEMATOS ROYER MUSSARD F. RICQUEBOURG Pierre HIBON L. ROUILLARD Déclare de plus Emanuel DE MATTES avoir entendu dire à Paul DÉSIRÉ que le coup était facile à faire et qu'il prendrait prétexte de dire que la chaloupe serait à la côte quand il reviendrait la nuit de quelque voyage, quand il ne ferait pas clair de lune, et qu'ainsi il ferait avertir ledit FIRELIN nuitamment pour donner ordre au monde d'aller sauver ladite chaloupe, pendant lequel temps ledit LA CITERNE, qui serait dans le logis, ferait son coup avec son monde attitré. ROYER Pierre HIBON Manoel DEMATOS MUSSARD L. ROUILLARD F. RICQUEBOURG J'ai, Simon Louis de LA CITERNE, approuvé la présente déclaration et reconnu véritable en présence des habitants de l'Ile de Bourbon et dudit Emanuel DE MATTES déclarant et le tout par la sollicitation de Mr de VAUBOULON ce troisième jour de mai mil six cent nonante et deux et avons signé, S. Louis de LA CITERNE ROYER L. ROUILLARD Manoel DEMATOS TALHOIT MUSSARD F. RICQUEBOURG julien DALLIAU Jacques BARRIÈRE Anthoine CADET Emanuel TEXERE Estienne HOARAU François NATIVEL
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