Procès Vaubulon

Lettre du père Hyacinthe à FIRELIN

2.245


21e février 1692

	Monsieur,
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Le dix-septième du courant, je reçus par le nègre de la for? la
douzaine de pierres à fusil que je vous avais demandée, dont je vous remercie
de tout mon coeur. J'ai selon la vôtre dit à RICQUEBOURG que je
souhaitais qu'Izaac lui eût rendu ses pistolets, ce qui a incontinent été
exécuté. Un jour auparavant, j'avais dit à Mr LE ROY de retirer
d'Izaac un pistolet que Paul lui avait laissé, il nous l'apportera
à son retour; cet homme n'a pas d'autres armes, quelqu'un me doit 
avoir dit que ST-HONORÉ avait encore un vieux poignard. Je 
tâcherai d'en savoir la vérité. Il ne se faut pas attendre que ces
gens prennent d'autre parti que celui des Huguenots puisque en toutes
les rencontres, ils ont menacé un chacun de ces rebelles hérétiques.
J'ai bien du regret qu'on n'a pas donné la question à LA CITERNE pour
découvrir et faire prendre impromptu toute cette cabale qui
infailliblement reviendrait encore à la charge si une fois ils se
peuvent entretenir quelques moments ensemble. C'est pourquoi il faut
bien veiller et être sur nos gardes, visiter leur fort ? une fois
la semaine pour le moins, ne souffrir plus qu'on cause avec eux, se
défier de notre nègre parce qu'il est le grand intime de Paul,
d'Edme pareillement qui, ce me semble, parle au Gou(verneur) par le trou
du cachot lorsqu'on est à la promenade, et crois même qu'il
était à la porte lorsque le Gr frappait sur ses fers, et lors je crois
que je l'ouïs sortir de la cour lorsque j'allais voir d'où venait ce
bruit. La ? en sera tant qu'elle qu'elle pourra parler pour tout quand on y songerait
le moins pour ce qui est des ouvriers. Je ne me saurais persuader qu'ils
eussent eu aucune connissance de ce dessein, c'est toujours le plus sûr
de s'en défier; sans toutefois qu'ils s'en aperçoivent. Il ne me souvient
pas de les avoir jamais désobligés en façon quelconque, qu'une fois je
repris L'EUROPE fort honnêtement à cause de ses courses de nuit à Ste Suzanne.

C2620-1_0246 S'il ne vient de vaisseau au plus tôt pour nous délivrer de ses assassins, ils sont tous capables de renouer encore leurs desseins, il serait bon qu'un dimanche que tous seraient à la promenade, de laisser quelqu'un à la porte de LA CITERNE pour écouter les discours qu'il aurait avec son maître. Voici le noir de LA BRIÈRE que je vous envoie, le lendemain de mon départ pour St Denis, il parle au nègre du Prieur, lui demandant si j'étais à la maison, et ayant su où j'étais, il lui dit qu'il s'allait retirer à la Rivière du Galet jusqu'à mon retour; samedi dernier, le Prieur m'en parla, et l'envoya chercher au lieu nommé et me l'amena, mais dans le temps que je vous l'allais envoyer, Emmanuel TEXIERE me vint prier de la lui laisser jusqu'à son retour. La femme d'Etienne HOUARO accoucha hier matin d'un gros garçon, Je crois qu'il serait à propos de faire retirer Izaac et ST-HONORÉ dans leurs anciennes cases jusqu'à ce que nous soyons déchargés de ces prisonniers, car, demeurant où ils sont, il est impossible que Paul ne les abouche de nuit, et quand les hommes sont absents, leurs femmes entre elles font aussi des veillées; au moins étant dans leurs anciennes cases ils ne se peuvent visiter sans qu'on s'en aperçoive. Mon compagnon vous présente ses saluts et moi qui continue de tout mon coeur Monsieur Votre très humble et affectionné serviteur F. Hyacinthe de Quimper, Cap. Ind De St Paul ce 21 février 1692
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