Procès Vaubulon

Plaintes des habitants

Nicolas LE ROY

2.006

Déclaration faite par le Sieur Nicolas LE ROY
Chirurgien natif de la paroisse de St Nicolas des Champs
A Paris  Contre Monsieur Habert de VAUBOULON
Gouverneur de Lysle Bourbon ,

			Du 7 Decembre 1690

Disant qu'il se seroit embarqué au Port Louis volontairement
avec le dit Sieur de VAUBOULON pour luy servir de chirurgien
dans son Isle en attendant quelque occasion pour passer 
aux Indes sur  la parole du dit Sieur de VAUBOULON, et après
avoir esté dans la dite Isle, le dit Sieur de VAUBOULON se serait
saisy d'un si grand pouvoir luy aurait dit qu'il ne pouvait
pas s'en aller que quand il voudrait, ce l'avoir battu 
comme un esclave, de coups de baston et mis au cachot 
plusieurs fois sans aucun sujet, avec des menaces continuelles
l'ayant traité plusieurs fois de coquin et de fripon
luy disant qu'il avoit merité d'estre pendu en France
et qu'une fois sortant du cachot le dit Sieur Gouverneur l'avoit
enfermé dans sa chambre et luy demanda si il lui devoit
la vérité, et ensuite luy fit tenir la main devant un 
Crucifix, luy demandant combien je avois baisé de femmes
dans l'Isle et s'il avoit de l'argent avec des menaces
continuelles ses pistolets sur la table et luy demandant sy
on ne parloit point mal de luy dans Lysle.

Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le dit Sieur Gouverneur avait fort
mal traitté tous les habitans de la dite Isle depuis qu'il y ep...
leurs ayant fait payer des sommes d'argent pour leurs
habitations, et les menacoit continuellement de les attraper
disant qu'ls avoient tous méritté la mort, en ayant fait
mettre plusieurs au cachot ne voullant pas luy donner
ce qu'il leur demandoit ce quy rendoit tous les dits habitants
fort chagrins,

Declare de plus le Dit sieur LE ROY que le sieur de CHAUVIGNY
grand ami du dit Sieur de VAUBOULON avoit fait dans la dite
Isle tout ce qu'il voulloit estant approuvé du dit Sieur Le Gouverneur
Le quel faisoit  de bon ennuis Les dits habitans leur faisant
boire de l'eau de vie dans sa chambre et attrapait les dits 
habitants tous ce qu'il pouvoit, leur disant de ne rien dire
et que Monseigneur estoit en colère ce qui faisoit trembler 
les dits habitants


Signé LE  ROY

2.007 Déclare de plus le dit Sieur LE ROY qu'il auvoit vu le sieur de CHAUVIGNY avec le sieur BIDON tirer de l'eau de vie de la Compagnie ayant percé les barriques par-dessous la barre, à l'insu du commis, Déclare de plus le dit sieur LE ROY que le dit Sieur de VAUBOULON avoit fort chagriné et menacé le commis de la Royale Compagnie et l'avoir mal traité dans le magasin de coups de baston, continuant de faire de qu'il pouvoit pour l'attraper et pour faire son procès, aussi bien qu'aux ouvriers ne leurs donnant pas les vivres nécessaires pour la vie pronnant leur donner s'il avoit voullu, ce que quand les dits ouvriers luy en demandoient Il disoit qu'il n'estoit pas obligé de les nourrir, les menaccant toujours a son ordinaire, Déclare de plus le dit sieur LE ROY que le dit Sieur le Gouverneur a dit qu'il n'y avoit rien a la Compagnie dans l'isle et que tous estoit au Roy, et que les Directeurs de la Compagnie estoient des bougres, des misérables et des savetiers et qu'il ne les connoissait en rien Déclare de plus le dit Sieur LE ROY avoir vu Mr le Gouverneur fort mal traitter le père HYACINTHE en paroles, Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le dit sieur Gouverneur luy avoir fait faire un billet et au sieur BIDON estant en mer par ses fourberies s'estant servy du sieur DUBOIS Capitaine du navire pour cet effet, afin d'avoir sujet de les retenir dans l'Isle de forcer, et avoirent esté fort mal traittées pendant la dite traversée, Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que Monsieur le Gouverneur à fait faire amende honorable a Henry BROCUS habitant de Ste Suzanne la corde au col et un escripteau devant luy et conduit au carquan sur le rapport de sa négresse, et d'un petit nègre d'environ dix ans, Signé LE ROY
2.008 Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le dit Gouverneur l'avoit grondé plusieurs fois quand quelques malades le demandoient pour les soulager, disant qu'il falloit laysser crever tous ces vieils bougres là. Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le dit Sieur Gouverneur a eu plusieurs fois dispute avec le Sieur de CHAUVIGNY et le Sieur de CHAUVIGNY se trouvant une fois offensé prit son espée et fut à la porte de la chambre du dit Sieur Gouverneur luy disant d'arreter et le traittant de bougre de jesuittes déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le Sieur de CHAUVIGNY luy disant a Dieu estant sur son départ pour France luy dit que le dit Sieur Gouverneur le laissoit ce qu'il n'avoit qu'a prendre garde a luy qu'il le fairoit bien souffrir ce que s'il pouvoit il le fairoit pendre. Declare de plus le dit Sieur LE ROY qu'estant à Ste Suzanne pour traitter Vincent d'EAÜE habitant qui estoit fort mal jusque mesme ayant recu son viatique il avoit donné avis a Mr Le Gouverneur de luy permettre d'envoyer chercher un cabris à la montagne pour luy faire quelque bouillon, ce que le dit Sieur Gouverneur donna fort mauvais querellant le dit sieur LE ROY le luy disant qu'il falloit laisser crever ce bougre là, puisqu'il luy avoit fait payer jusques a des citrouilles Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que Monsieur le Gouverneur luy avoit dit qu'il pouvoit le faire prendre s'il voilloit en ayant le pouvoir Déclare de plus le dit Sieur LE ROY que le dit Sieur de CHAUVIGNY luy avoir dit quelque fois que le dit Sieur Gouverneur avoit peur qu'il ne l'empoisonnasse, ou ne luy couppasse la gorge en le rasant. Déclare de plus que le dit Sieur de VAUBOULON l'avoit menace de luy faire passer les nègres sur le corps et après de le faire pendre. Signé LE ROY
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