Procès Vaubulon
Interrogatoire de Michel FIRELIN
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FIRELIN
L'an 1697, le vingt-quatrième jour du mois de mai, Nous, Louis BECHAMEIL
Chevalier Marquis de NOINTEL, Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître des
Requêtes ordinaires de son Hôtel, Commissaire départi par S. M. pour l'exécution
de ses ordres en Bretagne, et en cette partie par arrêt du Conseil d'Etat du 23e mars
dernier, étant en la Chambre Criminelle du Présidial de Rennes, où étaient
aussi les Sieurs Officiers dudit Présidial en la personne du Sieur René LEPRÊTRE ( ?)
Sr du CORONNET, sénéchal,
Tous assemblés pour l'exécution de l'arrêt du Conseil, où, après avoir procédé
à la visite du procès criminel, extraordinairement fait et instruit à la requête
du sieur GREFFIER, Procureur du Roi audit siège et de la présente Commission
contre Michel FIRLIN, le Père Hyacinthe de Quimper, religieux capucin,
Robert DU HAL, Jacques BARRIÈRE, Julien ROBERT, et Marc VIDOT, et autres leurs
complices, avons mandé ledit FIRLIN accusé, lequel étant sur la sellette,
et de lui le serment pris de dire vérité, a été par nous interrogé ainsi s'en suit:
Interrogé de son nom, âge, qualité, demeure et religion,
A dit avoir nom Michel FIRLIN, natif de la ville de Montivilliers en Haute
Normandie, âgé de trente ans ou environ, ci-devant Commis pour la
Compagnie des Indes en l'Ile de Bourbon, à présent détenu en les prisons de la
ville de Rennes, et être de la R. C. A. et Romaine.
Interrogé,
A dit qu' ayant reçu des coups de canne du Sr de VAUBOULON, il
alla trouver le P. capucin au Quartier de Ste Suzanne pour éviter la colère
dudit Sieur de VAUBOULON qui le menaçait de le faire pourrir
dans un cachot, qu'il le pria de faire la paix avec ledit Sr de
VAUBOULON, mais qu'il ne lui parla point d'aucune
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conspiration.
Interrogé :
A dit que dans ce temps-là, il ne connaissait pas encore le n(ommé)
ROYER, capitaine de Ste Suzanne, n'ayant jamais été dans ce
Quartier et ne l'ayant trouvé comme les autres habitants lors-
qu'ils venaient acheter des marchandises ... en
ce qu'il ne lui proposa aucun dessein d'arrêter le Gouverneur.
Interrogé :
A dit que le lendemain qu'il fut au Quartier de Ste Suzanne,
il dit publiquement au sortir de la messe du p. capucin et par son
conseil, qu'il n'avait pas quitté le quartier de Denis en fugitif,
mais qu'ayant été maltraité par ledit Sr Gouverneur, il était
venu chercher ledit P. capucin pour le prier de venir faire la
paix en ce lieu.
Interrogé :
A dit qu'il n'avait jamais sollicité ni pressé le P. capucin
d'envoyer ?
Interrogé :
A dit que le P. Capucin étant allé du Quartier de St Denis au Quartier de St
Paul, lui répondant peut lui avoir pour lui
mander des nouvelles de ce qui se passait, ayant su qu'il était
prié par lui de le faire, il peut représenter les lettres ci-dessus mais
qu'il ne l'y trouvera point qu'il lui ait parlé d'aucune
conspiration contre ledit Sr Gouverneur
Interrogé,
A dit ne point se souvenir d'avoir écrit au P. Hyacinthe le lendemain
de la Présentation de la Vierge de l'année 1690, qui était le 22e de
novembre, mais que s'il l'a fait, il ne se trouvera point qu'il lui
ait parlé d'aucun dessein de conspiration contre ledit Sr de VAUBOULON.
Interrogé,
A dit qu'anciennement quand le P. Hyacinthe fut arrivé à St Denis
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il alla lui rendre ses respects comme c'était la coutume,
mais qu'il ne lui parla d'aucun dessein de la conspiration
contre ledit Sr Gouverneur.
Interrogé,
A dit qu'étant avec ledit P. Hyacinthe, les nommés DU HAL,
BARRIÈRE et MAILLOT s'y trouvent, mais qu'il ne les avait
point mandés, et qu'il ne leur avait proposé aucun complot
contre le Gouverneur.
Interrogé,
A dit que ce fut le P. Hyacinthe, capucin, qui donna ordre au
nommé DU HAL d'aller avertir le nommé ROYER à Ste Suzanne
de venir le samedi au soir du 21 novembre 1690, avec trois ou
quatre hommes, et qu'il ne sait point s'ils couchèrent chez
le nommé BARRIÈRE près St Denis ou non.
Interrogé,
A dit que DU HAL ne lui a jamais demandé de lettre pour
porter audit ROYER, et qu'il ne lui dit pas que ROYER, sachant
la chose il y avait longtemps, il n'avait pas besoin de lettre.
Interrogé,
A dit n'avoir su le complot qui avait été fait d'arrêter
ledit Sr Gouverneur, que le jeudi 23 novembre 1690, il n'y avait
aucune part.
Interrogé,
A dit qu'il ne doute pas que le complot n'eût été fait avec tous
les habitants et le P. Hyacinthe, mais que la chose lui ayant
paru déterminée pour lors avec des menaces de tuer ceux
qui y parleraient, il n'osa guère dire audit Sr Gouverneur
qu'ayant même dit dans ledit temps avec le P. Hyacinthe que
si la chose venait à être découverte, il y aurait
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un massacre général, ledit P. Hyacinthe lui répondit
que cela n'arriverait point, et que l'on ferait main basse sur
ceux qui en parleraient
Interrogé,
A dit que ce n'est point vrai, que le dimanche matin...
jour de l'emprisonnement dudit Sr de VAUBOULON, il ait offert
de l'eau-de-vie au nommé HERUY pour l'engager à ...
partie, disant qu'il fallait...le gouverneur au fort et d'en ...
Interrogé,
A dénié avoir donné de l'eau-de-vie aux ouvriers le même
jour pour les encourager à faire l'emprisonnement dudit Sr de
VAUBOULON, mais qu'il peut être qu'il en soit venu prendre
au magasin pour ledit argent comme ils faisaient quelquefois.
Interrogé,
A dit qu'il n'était point à la porte de l'église avec des pistolets à
la main lorsque le Gouverneur fut arrêté, qu'il était dans ce
temps-là au magasin et qu'il le vit conduit par
ledit P ? Hyacinthe qui marchait avec un bâton à la main.
Interrogé,
A dénié avoir fait mettre les fers aux pieds dudit Sr Gouverneur,
que ce fut le forgeron de la Compagnie qui le fit par ordre du P.
Hyacinthe, et qu'il ne se saisit point de la clef du cachot, et que
ledit P .Hyacinthe l'emporta dans sa poche, retournant dire
la messe.
Interrogé,
A dit n'avoir point arrêté le nommé LÉPINÉ, domestique dudit
Sr de VAUBOULON ni les autres domestiques, qu'il n'avait pas vu ( ?)
lettre dudit P. Hyacinthe, que ce fut lui qui le fit à la mort, et
que ledit LÉPINÉ a déclaré dans l'Ile que ce fait-là n'était pas véritable.
Interrogé,
A dit qu'il ne se souvient pas présentement du jour qu'il a été
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dressé les procès-verbaux de l'emprisonnement du Sr
de VAUBOULON, qu'il a seulement écrit pour ? et qu'ils
furent dressés le lendemain dudit emprisonnement sur
la minute dudit P. Hyacinthe qu'il lui avait remis entre
les mains.
Interrogé,
A dit que ledit P. Hyacinthe reprit les minutes dans
le moment et les serra.
Interrogé,
? a dit que lesdit procès-verbaux lui
furent remis par ledit P. Hyacinthe, et qu'il ne fit que les copier
et qu'une preuve de ce fait-là était que les marques de ceux des
habitants qui ne savaient pas signer sont de la main
dudit P . Hyacinthe.
Interrogé,
A dit que ce ne fut pas lui qui fit chanter le Te Deum,
arborer le pavillon et tirer du canon, qu'il alla comme les
autres chanter à l'église à son ordre.
Interrogé,
A dit qu'il alla avec tous ensuite dîner ensemble, et que ledit
P. Hyacinthe y fut comme les autres.
Interrogé,
A dit qu'il ne s'est point fait reconnaître Commandant dans l'Ile,
et que ce fut ledit P . Hyacinthe qui le proposa aux habitants
comme une chose qui convenait pour le bien des ouvriers à
l'emploi qu'il avait ?, que ladite élection fut signée de la plu-
part des habitants dans le mois de mars de l'année suivante
qu'il fut choisi, mais qu'au bout de fin mai ou environ,
s'étant aperçu que lesdits habitants ne voulaient point s'assujettir
aux règlements dudit ?. il le fit signifier qu'il consent à choisir
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un autre commandant et que le P. Hyacinthe lui écrivit
avec une réprimande d'avoir fait faire ladite signification
aux habitants, et que lesdits habitants répondirent à ladite
signification que puisqu'ils l'avaient élu pour leur commandant,
ils l'y soutiendraient jusqu'à nouvel ordre, que c'est ledit
P. Hyacinthe qui l'a destitué dudit commandement.
Interrogé,
A dit avoir fait arrêter le nommé LA CITERNE sur l'avis qu'il
eut par un Portugais qu'il avait dessein de le tuer, et que ledit
Paul DÉSIRÉ fut arrêté par l'ordre dudit P . Hyacinthe par
lesdits habitants.
Interrogé,
A dit n'avoir pas nommé lesdits habitants qui jugèrent ledit LA CITERNE,
que ce fut tous les habitants eux-mêmes qui le jugèrent et qu'il n'assista
point au jugement.
Interrogé,
A dit n'avoir point apporté ?lors de la condamnation
dudit LA CITERNE, et que ce fut ledit P. Hyacinthe qui en apporta
un dans lequel il prétendit que c'était parce qu'un assassinat
quoique non exécuté méritait la mort.
Interrogé,
A dit n'avoir point été le jour qui précéda la mort du Sr
de VAUBOULON au lieu du Butor chez le nommé TALLOUET avec les
nommés BIDON et LEROY.
Interrogé,
A dénié avoir dit au nommé LEROY, chirurgien, de passer
un remède audit Sr de VAUBOULON.
Interrogé, a dit n'avoir jamais dit que ledit Sr de VAUBOULON
y tenait puisqu'il mangeait comme un diable.
Interrogé,
A dit que bien loin de s'être opposé à ce qu'on ouvrît le corps, il dit audit
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LEROY d'apporter tous les instruments pour le faire, et que les ayant
apportés, il était prêt à travailler, mais que les habitants s'y op
entre autres le nommé TALLOUET, s'y opposèrent, disant que le
corps sentait déjà mauvais, et que d'ailleurs étant seul
chirurgien, il ne suffisait pas pour leur faire connaître la cause de
la mort.
Interrogé,
A dit n'avoir jamais dit audit nommé LEROY, voyant la nommée
Etiennette LELIÈVRE, qu'il lui ferait donner un bouillon comme
à l'autre.
Lecture à lui faite du présent interrogatoire, a dit que ses
réponses contenaient vérité, y a persisté...
et a signé
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