Procès Vaubulon
Interrogatoire du père Hyacinte
1.252
le P. Hyacinthe
1697
L'an 1697, le 24e jour de mai, nous, Louis BECHAMEIL
Chevalier Marquis de NOINTEL, Conseiller du Roi en ses Conseils, Maître
des Requêtes ordinaire de son Hôtel, Commissaire départi par Sa Majesté pour
l'exécution de Ses ordres en Bretagne en cette partie, par arrêt du Conseil
d'Etat du 23e mars dernier, étant en la Chambre Criminelle du Présidial
de Rennes, où étaient aussi les Sieurs Officiers du Présidial en la personne
du Sr René LE PRÊTRE ? Sr du CORONNET, sénéchal,
Tous assemblés pour l'exécution de l'arrêt du Conseil d' Etat, où , après avoir
procédé à la lecture du Procès criminel extraordinairement fait et instruit
à la requête du Sr GREFFIER, Procureur du Roi audit siège et en la présente
Commission, contre Michel FIRELIN, le Père Hyacinthe de Quimper, religieux
capucin, Robert DU HAL, Jacques BARRIÈRE, Julien ROBERT, Marc VIDOT
et autres leurs complices, et avons mandé ledit Père Hyacinthe, lequel étant
sur la sellette, et de lui le serment pris de dire vérité, a été par nos
interrogé, ainsi qu'il ensuit :
Interrogé de son nom, âge, qualité, demeure et religion,
a dit avoir nom Père Hyacinthe de Quimper, prêtre religieux capucin,
âgé de soixante ans environ,demeurant ci-devant dans l'Ile de Bourbon
en qualité d'aumônier, à présent détenu prisonnier en les prisons de la ville
de Rennes, et être de la R. C. A et R.
Interrogé,
A dit n'avoir eu aucun démêlé de conséquence avec le Sr de
VAUBOULON, gouverneur pour le Roi dans l'Ile de Bourbon,
tant dans le passage que dans l'Ile auparavant son
emprisonnement.
Interrogé,
A dit avoir reçu la conspiration faite contre ledit Sr de
VAUBOULON dès le 17 octobre précédant l'emprisonnement
1e page
BECHAMEIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.253
et que ce fut le nommé FIRELIN qui la lui fit.
Interrogé
A dit qu'il n'en avisa pas pour lors ledit Sr Gouverneur parce qu'il
ne crut pas que la chose dût être exécutée.
Interrogé :
a dit que ledit jour de FIRELIN, les nommés DU HAL et BARRIÈRE et
le nommé MAILLOT, étant allés trouver lui répondant le jeudi 22e
novembre 1690, et lui répondant leur contant les fatigues de
ce voyage, ledit DU HAL lui dit « c'est assez, mon Père, nous sommes
ici pour d'autres choses. Il faut arrêter le Gouverneur, car il
nous jouera quelque tour ?, quand nous y penserions le moins,
que lui répondant leur fit à cela toutes les remontrances qui
dépendaient de lui, mais que ce fut un début, qu'il eut pour
cela beaucoup de discours, il leur envoya le [...] qu'il avait
besoin de se reposer, , mais qu'appréhendant qu'ils n'exécutassent
la résolution qu'ils avaient prise d'arrêter le Gouverneur,
et qu'en l'arrêtant ils ne le tuassent, il leur dit que, puisqu'ils
étaient résolus de le faire, ?.
faite sur le parti qu'ils prévoyaient, il leur conseilla de
l'arrêter dans l'église, croyant que la sainteté du lieu les
empêcherait de se porter à une plus fâcheuse extrémité,
que cela se passa au lieu de son hospice de St Denis.
Interrogé :
A dit que les quatre particuliers conclurent eux-mêmes
d'envoyer Robert DU HAL avertir ROYER au Quartier de Ste Suzanne
de se rendre le samedi matin à St Denis avec quelq les habitants
pour aider à faire l'emprisonnement dudit Sr de VAUBOULON, et que
DU HAL se chargea lui-même de faire ladite commission.
Interrogé :
A dit que les nommés VIDOT, LA ROCHE ET MACAST le vinrent
2de page
BECHAMEIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.254
trouver le 22 octobre 1690 dans son hospice de
St Denis, et que persistant toujours dans le sentiment de
d'empêcher que lesdits habitants ne se portassent à la dernière
extrémité contre ledit Sr de VAUBOULON, il leur intima de
l'arrêter dans l'église, de faire arborer le pavillon et de faire
tirer le canon dans l'espérance que cette joie apparente leur
ferait connaître qu'il ?. avec eux ?
ce qui ferait qu'ils se contenteraient de l'arrêter.
Interrogé
A dit n'avoir jamais dit qu'il fallait arrêter leditSr de VAUBOULON
parce qu'il en voulait à l'Eglise à l'occasion du chagrin que ledit
Sr de VAUBOULON avait marqué que les habitants ne ? garder
la fête de la Présentation de la Vierge.
Interrogé,
A dit n'avoir jamais dit lorsque ledit Gouverneur fut saisi
dans l'église qu'il fallait amarrer ce voleur-là.
Interrogé,
A dit qu'ayant déclaré audit Gouverneur qu'il n'avait rien à
craindre pour sa vie et qu'il se laissât conduire, il entendit du
bruit hors de l'église, ce qui l'obligea d'en sortir et qu'ayant
trouvé qu'on arrêtait deux valets dudit Gouverneur que l'on
maltraitait même, il empêcha qu'on en lui fît du mal,
et voulant rentrer dans l'église, il trouva ledit Gouverneur
qu'on emmenait, en sorte qu'ayant pris une houssine qu'il avait
trouvée à la porte de l'église, il l'accompagna jusqu'à la
Maison du Roi pour empêcher qu'on ne lui fît aucun
mal, qu'un habitant ayant dit à l'entrée de ladite Maison
3e page
BECHAMEIL P.Hy. de Quimper
1.255
du Roi qu'il le fallait fouiller, ledit Sr de VAUBOULON tira
de sa poche deux ou trois écus que lui répondant serra dans
son mouchoir, ce qui lui fit si grand mal au cœur qu'il retourna
dans l'église, où il fut près d'une heure attendant que tout le
monde rentrât, qu'il n'a point fait mettre les fers aux
pieds dudit Gouverneur, et qu'il ne prit pas la clef du cachot
de laquelle il n'est pas demeuré saisi.
Interrogé,
A dit qu'il n'a jamais ordonné aux habitants de se saisir du Gouverneur,
ni d'avoir dit qu'il avait de bons ordres, qu'il répondrait de tout
et qu'il était envoyé par le Roi pour le spirituel ? le temporel
del'Ile.
Interrogé,
A dit reconnaître avoir écrit aux habitants de St Paul qu'il avait fait
ledit Gouverneur pour bonne raison comme ennemi des
habitants et du repos public, mais c'était toujours dans l'intention
d'empêcher de plus grands désordre, à cause de l'animosité qui
était ? les habitants de St Paul et de Ste Suzanne.
Interrogé,
A dit que du fait même de l'emprisonnement du Sr de VAUBOULON
FIRELIN lui proposa de dresser un procès-verbal, lequel FIRELIN
l'écrivit, écrivit lui-même sa ? minute de la part de lui
répondant, que lui répondant la signa ensuite, que quelque
temps après il alla à St Paul pour le ? de son emploi, il
le fit signer aux habitants dudit Quartier de St Paul à la réquisition
dudit FIRELIN, et que ce fut lui-même répondant qui écrivit
ces mots : marque de ceux qui ne savent signer au nombre de
4e page
BECHAMEIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.256
plusieurs.
Interrogé,
A dit qu'après sa ? il fit chanter le Te Deum et actions de
grâce de ce que ledit Sr Gouverneur n'avait pas été tué,
ce pour empêcher toujours un plus grand désordre ? la
défiance qu'il dût se joindre aux habitants de St Paul pour
le ?, qu'il le fit aussi pour maintenir ?
Interrogé,
A reconnu avoir ? aux habitants de St Paul de
le nommé LA FONTAINE , et que FIRELIN avec les autres
habitants ayant résolu d'envoyer audit C[apitaine] de St Paul le
domestique dudit Sr de VAUBOULON comme soit
d'empêcher le pire, il leur marqua les maisons des habitants
où il le fallait envoyer, ce qu'il faisait dans
l'intention d'empêcher un plus grand désordre, et que
dans la même appréhension ? ledit présent dessein, sous peine
d'être rebelle au roi et d'être mis dans un cachot la
Rivière du Galet .
Interrogé,
A dit leur avoir conseillé de prendre FIRELIN pour Commandant,
et qu'ensuite tous les habitants s'étant plaints dudit FIRELIN, il alla
à St Denis pour lui demander raison de sa conduite et mandant
a lu qu'il lui écrivit une lettre pour s'en retourner, et que l'ayant
mandé ensuite il vint audit Quartier de St Denis où il reçut toutes
les plaintes par écrit , après qu'il leur dit que puisque ils ne
voulaient point avoir de Gouverneur, ils pouvaient vivre
à leur manière.
5e page P. Hy.de Quimper
BECHAMEIL
1.257
Interrogé,
A dit n'avoir point eu de part au jugement de LA CITERNE, n'avoir point
nommé les habitants qui l'ont jugé, n'avoir point apposé?.
où il ?, que sa condamnation était ? et quand il a
demandé qu'on mît sa vie en sûreté, ce n'était pas qu'il demandait
sa condamnation à la mort , mais qu'il le fît si bien garder
qu'il ne peut pas ?.le dessein qu'on lui a dit
qu'il avait contre la vie de lui répondant, que lorsqu'il a
parlé de question dans une de ses lettres à FIRELIN, cela n'était
que comme une manière d'avis qu'il lui donnait, que s'il
avait fait donner la question audit LA CITERNE, il aurait su la
vérité de tous les avis qu'il recevait de tous les desseins dudit LA CITERNE.
Interrogé,
sixième page
A dit n'avoir point refusé d'aller confesser ledit Sr Gouverneur.
Lecture lui a été faite du présent interrogatoire, a dit que ses
réponses contiennent vérité,, y a persisté et a signé.
BECHAMEIL P. Hy de Quimper
Document suivant
Ce site est hébergé par
Yannick VOYEAUD 1995-2024