Procès Vaubulon
Lettre pour le père Bernardin
2.542
Lorient, le 25 mars 1689
Mon cher Révérend Père,
vous m'avez témoigné tant d'amitié toutes
les fois que j'ai eu l'honneur de vous voir
qu'il n'est pas possible que vous ne vous
souveniez un peu de moi, mais parce que
l'éloignement du pays où vou êtes pouvait
faire échapper de votre mémoire quelque chose
de ce que j'ai à vous prier. J'y supplée par
cette lettre, vous assurant que je fais des
voeux pour votre heureuse arrivée et pour la
conservation de votre santé, vous priant de
vous souvenir de moi dans vos prières.
Le garde-magasin que la Compagnie envoie à
Bourbon me paraît honnête homme et d'une
humeur accorte accorte. Je doute toute-
fois qu'il soit bien versé et suffisamment
instruit de tout ce qui est nécessaire à savoir
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dans la fonction qu'il entreprend, encore
moins dans la manière de traiter avec les
gens du pays; ayez la bonté d'examiner de
temps en temps l'ordre qu'il tiendra dans les
affaires de la Compagnie, et le dirigez par vos
bons avis au bien et l'utilité de nos
affaires.
Ne laissez point, s'il vous plaît, passer d'occasion
sans donner avis à la Compagnie de tout ce
qui se passera à l'Ile, soit à l'égard dudit
écrivain, ou de tout autres affaires,
les factures dudit écrivain sont chargées de
tout ce que la Compagnie a charge pour l'usage
de vous, M. R. P, et des pères qui vous
accompagnent; si outre cela, il se trouve dans
les magasins de la Compagnie quelque chose
nécessaire à vos besoins que la Compagnie
ait oublié de vous envoyer, le garde-magasin
aura ordre de vous le fournir.
Un de mes amis de notre Compagnie me
demande deux douzaines de peaux de leurs
chauves-souris dont vous nous avez tant
fait de cas, je vous prie de satisfaire sa
curiosité et d'y enjoindre quelques-unes
pour votre serviteur.
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Prenez la peine d'aider ledit garde-magasin
à reprendre le compte des effets appartenant
à la Compagnie de ceux qui ont été chargés
tant des marchandises à négocier propres à l'usage
des habitants que de celles provenant des
négociations qui ont ci-devant été faites.
Il faudra aussi que vous lui donniez les
instructions nécessaires et l'estimation
qui a été réglée des denrées que la Compagnie
vend aux habitants et de celles qu'ils donnent
en échange.
Je vous prie de prendre soin du grain de clou de
girofle que je vous ai remis et que l'on m'a
assuré être bon et en état de fructifier. si je peux
réussir dans les occasions de vous écrire,
donnez-nous-en, s'il vous plaît, quelques
nouvelles.
Je vous recommande autant que je le puis, vous
R.P. de votre Compagnie d'avoir soin de veiller
à l'instruction et à la conduite du garde-magasin,
afin que les dépenses que la Compagnie fait
pour le secours de l'Ile ne soit point en perte
pour elle.
Je vous souhaite un heureux et prompt passage, et
je vous prie de vous souvenir quelquefois de,
mon très Rd Père,
Votre très humble et très
obéissant serviteur
(illisible)
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au Révérend père,
Le Rd Père Bernardin, prédicateur,
capucin missionnaire [.....]
à l'Ile Bourbon
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