M. ANDRÉ TARDIEU

	Normalien, premier secrétaire d'ambassade honoraire, successeur de M. de Pressensé à la
rédaction du bulletin de politique étrangère du Temps, député en 1914, capitaine de chasseurs
pendant la guerre, commissaire Général aux États-Unis, plénipotentiaire de la République Française
à la Conférence de la Paix, M. Tardieu, après avoir été ministre, aspire à le redevenir.
	M. Tardieu a du tempérament et de l'appétit. Évidemment ce sont des qualités.
	Il a marché dans la vie en quatrièrne vitesse, et cela, grâce à deux vieillards qui tour
à tour l'ont pris en amitié. Ces deux vieillards ont fait sa fortune. Il sut plaire à Adrien
Hébrard, dont il savajt écouter les histoires spirituelles. Il sut gagner Georges Clémenceau,
essuyant quelquefois ses rebufades, échangeant avec lui de bons mots qui n'étaient pas toujours
mauvais.
	"M. Tardieu sera Président du Conseil, disait naguère un député en vue, parce que c'est le
seul qui ait la volonté de l'être."
	Ce fut aussi le désir de Clémenceau.
	Les faits ont déçu leurs desseins. Ils sont allés à droite, le pays est allé à gauche.
	M. Tardieu aurait pu être ministre de M. Poincaré, mais il trouvait celui-ci trop timide
en politique étrangère et trop faible en politique intérieure.
	Il vient de jouer son va-tout en Seine-et-Oise avec brio. Il a abandonné momentanément
la politique et jusqu'à son siègc de conseiller général.
	Que voulez-vous ? L'élection se fit sur le traité de Versailles, dont il a d'ailleurs
hautement revendiqué la paternité et dont ses successeurs ont bien du mal à réparer les fissures.
	M. Tardieu est une valeur parlementaire qui aurait bien fait dans l'opposition.
	Laborieux, renseigné, il sait parler, il sait écrire.
	Il a signé des articles remarquables.
	La retraite qu'il vient de s'imposer n'est pas faite pour lui nuire, et quand M. Tardieu
fera sa rentrée dans l'arène politique, il y rapportera la même fougue, tempérée par l'expérience
et la réflexion.
	Il retrouvera à ce moment, sans les chercher, un siège et un portefeuille.