Les POSTIERS

dans la Résistance

 

      Cet article a été écrit en juin 1990. Tous les passages en caractères spéciaux sont des passages de livres disponibles à la bibliothèque des PTT. Ce texte ne présente pas un caractère généalogique direct; en effet sans devoir être un exemple il se veut un cas de travail de recherche et d'étude (environ 40 heures de travail avant l'écriture de ce papier).

            Devant la recrudescence de sites négationistes et facistes, l'arrivée de l'extrème-droite aux postes de pouvoir en Autriche il m'a paru opportun de republier cet article qui rappelle le coût de notre liberté actuelle qui même si elle n'est pas parfaite permet à tout un chacun de s'exprimer et de vivre sans avoir à craindre pour sa vie.

            Si les tragiques évènements de CARPENTRAS ont réveillés en nous de vieux démons il n'en est pas moins vrai que ceux-ci et leurs corollaires sont une atteinte à la mémoire de tous ceux qui se sont battus, ont souffert et, hélas, trop souvent, sont morts pour que nous soyons libres aujourd'hui.

            Si nous connaissons bien les hauts faits de la résistance par les films, les principaux sont repassés à la télévision dans les jours et semaines qui ont suivis les évènements, il faut bien avouer que le rôle des travailleurs des PTT est méconnu. Les agents des PTT furent à l'avant-garde de la lutte clandestine. Lettres de dénonciations interceptées, transmissions de l'ennemi sabotées, liaisons parallèles par télégraphe et par téléphone établies au profit des maquis et des réseaux, plans et projets allemands relevés, formèrent pendant quatre ans l'essentiel du travail de routine effectué par les postiers. Nul ne peut ignorer un tel engagement qui causa tant de mort parmi ceux qui en assumèrent tous les risques.

            Nous n'aborderons l'aspect actif de la résistance que par un fait d'armes un peu plus spectaculaire; en effet je m'attacherais à montrer davantage les petits faits de tout les jours en n'oubliant pas le contexte dans lequel ils se sont déroulés.

            Je voudrais tout d'abord rappeler que le Ministère des PTT va changer cinq fois de titulaire entre le 16/6 et le 6/9/40. Il faut aussi noter que 37% des effectifs masculins sont mobilisés en 1940. Il y aura près de dix huit mille prisonniers de guerre PTT. Pour faire face l'administration va embaucher vingt mille auxiliaires et différer les départ en retraite. Le réseau du Nord et de l'Est est entièrement détruit. Les conditions de l'armistice pour les PTT font que de fait nous sommes au service de l'occupant.

            Face à cette situation les agents des postes vont s'organiser plus ou moins massivement pour s'opposer à la machine nazie. En effet un nombre important d'actions préjudiciable pour l'occupant seront le fait d'actions individuelles et spontanées.

    Joseph ANAN (Facteur auxiliaire en Alsace) a fui l'incorporation de force dans l'armée allemande; sa famille est déportée en représailles.

    Charles BENU refuse de diffuser militairement une information hostile au Général de Gaulle au Tchad; il s'engage par la suite sous les ordres de LECLERC.

    Mlle BOUILLON de Paris 20 alerte un jeune facteur et sa famille afin de fuir devant l'occupant venu l'arrêter pour sabotage et réfraction au STO.

    Marcelle BOURGINE, receveuse, fait bouillir de l'eau condamnant ainsi le téléphone à cause de la vapeur d'eau; avec la complicité du maire elle retardait les convocations au STO; mutée à US c'est son mari qui blocque le processus allemand depuis la mairie depuis la mairie dont il est le secrétaire.

    Maurice DURAND porte secours au JUIFS avec l'aide de prêtres.

    Jean SOREL à RENNES détourne la correspondance des délateurs adressée à la Kommandatur; ce furent ainsi prés de quatre cents lettres qui seront soustraites à la GESTAPO.

    Michel Ollivier nous rappelle que Suzanne PERTHUIS lui a permis de ne pas partir au STO en Allemagne. Il relate ainsi son arrivée dans notre administration: "parmi les imprimés à remplir, et en vertu des lois de Vichy, je dois certifier sur l'honneur que je ne suis ni Juif, ni Franc-maçon. Le rédacteur chargé de me recevoir ne me connaît pas. Pourtant il me dit: "Cette formule est imposée, mais je ne vous demande rien, et surtout pas de vous parjurer le cas échéant. Je prends sur moi de répondre non à votre place."". Faisant de la résistance il est recherché par les allemands; il bénéficie de l'aide de la receveuse de COUR-CHEVERNY et d'un autre collègue de ROMORANTIN pour rejoindre ARCACHON.

    Emile BANIS réussi à faire passer les cartes avec les circuits téléphoniques de l'Etat-Major allemand marseillais.

    Marcel CHAIGNEAUD utilisa ses compétences en radio pour repérer les émetteurs allemands dans PARIS grâce à la goniométrie. Il put ainsi enregistrer puis décrypter les messages grâce à un autre collègue.

    Jean DANEST déposa de très petites parties de poudre de crayon dans les alvéoles des micas des parafoudres en tête du répartiteur téléphonique où il travaillait afin de mettre en panne tout le central ne pouvant bloquer les lignes allemandes souhaitées par ordre de la résistance. Le plus difficile fût de faire tenir la panne, en faisant semblant de la réparer bien sûr, pendant 1H30 sous les yeux de l'ennemi très énervé puisque ne pouvant déclencher une alerte aérienne.

    Gaston DUBOIS profita de ces fonctions d'escorte du courrier pour faire passer diverses personnes à travers les différentes lignes de séparations qui entouraient BOULOGNE et ce dans les véhicules postaux. Il subtilisa en gare de ST OMER les cales de bois nécessaires au calage des véhicules allemands sur les trains, les retardant ainsi.

    Gaëtan JUFFROY fit ainsi passer à la résistance dans les sacs postaux des postes de TSF, des armes et des cartouches récupérés dans les sous-sols des bureaux.

    René PARROT au central LITTRE face à la prison du Cherche-Midi inscrivait, avec ses collègues, à la craie, le nom des victoires alliées sur un des noirs panneaux de camouflage de la défense passive et qu'il présentait devant une fenêtre à la vue des prisonniers qui leur faisaient signe BRAVO. Il pensait ainsi soutenir leur moral.

    Marcel RENAUDIN s'arrangeait pour faire toucher leurs mandats aux Israélites de sa tournée et même en cacher quelques uns. Il invita ses collègues à ne pas vendre, lors de leur service, la photo de PETAIN comme l'avait demandé le receveur de PARIS 20 de l'époque.

    Laure SOUBRIE, receveuse, avec les agents de son bureau, a lu avant de les détruire les lettres adressées au Maréchal afin d'en tirer profit. Son bureau situé juste en face de la caserne allemande elle faisait donner l'alerte aux différents petits bureaux afin de prévenir les maquis. Elle alla même plus loin, seule, en renseignant les maquis désargentés sur la façon de procéder pour aller chercher le sac Chargé.

    Jacques TARROU réussit à soustraire pendant trois jours une énorme enveloppe TOP SECRET. Elle contenait les codes secrets pour correspondre entre Vichy, les préfectures et la Police.

    René TOUSSAINT désorganisa le central télégraphique de MEKNES au Maroc au moment du débarquement allié en provoquant une grève pour faire revenir un agent dénoncé par le receveur pour avoir brisé le portrait du Maréchal. Suite à cet incident le travail a été systématiquement saboté par le personnel (télégramme tronqué ou mal rédigé, ...). La commission d'armistice allemande fût handicapée par son action. Il reçut un billet pour faire passer en priorité un télégramme. Il garantit qu'il partait aussitôt..... au panier. Il permit l'arrestation de la commission d'armistice japonaise.

 

            Tous les faits de la Résistance dans les PTT ne peuvent être cités ici mais il furent nombreux, anodins et tous plus risqués les uns que les autres.

    Que dire des collègues qui se sont laissés prendre au STO et favorisèrent le retour de collègues qui souvent se sont retrouvés dans la résistance active?

    Que dire du passage de courrier derrière les casiers de tris dans les ambulants ou dans les sacs qui venaient de passer la censure?

    Que dire aussi des passages d'armes dans ces mêmes ambulants?

    Que dire des nombreux hébergements effectués chez, grâce ou avec la complicité des receveurs des Postes.

    Que dire de tous ces "FACTEURS" connus ou non?

    Que dire des camarades qui transmirent les informations dont ils avaient connaissances de par leur fonction ou parfois par le fait du hasard?

    Que dire de tous ces Chefs de Service qui ont apporté leur soutien au personnel en lui permettant de passer la "ligne"?

    Que dire de ces collègues forcés au STO se portant malades, aggravant un préjudice physique ou même le provoquant en se brisant un membre.

    Que dire aussi des collègues du Télégraphe qui se servaient du BAUDOT pour communiquer au nez et à la barbe de l'occupant?

    Que dire des déportés qui sabotèrent malgré tout le travail qui leur étaient confié dans les usines de RAVENSBRÜCK?

    Que dire des détournements de matériels de communications les plus divers?

    Que dire de la solidarité dans les camps pour protéger les plus faibles?

    Que dire de l'acide sulfurique dans les circuits du téléphones?

    Que dire de ces six agents (ingénieurs, agents des lignes, directeurs, ...) des LSGD de PARIS. Voici leur expérience: l'ingénieur KELLER a réussi à mettre au point une technique pour dériver les câbles téléphoniques sans que les mesures effectuées aux extrémités ne puissent déceler la "fraude". Il a pu la mettre en pratique grâce à l'appui de son directeur et d'agents qu'il avait sous sa responsabilité.

19 avril 1942: en pleine nuit de l'Occupation, dans un banal pavillon de banlieue, sis au 89 de la Grande-Rue, à Noisy-le-Grand, un homme écoute et note les communications téléphoniques du grand Reich. Il entend les chefs de la Wehrmacht, de la Lutfwaffe, de la Kriegsmarine, de la la Gestapo, donner, depuis Berlin, des ordres à leurs subordonnés du "Gross Paris". Pendant cinq mois, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, toutes les conversations de l'ennemi sont recueillies par des opérateurs qui enregistrent les directives adressées à leurs représentants en France par Goering, Keitel, Jold, Goebbels, Donitz, Sperrle, Kaltenbrunner, et même par Hitler lui-même! Soixante-dix grands circuits ont été dérivés et mis au service de la Résistance et des Alliés. Jamais aucun service secret n'aurait imaginé disposer d'une telle mine de renseignements. Cette mine, on l'appela la Source K, et elle fût l'oeuvre de Postiers résistants.

    Que dire de ...?

            Cet épisode nous permet de faire le lien avec un autre grand évènement pour la résistance.

19 novembre 1943, 20 heures, Lyon: une formidable explosion secoue le quartier de la grande poste. Dans la cour arrière de la Direction régionale des télécommunications, le "Central D.V. allemand", l'un des cinq exemplaires de ce type existant dans l'armée du Reich, qui centralise toutes les communications militaires, vient de sauter. Il ne sera jamais remplacé.

            Avec cette affaire nous rentrons dans la partie Résistance active où nous voyons les postiers de ST LÔ organisés en maquis. Nous citerons les très nombreux collègues qui, grillés, partent rejoindre les maquis. Il ne faut pas oublier que les postiers furent bien présents auprès des forces de libérations afin de remettre en état au plus vite les infrastructures, ou simplement comme militaires.

            S'il est une action de la POSTE c'est bien la distribution de tracts, journaux, et voire même de leur impression.

            Nous noterons que toutes ces actions ponctuelles et parfois désordonnées ont très sérieusement perturbés l'occupant notamment en Rhône-Alpes après la capitulation de l'ITALIE.

Ce qui frappe surtout, lorsque l'on dépouille tous ces témoignages, c'est de constater le caractère individuel ou régionaliste de l'activité résistante. Si bon nombre d'éléments se regroupèrent, sous l'autorité d'hommes particulièrement énergiques et résolus tels que Jourdan, Pruvost, Horvais, Debeaumarché, Codaccioni, Dutein, Colle, Le Veillé, etc.., dans différentes organisations locales qui finirent par s'intégrer dès la création d'un mouvement national, on n'en observe pas moins que des centaines de postiers, pour ne pas dire plus, menèrent, soit isolément, soit au sein de formations étrangères aux PTT, quantité d'actions préjudiciables à l'ennemi. Et ceci s'explique aisément par le fait même des ramifications postales s'épanouissant jusque dans les hameaux les plus reculés. Qui mieux qu'un facteur de campagne pouvait établir des liaisons? Qui mieux qu'un receveur solitaire dans un bourg perdu pouvait intercepter ou orienter des communications téléphoniques? Qui mieux que les préposés au tri d'une petite ville pouvait se saisir des lettres, le plus souvent de dénonciation, adressées à la Kommendatur ou à la Feldgendarmerie? Qui mieux que les standardistes pouvait recueillir des informations ou bloquer des lignes? On comprend donc bien que les responsables des réseaux et de maquis aient toujours cherché à embrigader les postiers de leur secteur.

Je voudrais citer le cas de cette receveuse de VALLOIRE disant:" Je n'ai pas fait partie d'un groupe de résistance. A la formation du maquis des Rochilles, je me suis mise à leur disposition pour recevoir et transmettre leurs messages ainsi que les renseignements sur les mouvements allemands dans ma vallée. Les services que j'ai rendus ne méritent pas d'être mentionnés. Ils représentent le minimum que tout français aurait pu faire selon la place qu'il occupait".

Enfin, je ne peux pas terminer sans me rappeler cette receveuse de 6° classe, seule dans son bureau devant un officier allemand, surexcité, qui voulait un poste téléphonique et, à qui elle brandissait le texte règlementaire bilingue, et qui m'a téléphoné pour savoir si elle devait s'obstiner dans son refus, ou si elle pouvait céder. Un exemple de ces fonctionnaires de base qui risquent leur vie par conscience professionnelle et patriotique. Un exemple que les contempleurs actuels des "nantis" que nous sommes ne peuvent évidemment pas comprendre!

 

            La région Rhône-Alpes, plaque tournante des communication en tout genre (économique, ferroviaire, routière, noeud téléphonique, ...), fait que les PTT ont souvent vu leur action incluse dans celle des grand groupes résistants. Il est sûr que c'est en Haute-Savoie que l'on trouve trace du 1° réseau PTT en "Zone Libre" dès août 40.

            En Isère c'est en juin 41 au départ de Grenoble puis de Bourgoin que se développe la Résistance PTT. La direction assurera la protection des agents résistants; Ils seront mutés pour échapper aux recherches, ou mis en congés sans solde, ou encore déclarés en maladie. A la fin 42 l'implantation du maquis du VERCORS appelle de nouvelles complicités. Celui-ci sera soutenu sur le plan logistique en moyens humains par des rapports 212 (feuilles de présence) fictifs, et pour les matériels par des vols et des "réquisitions des terroristes". Tout le Sud-Isère est noyauté par la résistance PTT. Ce soutien très important s'est avéré primordial mais le concours des postiers n'a pas suffit lors de l'attaque du VERCORS.

Dans l'Isère, c'est la protection des agents résistants qui sera assurée par la direction. Ils seront mutés pour échapper au recherches, ou mis en congés sans solde, ou encore déclarés en maladie.

Dans l'Ain, plusieurs postiers, qui "travaillent" avec le maquis de ROMANS-PETIT, sont portés malades; d'autres figurent sur les registres d'effectifs d'équipes fictives.

            Nous noterons que souvent l'action obscure des postiers s'est faite en plein accord avec la hiérarchie quand elle n'est pas provoquée par celle-ci.

Dans l'Indre-et-Loire, département morcelé par le tracé de la ligne de démarcation, la Direction régionale fait discrètement passer aux facteurs des communes concernées cette note de service:

"N'ignorant pas la situation délicate de l'Administration forcée de se soumettre (au moins pour la forme) aux exigences des Allemands, le personnel ne prendra pas trop au tragique certains "rappels", celui par exemple qui, fin octobre 1940, "interdit aux facteurs appelés à franchir la ligne de démarcation, à quelque titre que ce soit, de se charger du transport des correspondances privées, d'une zone à l'autre". Ces agents comprendront qu'il s'agit, en l'occurence, moins d'un blâme que d'une incitation à la prudence et d'une mise en garde contre les dangers réels." On continuera donc a apporter toute l'aide possible aux prisonniers français évadés et aux malheureux obligés de passer en zone sud pour se soustraire aux recherches.

En Meurthre-et-Moselle, l'inspecteur des services techniques invite ses chefs d'équipe à faire la distinction nécessaire entre ses instructions écrites et les commentaires verbaux qu'il en fait à son passage sur les chantiers.

Pour résumer l'attitude de la hiérarchie administrative, nous pouvons reprendre la conclusion de M. EYRAUD, inspecteur de la LOIRE :"Il fallait donner l'impression aux Allemands que tout était mis en oeuvre pour leur donner satisfaction, et agir en sens contraire."

            Il convient de dire que la Poste a bénéficié et a su se servir de son utilité économique pour agir et que son image de marque lui a bien servie pour ses complicités extérieures (mairies, gendarmeries, églises, ...).

            Tous ces petits faits ne doivent surtout pas nous faire oublier que le personnel des PTT a payé son tribut à la guerre comme en atteste les chiffres ci-dessous.

BILAN APPROXIMATIF

DES VICTIMES DE LA GUERRE AUX PTT

Militaires tués entre 1939 et 1945................ 511
Volontaires de la Résistance tués au combat........ 92
Agents fusillés................................... 243
Agents victimes de bombardements ou d'explosions.. 450
Prisonniers de guerre décédés..................... 162
Requis au STO décédés en Allemagne................. 71
Morts en détention................................. 12
Morts en déportation.............................. 373
Déportés rentrés des camps........................ 326

Chiffres fournis par M. PAUL dans son ouvrage: Histoire des PTT pendant la 2° guerre mondiale.

 

            Mais au fait qui se cachait dans cette résistance? Et quand la prise de conscience s'est-elle manifestée?

TAUX DE FEMINISATION 

F.N. 6,60%
A.R. 14,69%
S.T.O. 0,00%
cadre A 1,08%
cadre B 30,00%
cadre C 6,40%
cadre D 21,15%
ensemble 10,07%


            Tous ces différents tableaux appellent des explications. Les brusques variations constatées pour l'année 1944 sont justifiées du fait de l'appel des FFI aux cadres et personnels techniques pour saboter, tout en maintenant prêt à repartir le jour venu, les installations.

            Il faut noter la forte présence des femmes avec une présence très supérieur au taux de féminisation des services notamment en cadre A et C.

            Les moins de 30 représentaient près de 31% des effectifs et qu'avec les 30-35 ans ce sont près de 55% des effectifs résistants PTT que nous retrouvons. Une explication s'impose: en effet les 18-30 ans étaient les plus exposés au STO d'une part mais aussi l'écrèmage de la drôle de guerre n'a pu être remplacé. N'oublions pas que dix huit mille agents sont prisonniers soit de 6 à 10% du personnel. La chute après 35 ans peut s'expliquer par le fait que nous tombons dans le personnel d'encadrement, de maîtrise et de direction qui devait sauver les apparences.

            Près de 42% des résistants étaient chargés de famille ce qui dénote malgré tout la très haute mobilisation du personnel malgré les risques.

            Il faut savoir pour la vérité de l'histoire qu'à la Libération 21% des hauts-fonctionnaires, 22% des directeurs départementaux et sous-directeurs départementaux, 7,3% des receveurs et chefs de centre de classe supérieure, 1,4% des cadres de contrôle et de maîtrise et un pourcentage négligeable des agents des services d'exécution furent épurés.

Ainsi, postiers et postières transmirent-ils des renseignements précieux pour eux (il s'agit des résistants), favorisèrent-ils même l'installation, chez le Président du Tribunal de Largentière, d'un central téléphonique à cinquante directions, permettant des liaisons clandestines et l'organisation d'une écoute permanente des communications de l'ennemi entre Lyon et Nimes, celle des ...mouchardages. Son existence secrète, combinée avec une censure du courrier, aboutit à la neutralisation, souvent brutale, étant donné la situation et le climat de barbarie instaurée par l'adversaire, de gens qui croyaient bien faire en dénonçant leurs voisins.

Article du journal LE MONDE du 20/7/82

Bon Sang ne peut Mentir
La vie est un Combat
La Liberté ou la Mort.
  

Yannick VOYEAUD

            Je tiens à remercier les bibliothécaires de la Direction Départementale de LA POSTE DE L'Isère qui m'ont fournis les livres adéquats et photocopiés certains passages. Cet article a été entièrement réalisé avec les livres disponibles au catalogue de la bibliothèque.




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