M. E. BARTHE

 

	Grand, élancé, l'œil noir vif, souvent soucieux, préoccupé, un volumineux dossier sous le
bras, mais toujours aimable et souriant : tel M. Edouard Barthe, député socialiste de l'Hérault,
questeur de la Chambre des députés, président de la Commission parlementaire de la Viticulture.
	Il a été pharmacien, mais il n'en a cure, car sa méthode n'est pas de dorer la pilule.
Il sert son opinion "nature" et ses récentes interventions sur le Comité des Forges sont là pour
attester la fougue de sa parole indépendante.
	Il confirme volontiers par des articles bien pensés et bien écrits ses discours à la tribune
et sait, dans les couloirs du Palais-Bourbon, entr'ouvrir ses dossiers avec une discrétion voulue,
juste assez pour produire l'émotion nécessaire afin de leur donner en temps et lieu leur maximum
d'effet.
	Aussi M. Barthe est-il très populaire dans la salle des Pas-Perdus et un journaliste à court
d'informations trouve toujours à glaner dans ses conversations vives, rapides et enjouées il est
la Providence de l'Information parlementaire.
	Une grosse majorité vient de le nommer questeur de la Chambre des députés. Il donne là la
mesure de son obligeance. On dit même qu'il va faire aménager pour la Presse un petit café confortable
qu'elle réclame depuis si longtemps et dont elle a tant besoin.
	C'est un élément de popularité qui n'est pas négligeable, et qui s'ajoute naturellement à
tous les titres que possède M. Barthe à la confiance de ses collègues et de tous ceux qui ont
affaire à lui.
Nourri dans le sérail, il en connaît les détours.
	Le député de l'Hérault compte à son actif plusieurs législatures au cours desquelles il a
fourni un énorme travail. La Commission de Viticulture, dont il a été le rapporteur avisé, l'a
nommé président. Dans cette nouvelle fonction, son activité a décuplé. Il trouvera du moins
cette fois à la questure le moyen de caser ses innombrables dossiers.
	Ses occupations multiples ne détournent pas M.Barthe de son programme ni de son but.
Irréductible sur les principes, il a le don de les appliquer gentiment et c'est dans l'application
seulement qu'on retrouve la manière de l'ancien "potard".
	Sa majorité lui reste d'ailleurs fidèle, et sa souplesse lui conservera au Palais-Bourbon
les sympathies qu'il y a si légitimement conquises.