Procès Vaubulon
Interrogatoire du père Hyacinte
Manque première page
1.230-1
A dit avoir nom Père Hyacinthe de Quimper, prêtre religieux
capucin, de soixante ans environ, ci-devant demeurant
dans l'Ile de Bourbon en qualité d'aumônier, et à présent
détenu prisonnier aux Prisons de Rennes.
S'il n'a pas fait plusieurs lettres à FIRELIN avant et après,
l'emprisonnement dudit Sr de VAUBOULON :
# audit FIRELIN A dit qu'il croit n'en avoir écrit que trois # avant l'emprisonnement
P. Hy du Gouverneur, mais que depuis il lui en a écrit un grand
M.CH nombre en réponse de celles dudit FIRELIN
S'il est vrai comme il a dit dans ses précédents interrogatoires
qu'il ait voulu procurer la liberté du Gouverneur :
A dit que dans son cœur il en avait le dessein et qu'il l'aurait
fait avec plaisir s'il avait cru pouvoir y réussir sans causer
du désordre, mais qu'il n'a osé rien entreprendre à ce sujet
dans la crainte qu'il avait de faire précipiter la mort du
Gouverneur et donner occasion à un grand carnage entre les
habitants.
S'il n'a pas offert ses services à FIRELIN auparavant ledit
emprisonnement :
A dit qu'il ne le croit pas, comme il y a longtemps que
la chose s'est passée, il ne peut pas maintenant s'en souvenir.
S'il n'est pas vrai qu'il a lui-même pris toutes les précautions
seconde page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.230-2
les plus exactes pour empêcher que le Gouverneur n'eût
sorti de la prison :
A dit que non et que sa mémoire ne le lui fournit pas à présent.
Si pendant le temps qu'il était dans le cachot, il n'a pas
lui-même donné les moyens pour empêcher que le Gouverneur
ne se délivrât de ses fers :
A dit qu'il n'en a point eu le cœur ni la pensée et que si
par malheur il l'avait fait, ce n'aurait été toujours que
pour ôter à FIRELIN toute la défiance qu'il pouvait avoir
de lui répondant et la crainte que lui répondant n'eût tâché
de le délivrer.
Pourquoi il dissimule si longtemps la vérité et veut
rejeter le fardeau de l'accusation sur les autres, puisque
c'est lui-même qui est l'auteur de tout le complot qui a
# été fait contre le Gouverneur, comme il se justifie par toutes
dont onze sont les lettres qu'il a écrites audit FIRELIN avant et depuis
M.CH P.Hy l'emprisonnement, lesquelles ledit FIRELIN a attachées à une
requête, et nous lui avons en cet endroit représenté
# et la 12e sans le nombre de douze lettres signées P. Hyacinthe de Quimper #,
dans les toutes de différentes dates # adressantes audit FIRELIN et signées.
en marge de celui-ci FIRELIN, et sommé de reconnaître
troisième page M. CHEREIL P.Hyacinthe de Quimpe C.
1.231-1
s'il les a écrites et signées ; et après que ledit Père
Hyacinthe cap. les a vues et considérées:
A dit qu'il reconnaît les avoir écrites et signées.
S'il n'avait pas fait dessein de demeurer plus longtemps à
St Paul lorsqu'il y alla de St Denis, aup le voyage qu'il
fit immédiatement auparavant l'emprisonnement du Gouverneur,
et pourquoi il venait si tôt audit St Denis si ce n'était
pour se joindre audit FIRELIN et faire emprisonner le Gouverneur,
ayant lui répondant marqué audit FIRELIN dans sa lettre
du 8e 9bre 1690 qu'il demeurerait trois semaines ou un mois
audit St Paul si les services qu'il pourrait rendre audit FIRELIN
ne le rappelleraient pas plus tôt ; et quels autres services il pouvait
rendre audit FIRELIN sinon de contribuer à l'emprisonnement
du Gouverneur, ainsi qu'il arriva incontinent après le retour
du répondant à St Denis ?
A dit que l'offre de service qu'il a fait audit FIRELIN dans
lesdites lettres du 8e 9bre n'ont été que des compliments ordinaires
et sans conséquence ; qu'il est vrai qu'il devait rester plus
longtemps à St Paul dans ce voyage, et qu'il ne retourna
à St Denis que sur les lettres dudit FIRELIN qui marqua
au répondant souhaiter avec passion de le voir pour sa consolation
ainsi que le répondant a déclaré dans ses précédents interrogatoires,
et manda audit FIRELIN par sa lettre du 20e 9bre 1690 qu'il se
quatrième page M. CHEREIL P.Hyacinthe de Quimper c.
1.231-2
rendrait audit St Denis le jeudi ou le vendredi en suivant, et s'y
rendit en effet le jeudi, ainsi qu'il a pareillement reconnu
dans sesdits interrogatoires.
Pourquoi, s'il n'avait pas une haine et une animosité
extrêmes contre ledit Sr de VAUBOULON, il écrit en
ces termes par sa lettre non datée: 'Il faut répondre
à Mr de VAUBOULON que, si Dieu et le Roi permettaient de
tirer des coups de fusil à la tête, qu'il y a longtemps qu'on
le lui aurait fait'; et en quel temps il a écrit ladite lettre ?
A dit que ladite lettre sans date a été écrite par lui répondant
longtemps après l'emprisonnement du Gouverneur, ainsi qu'il
le remarque par les autres termes de la lettre, et que s'il a
écrit de qu'il fallait répondre au Gouverneur qu'il y a longtemps
qu'on lui aurait tiré des coups de fusil à la tête si Dieu
et le Roi le permettaient, ce n'a été qu'en réponse des lettres dudit
FIRELIN qui marquait toujours beaucoup de sujets de plainte
contre ledit Gouverneur, ce qui donnait bien au répondant de
craindre que ledit FIRELIN ne conçût quelque mauvais
dessein contre lui, et ne voulût attenter à sa vie ; que
pour l'en dissuader il a écrit de cette manière par deux
motifs : l'un pour lui faire croire toujours qu'il était
dans ses sentiments, quoique son cœur et sa pensée en fussent
fort éloignés, et l'autre pour lui marquer que Dieu et le Roi
ne permettaient pas de faire aucune action violente.
cinquième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.232-1
et lui insinuant ainsi indirectement qu'il devait bien prendre
garde d'attenter à la vie du Gouverneur, et que c'était un crime
contre Dieu et le Roi.
Pourquoi, s'il n'avait toujours tâché à perdre ledit
Gouverneur, aurait-il écrit à FIRELIN comme il a fait par sa
lettre du 22e sans autre date 1690 de se saisir des lettres
qui pourraient servir contre le Gouverneur dans fontaine écrit
ainsi lesquelles FONTAINE avait entre mains ?
A dit que cela a été toujours pour le même motif, et qu'il a fait
tous ces différents personnages pour ôter à FIRELIN toute
défiance.
Quel est le nommé IONASSI qu'il parle de tricoter dans la
précédente lettre sans date ?
A dit que c'était un nègre de lui répondant, qu'il était obligé
de châtier quelquefois et de le menacer beaucoup, pour
l'intimider et le faire rentrer à son devoir.
Quels papiers il a fait signer au peuple, ainsi qu'il dit
par sa lettre du 6e mars 1691 ?
A dit que ce sont les procès-verbaux d'emprisonnement qui
sont au procès, lesquels FIRELIN donna au répondant lorsqu'il
alla à Ste Suzanne pour les faire signer, et croit qu'il
les lui donna aussi pour le même sujet, lorsque lui répondant
alla à St Paul.
sixième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.232-2
Nous lui vons remontré que cette lettre se trouvant
# 1691 datée du 6e mars #, près de quatre mois après l'emprisonnement
P.Hy du Gouverneur, cela marque que lesdits procès-verbaux n'ont
M.CH été dressés que dans ledit temps, et ont été remontés de date
pour tâche de se préparer quelque moyen de justification ;
et que cette démarche d'avoir porté lui-même lesdits procès-
verbaux dans les différents quartiers de l'Ile pour les faire
signer, marque encore manifestement qu'il était le chef
de cette action, et découvre de plus en plus le soin et la
# le gouverneur précaution qu'il prenait d'accabler # et de le faire gémir
P.Hy dans le cachot.
M.CH A dit qu'il ne sait point si lesdits procès-verbaux ont été
remontés de dates ; que ledit FIRELIN les a faits et dressés ; et
que quelque temps après les avoir fait signer au répondant,
il le pria deles porter dans les Quartiers, ce qu'il n'a fait
qu'à la suasion dudit FIRELIN, ce FIRELIN-ci lui ayant
marqué qu'il croyait que cela était à propos.
Pourquoi, s'il n'avait pas été du parti de FIRELIN, aurait-
il crit en ces termes par sa lettre du 14e juin 1691 :
'Soutenez bien votre autorité, et ne souffrez pas qu'Iscariot
ni autre vous réponde mal à propos'; et qui est cet ISCARIOT ?
A dit que le voyant Commandant dans l'Ile, il a cru
lui devoir écrire en ces termes, et que cet ISCARIOT
septième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.233-1
dont il parle dans la lettre est un habitant de l'Ile
nommé Pierre HIBON, lequel a été ainsi nommé par le Sr
DROUILLART, ci-devant Commandant dans l'Ile, parce qu'il
a les cheveux fort rouges.
Pourquoi, s'il n'était pas véritable ami dudit FIRELIN ,
lui a-t-il écrit en des termes aussi pleins d'afection par sa
lettre du 4e août 1691, lui marquant que l'amitié de lui
répondant ne lui manquerait jamais, et autres termes semblables ?
A dit que ce n'a été qu'en réponse pour marquer à FIRELIN
que son amitié n'était pas égale, et que s'il lui a écrit
en termes d'amitié, cela a été comme un compliment ordinaire,
croyant lui répondant qu'il devait témoigner de l'amitié à
tous les habitants de l'Ile.
Pour quel sujet a-t-il averti les habitants de Ste Suzanne
de se trouver à St Denis, comme il le marque par sa lettre
du 30e août 1691 ; et pourquoi, par celle du 6 febr
1692, il écrit à FIRELIN de désarmer le nommé Paul ?
A dit que FIRELIN avait envoyé avertir les habitants de Ste
Suzanne de se rendre promptement à St Denis pour aller à
St Paul pour empêcher la descente d'un équipage de vaisseau
qui paraissait, et à l'égard de sa lettre où il écrit à FIRELIN
de désarmer qu'il croit qu'il serait à propos de désarmer
huitième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.233-2
Paul DÉSIRÉ, a dit qu'il ne se souvient pas maintenant
pour quel sujet il a écrit ladite lettre.
Pourquoi, s'il n'avait pas été participant à la
condamnation de LA CITERNE, aurait-il marqué dans sa
lettre du 21e fevrier 1692 qu'il était bien fâché qu'on
n'avait pas donné la question à LA CITERNE ; et nous lui
avons en cet endroit remontré qu'il n'est plus besoin du
d'user de dissimulation et de déguisement, puisque par tous
les termes de ladite lettre, il paraît tout visiblement que le
répondant a été l'auteur de l'emprisonnement du gouverneur,
qu'il l'a fait resserrer de près dans le cachot, qu'il a
apporté toutes les précautions pour l'empêcher d'en sortir,
et à éloigner ceux qui lui pouvaient procurer sa liberté,
jusqu'à avoir fait casser la tête audit LA CITERNE pour
avoir voulu délivrer son maître, et qu'il ne peut pas dire
que son cœur n'ait pas parlé dans ladite lettre, les termes
en étant trop forts et trop expressifs.
A dit qu'il a écrit cette lettre sur les mêmes motifs, et
que s'il a marqué qu'il était fâché qu'on n'eût pas donné
la question à LA CITERNE, c'était en réponse des lettres de
FIRELIN où il lui témoignait que sa vie et celle du
répondant n'étaient pas en sûreté, ce qui l'a obligé d'écrire
de la sorte, ne sachant que faire dans une occasion aussi
neuvième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.234-1
dangereuse, et se voyant dans des pays aussi éloignés
où il ne pouvait attendre aucun secours de la France ; et
que ce qu'il a fait, cela a été pour mettre sa vie en sûreté,
et celle du Gouverneur, et empêcher les troubles et les
désordres qui pouvaient arriver dans l'Ile.
Et attendu l'heure de midi sonnée, nous avons remis
la continuation du présent interrogatoire à ce jour deux heures
de l'après-midi. Et lecture
Et lecture à lui faite du présent interrogatoire,
a dit ses réponses contenir vérité, y a persisté et a signé.
M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
P. CAILLEAU
greffier commis
Dudit jour devant Nousdit conseiller et Commissaire par
continuation d'interrogatoires, deux heures de l'après-midi,
et ce concurremment avec ledit Sr ESNOUFF
Interrogé si le Sr de VAUBOULON lui avait fait quelque trouble
dans son ministère pendant qu'il était gouverneur ?
A dit qu'il ne s'en souvient pas, et que si on lui en a fait, ce n'a
pas été grand-chose.
S'il n'a pas été fâché de ce que le Sr de VAUBOULON avait
dixième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.234-2
reçu les comptes de MUSSARD et de Sr HONORÉ sacristain
d'une église ?
A dit qu'il ne croit pas s'être fâché de cela.
Si, leur ayant fait représenter ledit compte après l'emprisonnement
du Gouverneur, il ne l'a pas fait déchirer ?
A dit qu'il n'a jamais demandé compte de l'église, et qu'il a quelque
souvenir d'avoir mandé à FIRELIN alors Commandant, étant à St
Paul, de leur faire tenir compte.
Pourquoi donc, si ledit Sr de VAUBOULON ne l'a point troublé
dans les fonctions de son ministère, a-t-il écrit à FIRELIN
par sa lettre du 14 juin 1692, que ledit Sr de VAUBOULON
l'avait continuellement troublé ; et pourquoi a-t-il conseillé
à FIRELIN de se faire représenter le compte tenu par lesdit MUSSARD
et Sr HONORÉ devant ledit Sr de VAUBOULON, pour le déchirer ;
et pourquoi aussi il donna encore des conseils audit FIRELIN
par sa lettre du 17 juin 1692, s'il ne prenait pas une part
entière à ceq tout ce qu'il faisait ?
A dit que s'il a conseillé à FIRELIN de se faire représenter le
compte desdits MUSSARD et Sr HONORÉ, ce n'a été que pour voir
si le Sr de CHAMIGNY qui faisait pour le Gouverneur auparavant
son emprisonnement, n'y aurait point fait quelque injustice,
et que la lettre porte qu'il doit demander la représentation du
compte pour le déchirer ou conserver, selon que ledit FIRELIN
onzième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.235-1
le jugera juste et raisonnable, et à l'égard des avis qu'il a
donnés audit FIRELIN par sa lettre du 17 juin 1692, ce n'a été
que pour l'avertir de prendre garde de se laisser aller à la
débauche.
Pour quel dessein ledit FIRELIN était allé à St Paul, et sommé
de nous expliquer ce que veulent dire ces termes « prenez
garde que les festins de St Paul n'empêchent l'exécution des
desseins qui vous y ont mené » ?
A dit qu'il croit qu'il allait s'y faire connaître Commandant.
Après quoi lesdites douze lettres ont été signées et paraphées
par ledit répondant et par nous pour servir au jugement
du procès.
Si le frère Anthoine de Lannion son compagnon ne lui a point
écrit qu'on avait dessein de lever le masque contre lui répondant,
et que BIDON disait qu'on traitait injustement le Sr de VAUBOULON
qui n'avait ni tué ni violé personne ?
A dit qu'il se souvient bien que ledit Frère Anthoine lui a
écrit qu'il se faisait un complot contre lui répondant et FIRELIN.
Nous lui avons représenté une copie de lettre datée du 15e
mai 1691, référée être écrite par ledit Frère Anthoine et
sommé le répondant de reconnaître si elle n'est pas conforme
à l'original dont il doit être saisi ?
douzième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.235-2
A dit qu'il ne peut pas se souvenir si ladite copie est
conforme à l'original de ladite lettre ; mais qu'il croit que
ledit F. Anthoine lui a écrit quelque chose de semblable.
S'il n'a pas fait ledit F. Anthoine participant de toutes choses,
et si ce Frère Anthoine ne savait pas bien que lui répondant
avait fait arrêter le Gouverneur ?
A dit que ledit F. Anthoine ni aucune autre personne n'a pu dire
auparavant l'emprisonnement du Gouverneur que lui répondant
leur ait proposé de le faire ; mais que, depuis ledit emprisonnement,
ledit F. Anthoine aurait pu avoir quelque pensée, aussi bien
que les autres habitants, après la lettre que lui répondant écrivit
aux habitants de St Paul par les raisons qu'il a marquées.
Nous lui avons représenté deux lettres signées 'F. Anthoine
de Lannion' des 29e xbre 1690 et le 30 août 1691, adressantes
# de reconnaître audit FIRELIN, sommé le répondant # si elles sont de la main dudit
P. Hy frère Anthoine son compagnon :
MCH A dit qu'il reconnaît que lesdites deux lettres sont de l'écriture
dudit Fr Anthoine, mais qu'il n'a pas pu empêcher les bruits
des habitants de l'Ile, qui pouvaient dire que le Gouverneur
était retenu par l'ordre du répondant, voyant les lettres
qu'il avait écrites, ainsi qu'il a dit ci-dessus ; lesquelles
deux lettres ensemble la copie de cette du 15 mai 1691
ont été par le répondant et par nous signées et paraphées
pour demeurer pareillement au procès et sont signées
treizième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.236-1
en marge FIRELIN et attachées à ladite requête qu'il nous
a présentée.
S'il n'a pas eu un démêlé avec Marc VIDOT et FIRELIN en 1692
et si à cette occasion il n'a pas écrit aux habitants de St Paul
le 28 7bre de la même année de se rendre à St Denis pour
élire un Commandant sous peine d'excommunication, et si
le lendemain 29e 7bre il ne leur envoya pas un contrordre ?
A dit qu'il est vrai qu'ayant été insulté par FIRELIN, VIDOT
et autres un jour de dimanche 28e 7bre 1692, et les habitants
de St Denis ayant marqué au répondant qu'ils ne voulaient
plus souffrir dudit FIRELIN, lui répondant écrivit aux habitants
de St Paul de venir à St Denis pour choisir un autre
Commandant, mais dès le lendemain matin, il leur écrivit
un contrordre leur marquant qu'il avait tout mis au pied
du crucifix, et au surplus, qu'il n'a jamais proféré
d'injures audit VIDOT et ne l'a point appelé cornard
ni cocu.
Nous avons représenté au répondant deux copies de lettres
des 28 et 29 7bre 1692 référées signées Fr Hyacinthe
de Quimper adressantes à M MUSARD, Prieur de la
Confrérie du Mont Carmel , et avons sommé le répondant de
déclarer si celles-ci sont conformes à celles qu'il reconnaît
avoir écrites, et après les avoir vues et considérées,
quatorzième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.236-2
a dit que les copies sont conformes aux lettres
qu'il a écrites, et se souvient de les avoir envoyées audit
MUSSARD ; après quoi elles ont été par lui et par nous
paraphées pour demeurer au procès.
Nous lui avons aussi représenté une déclaration signée
RICQUEBOUR datée du 30e 7bre 1692 signée en marge
FIRELIN, de même que les deux copies de lettres ci-dessus
lesquelles trois pièces il a pareillement attachées à la requête,
et sommé le répondant de reconnaître la vérité de ladite déclaration.
A dit que rien n'est plus faux que ladite déclaration,
et que ledit RIQUEBOUR qui l'a donnée est un homme qui n'est
aucunement croyable, et qu'une semblable déclaration ne
peut faire aucune foi en Justice.
Nous lui avons aussi représenté trois lettres signées
dudit RIQUEBOUR, des 3, 4 et 17e août 1693 adressantes
audit FIRELIN, et une quatrième signée Sr HONORÉ du 29e
juin 1693 aussi adressante audit FIRELIN, et interrogé
quels statuts il avait faits, et pourquoi il ne voulait
pas que FIRELIN nommât les enfants desdits RIQUEBOUR et
Sr HONORÉ et menaçait de les excommunier s'ils le faisaient :
A dit que véritablement il avait réglé, longtemps auparavant
la date desdites lettres, que les habitants étant en aussi petit
nombre qu'ils sont dans l'Ile, ne prendraient pour compère
quinzième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.238-1
et commère que leurs parents ou leurs anciens, compère
et commère parce qu'il arrivait souvent que par la suite
cela empêchait beaucoup de maiages et causait
bien du désordre, que c'est pour cette raison qu'il
s'opposait à ce que ledit FIRELIN n eût nommé les enfants
desdits RICQUEBOUR et Sr HONORÉ, et non pour autre cause.
Nous avons pareillement représenté au répondant la condamnation
de mort donnée contre LA CITERNE le 6 mai 1692 et
sommé de déclarer s'il n'a pas lui-même fait
signer ladite condamnation par menaces et emportements ?
A dit qu'il a répondu à cet article dans ses précédents
interrogatoires, et qu'il n'a point eu de part à la condamnation de
mort dudit LA CITERNE ; et doutant que lesdites pièces ne sont
point de son fait, il a refusé de les signer et parapher.
Et néanmoins ont été par nous chiffrées et paraphées
pour demeurer au procès, lesquelles pièces sont signées
FIRELIN et pareillement attachées à sa requête.
S'il a eu part à plusieurs déclarations des habitants qui ont
été faites contre ledit r de VAUBOULON ; et nous lui
avons en cet endroit représenté deux gros cahiers de
déclarations, sommé de reconnaître si elles ont été faites
par son ordre.
A dit qu'il n'y eu aucune part, et qu'elles sont toutes
seizième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.240
écrites de la main de FIRELIN.
nous lui avons de plus représenté le nombre de douze
pièces de procédure faite contre LA CITERNE, et
sommé de nous déclarer s'il y a été participant et de
quelle main elles ont été écrites, et aussi de quelle main
est écrite ladite condamnation de mort.
A dit qu'il n'y a point eu de part, mais qu'il connaît
au caractère que c'est l'écriture dudit RIQUEBOUR.
Finalement, nous avons représenté neuf autres pièces
au répondant, cotées F en marge signées FIRELIN
pareillement attachées à ladite requête , et sommé de déclarer
s'il a eu part aux pièces :
A dit qu'il n'y a point eu de part, et que quatre
de celles-ci des 3 7bre et 11 8bre 1691, 4 mai et 20 août
1694 sont écrite de la main dudit FIRELIN ; qu'il y en a
une du 1er 7bre 1691, écrite de la main du f. Anthoine de
Lannion en forme de requête présentée audit FIRELIN et ne
reconnaît pas l'écriture des autres pièces fors que celle
du 14e mai 1694 est aussi dudit FIRELIN ; et n'ayant le
répondant voulu chiffrer lesdites pièces, comme n'y ayant
point de part, nous les avons n éanmoins signées et
paraphées pour demeurer au procès.
Si ladite lettre dont il est fait mention dans quelques-unes
dix-septième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.241-1
desdites dernières neuf pièces, qui était adressée audit Sr
de VAUBOULON, fut rendue à lui répondant ou à FIRELIN,
et ce qu'elle contenait :
A dit qu'il était alors à Ste Suzanne, que ladite lettre fut
rendue à FIRELIN qui la décacheta, et ne la donna point
au Gouverneur qui était au cachot dans ce temps-là, et
croit que le capitaine de vaisseau qui écrivait ladite lettre
au Sr de VAUBOULON lui demandait quelque rafraichissement.
Lecture à lui faite du présent interrogatoire.
a dit ses réponses contenir vérité, y a persisté et
a signé.
M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
P. CAILLEAU
greffier commis
dix-septième page
Du 22e mai 1697, en la Chambre Criminelle
des prisons de Rennes, devant nous Conseiller et Commissaire
par continuation d'interrogatoires, ayant avec nous pour notre
commis greffier M. Pierre CAILLEAU de lui serment pris en
tel cas requis, et ce concurremment avec ledit Sr ESNOUF,
Interrogé pourquoi il nous a dissimulé qu'il a eu plusieurs
différends et démêlés avec ledit Sr de VAUBOULON auparavant son
M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.241-2
emprisonnement ?
A dit qu'il n'a point eu de démêlé considérable avec ledit Sr
de VAUBOULON.
S'il n'est pas véritable qu'il a dit au Gouverneur que lui répondant
ne dépendait que de ses supérieurs, et a demandé au Gouverneur
à voir ses ordres ?
A dit qu'il ne se souvient pas d'avoir dit au Gouverneur qu'il
ne dépendait que de ses supérieurs, et de lui avoir demandé
ses ordres, et que si en quelque rencontre il avait dit audit Sr
de VAUBOULON qu'il ne dépendait que de ses supérieurs, il ne
croit pas que cela aurait fait aucun crime.
S'il ne s'est pas opposé à tout ce qu'a voulu faire le Gouverneur ?
A dit que non.
Si, à St Paul, faisant son prône, il n'a pas dit que le Gouverneur
était bien hardi d'entreprendre sur le spirituel, et qu'il ne
permettrait jamais qu'un laïque se mêlat de son ministère ?
A dit que non, mais que FIRELIN peut-être par malice
ou affectation confond ce qui s'est passé à l'occasion du prône
entre lui rpondant et le gouverneur ; que le Gouverneur lui
avait donné une formule de prône par écrit, et que lui
répondant ne voulut point s'en servir, mais seulement de
celui dont l' Eglise se sert dans la France qui est à la fin
du Rituel, et qu'il n'y eut point de fâcherie ni de différend
dix-neuvième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.242
à cette occasion entre lui répondant et le Gouverneur.
S'il n'a pas fait des plaintes publiques contre ledit Gouverneur
et s'il ne s'est pas joint aux habitants, en tâchant de les soulever
contre lui et de diminuer son autorité ?
A dit que non.
S'il n'y a pas eu quelque contestation entre eux pour la dédicace
de l'église qui aurait été faite sous l'invocation de St Paul, et qui
avait été mise ensuite sous celle de l'Immaculée Conception ?
A dit que l'église de St paul n'a jamais été dédiée à St Paul,
que le Quartier s'appelle St Paul à cause qu'on s'y est établi
le jour de St paul, et que l'église n'a point eu d'autre dédicace
que celle de l' Immaculée Conception, et qu'il n'a point eu
de dispute avec le gouverneur là-dessus.
S'il n'a pas retranché au Gouverneur par animosité quelque
honneur qu'il lui faisait à l'église ?
A dit que non.
S'ils n'ont pas eu aussi quelque différend à l'occasion de cinq
nègres ?
A dit que le Père Bernardin, qui était précédemment aumônier
de l'Ile avait laissé cinq nègres, lesquels véritablement lui
répondant demanda à son arrivée, croyant qu'ils lui appartenaient
vingtième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.237-2
mais que ledit Gouverneur les retint et ne les voulut
rendre au répondant, lui disant que le Père Bernardin
leur avait donné avant son départ un billet pour aller servir
où bon leur semblerait, et que des nègres qui n'avaient point de
maîtres étaient au Roi, sur quoi il n'y eut pas d'autre contestation.
S'il n'est pas vrai qu'au sujet desdits nègres, lui répondant
dit au Gouverneur qu'il ne pardonnerait jamais à Paul DÉSIRÉ,
parce que ce Gouverneur l'avait commis et préposé pour
commander aux nègres ?
A dit que non, et qu'il a lieu de croire que c'est FIRELIN qui
a inventé tous ces faits.
S'il y avait un autre prêtre dans l'Ile ?
A dit qu'il y avait un autre prêtre nommé CAMERHEN qui
repassa en France sur le vaisseau Les Jeux au mois de septembre
1690.
S'il n'est pas vrai qu'il eut une dispute et une contestation
fort grande avec le Gouverneur à l'occasion du Père Bernardin ?
A dit que la dispute fut entre le Gouverneur et le frère
Anthoine de Lannion, et que lui répondant n'y eut point de part, ainsi
qu'il a dit dans ses précédents interrogatoires.
S'il ne croit point que le Gouverneur ait écrit en France tous
vingt-et-unième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.238-1
les démêlés qu'ils ont eus ?
# A dit qu'il n'en sait rien, mais comme le Gouverneur avait
plusieurs beaucoup d'esprit, il a pu écrire # beaucoup de choses pour
P.Hy MCH prévenir les plaintes qu'on pourrait faire de lui.
Si lui répondant connaît l'écriture du Gouverneur ?
A dit qu'il la connaît.
Nous lui avons représenté le nombre de neuf pièces, lesquelles
ont été attachées par FIRELIN à une requête qu'il a présentée cotées
a6, qui ont plusieurs mémoires et minutes de lettres, et sommé de
nous dire s'il les reconnaît pour être de l'écriture du Sr
de VAUBOULON ; et après que le répondant les a considérées,
a dit que lesdits neuf mémoires ou minutes de
lettres sont écrites de la main dudit Sr de VAUBOULON, et que la
précaution qu'il a eue d'écrire contre lui répondant, n'a été,
comme il a dit, que pour prévenir les justes plaintes qu'on avait
sujet de faire contre ledit Gouverneur.
S'il est vrai que les mémoires aient été écrits avant ou
après l'emprisonnement du Gouverneur ?
A dit qu'il voit par lesdits mémoires qu'ils sont écrits avant
l'emprisonnement, et que le sieur HOUSSAYE dont il est parlé dans
lesdits mémoires partis le 14 7bre 1690 de ladite Ile de Bourbon
vingt-deuxième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.238-2
pour s'en revenir en France, après quoi nous avons
signé et paraphé lesdites pièces, et ont été pareillement
signées et paraphées par le répondant pour demeurer au procès.
S'il n'est pas vrai que le 23 7bre 1692, il maltraité et de
paroles et de coups le nommé VIDOT ?
A dit que non, et qu'il a déjà satisfait à cet article dans une
de ses précédentes réponses.
Nous lui avons représenté un procès-verbal du 23 7bre 1692
attaché à la requête dudit FIRELIN signé d'un très grand nombre
d'habitants de ladite Ile, et sommé d'en reconnaître la vérité ;
A dit que le procès-verbal est faux et malicieusement
écrit et dressé par ledit FIRELIN, et n'est point rempli que de
calomnie et de faux faits, et que les paroles qui y sont
couchées n'ont jamais sorti de la bouche du répondant, et a refusé
de signer et parapher ladite pièce, laquelle néanmoins a été
par nous signée et paraphée pour demeurer au procès.
Nous lui avons aussi représenté une pièce attachée à l requête
dudit FIRELIN cotée O, commençant par ces mots « Journal
de la maladie de Mr de VAUBOULON » non signée, et interpellé
denous dire s'il en connaît les caractères :
A dit que c'est l'écriture de Nicollas LE ROY ci-devant
vingt-troisième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.239-1
chirurgien dans ladite Ile, qui est mort dans le vaisseau
Les Jeux en passant à Surate.
Nous lui avons derechef représenté le nombre de
treize pièces qui sont plusieurs procédures faites contre le nommé
LA CITERNE et sa condamnation de mort, et interpellé de
nous dire s'il connaît de quelle main lesdites pièces ont
été écrites :
A dit qu'elles ont été écrites par le nommé RIQUEBOUR
habitant de l'Ile.
En quel temps ont été dressées deux déclarations qu'il nous
a représentées dans son précédent interrogatoire, non datées,
l'une commençant par ces mots 'Moi Nicolas PETIT' et l'autre
'moi Pierre MARTIN et Nicolle COULON' ?
A dit qu'elles ont été faites et signées après le passage du
Sr DEPRADE, et après que ledit FIRELIN et LE ROY se furent
embarqués dans son vaisseau pour aller à Surate, néanmoins
qu'il ne sait pas si elles ont été faites ou après avant ou
après, mais qu'elles ne lui ont été données qu'après
ledit passage.
Pourquoi il en a écrit une de sa main, et souscrit
dans une autre ?
vingt-quatrième page M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
1.239-2
A dit que lesdites trois déclarations qu'il a représentées lui
avaient été mises en mains pour les apporter en France
au retour dudit Sr DEPRADES, que deux étaient écrites
de la main de HERUY charpentier, mais comme il y en avait
H répandue une sur laquelle il y avait beaucoup d'encre (H), lui répondant
P. Hy la transcrivit et y corrigea quelque chose dans le discours,
MCH y ayant plusieurs termes et mots inutiles, et beaucoup de
répétitions, ainsi qu'il se peut voir dans celle qui est
écrite de la main dudit HERUY, mais qu'il ne changea
rien dans la substance, après quoi il la donna aux trois
particuliers qui l'ont signée, pour la lire et faire un ?
à Nicolas PETIT et y apposer sa marque ; et à l'égard de
l'autre où il a souscrit, cela n'a été que pour certifier
la marque de Pierre MARTIN et de Nicolle COULON sa femme
ainsi qu'il se pratique dans ce pays-là.
Lecture à lui faite du présent interrogatoire.
A dit ses réponses contenir vérité, y a persisté
et a signé.
M. CHEREIL P. Hyacinthe de Quimper C.
vingt-cinquième page
Document suivant
Ce site est hébergé par
Yannick VOYEAUD 1995-2024