Procès Vaubulon

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Déclaration faite par Marc VIDOTTE natif
de Rovigno, de Venise et âgé d'environ vingt neuf
ans et habitant du quartier Ste Suzanne Ile
Bourbon Contre Monsieur HABERT de VAUBOULON
Gouverneur de la dite île

Du 25 Décembre 1690

Disant que Sa Majesté ayant eu la bonté d'écrire
une lettre aux habitants par laquelle Elle leur
marquait qu'Elle voulait prendre soin d'eux et
les soulager et leur aurait envoyé le dit Sieur de
VAUBOULON pour leur Gouverneur lequel bien loin
de les soulager aurait commencé par les piller
en prenant d'eux des sommes d'argent ou ce qu'il
pouvait avoir pour le fond de leurs habitations
avec des menaces continuelles de les faire pendre
ou mettre dans le cachot ainsi qu'il y en a fait
mettre plusieurs leur faisant prendre des
contrats pour leurs habitations ou il mettait
ce qu'il voulait dedans, en prenant les contrats
qu'ils en avaient eu ci-devant des autres Gouverneurs

Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur lui aurait
attrapé deux cents livres de blé, et deux cents
livres de riz pour Monsieur l'Abbé, et que quand
le dit déclarant lui demandait le payement de cela
il le menaçait en lui disant qu'il ne lui devait rien.

Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur et Monsieur
de CHAUVIGNY s'entendaient comme deux voleurs
le dit Sieur de CHAUVIGNY faisait boire de l'eau de vie
à tous ceux qui allaient le voir afin d'attraper
de son côté ayant même donné deux pioches
du magasin au dit déclarant pour présent et
en l'absence du Commis de la Compagnie

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Déclare de plus le dit Marc VIDOTTE que tous les habitants
voyant qu'ils ne pouvaient subsister auraient porté
une requête au dit Sieur Gouverneur pour avoir quelque
égard à leur misère, à quoi il ne fit aucune réponse

Déclare de plus que le Sieur FIRELIN Commis de la Compagnie
aurait été obligé de se retirer à Ste Suzanne pour
éviter les violences du dit Sieur Gouverneur l'ayant mal
traité  dans le magasin de la Compagnie ainsi qu'il
en fit sa déclaration aux dits habitants en sortant
de la messe ayant même fait voir sa joue qui
était rouge et enflée ayant reçu un coup
de bâton dessus par le dit Sieur Gouverneur

Déclare de plus que tous les habitants étaient si
chagrins de voir toutes les injures et menaces
du dit Sieur Gouverneur qu'ils étaient tous prêts
d'abandonner leurs cases pour s'enfuir dans
la montagne ne sachant qu'elle heure leur
était la meilleure, menaçant d'en faire pendre un
pour donner exemple aux autres et de les faire
piller par ses gens, et ayant même commencé
de faire punir Henry BROCUS habitant sur le rapport
de sa négresse et d'un petit nègre d'environ dix ans.

Déclare de plus qu'après que le dit Sieur Gouverneur eut mis
pied à terre il se mit en possession de toutes choses
ayant fait ouvrir une poche qui était cachetée
en l'absence du dit Commis qui était encore à bord
du navire le St Jean ayant fait ôter tout ce qui
était dans le dit magasin, et ayant dit au dit déclarant
qu'il ne pouvait rien acheter du magasin
sans sa permission et que tout était au Roi et 
à lui même et non pas à la Compagnie

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