Procès Vaubulon

Plaintes des habitants

Louis VELLE

2.051									

Déclaration faite par Louis VELLE nègre
du Roy, natif de Madagascar et âgé d'environ quarante
cinq ans, contre Monsieur HABERT de VAUBOULON
Gouverneur de l'Isle Bourbon

Du 15 Décembre 1690


Disant qu'à la venue du dit Sieur Gouverneur en cette Ile, il
aurait commencé de se mettre en possession de tout
et aurait commandé au dit déclarant de lever des cachets
qui étaient sur la serrure de la porte d'un magasin
qui était dans le logis où étaient plusieurs effets
que le Sieur DROUILLARD y aurait fait mettre avant son
départ dont le dit Sieur Gouverneur fit ôter tout ce qui
y était en l'absence du Sieur FIRELIN, Commis de la compagnie
qui était à bord du navire le Saint Jean Baptiste.

Déclare de plus avoir entendu Monseigneur le Gouverneur
menacer les habitants en ayant fait mettre plusieurs
dans le cachot, et ayant même envoyé de ses gens
chez François RICQUEBOURG habitant de Saint Paul
pour le mettre hors de son habitation ou d'y mettre
le feu pour faire brûler ce qui serait dans la case.

Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur lui aurait pris
deux cents quatre vingt livres de riz, dix cochons,
une cave de neuf flacons, un crucifix, quatre
porcelaines, deux couvertes des Indes piquées, quinze
bouteilles d'Angleterre, un bassin à faire le poil de 
porcelaine, et Monsieur de CHAUVIGNY lui aurait
pris deux cents écus de riz par l'ordre du dit Sieur
Gouverneur s'entendant bien l'un avec l'autre.

Déclare de plus que le dit Sieur de CHAUVIGNY lui aurait
commandé un soir de porter deux barils d'eau de vie
chez Pierre MARTIN habitant lui disant de prendre
garde que personne ne le visite.

Marque X du dit
Louis VELLE

2.052 26 Déclare de plus le dit Louis VELLE qu'après que le magasin neuf fut achevé, le sieur FIRELIN lui ordonna aussi bien qu'aux autres nègres de porter plusieurs ferrailles qui étaient restées dans le vieil magasin et le dit Commis étant à les faire ranger, Monsieur le Gouverneur y serait venu qui aurait fait jeter plusieurs planches dehors et aurait ordonné au dit déclarant de ranger des pioches d'un côté du magasin dont le dit Commis lui dit que cela serait inutile et qu'il serait obligé de les faire ôter, sur quoi le dit Sieur Gouverneur se serait mis en colère, et l'aurait frappé de sa canne dont il lui en donna un coup dans le visage et deux coups sur les épaules en le traitant de coquin, de fripon et de misérable et plusieurs autres injures le menaçant de le faire mettre dans un lieu qu'il ne pouvait branler après quoi, le dit Sieur FIRELIN commis, se retira sans rien dire, et s'en fut à Sainte Suzanne et le dit Sieur Gouverneur fit continuer de porter les dites ferrailles Qui étaient dehors dans le magasin. Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur aurait querellé le dit Commis dans le vieil magasin, le dit Sieur Gouverneur voulant le faire démolir avant d'ôter les marchandises qui étaient dedans, et le dit Commis lui disant que c'était pour tout perdu et le dit Commis fit porter plusieurs marchandises par les dits nègres dans le logis du dit Sieur Gouverneur Marque X du dit Louis VELLE
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