Procès Vaubulon
Plaintes des habitants
Jean PITRE
2.059
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Déclaration faite par Jean PIETRE natif
de Rotterdam en Hollande et âge d'environ vingt
sept ans et habitant de Sainte Suzanne Ile
Bourbon contre Monsieur HABERT de VAUBOULON
Gouverneur de la dite île.
Du 19 Décembre 1690
Disant que Sa Majesté ayant fait l'honneur
d'écrire à tous les habitants une lettre par laquelle
Elle leur marquait qu'Elle voulait prendre soin
d'eux et les soulager et leur envoyait pour cet
effet le dit Sieur de VAUBOULON pour leur Gouverneur
lequel bien loin de les soulager aurait commencé
de les piller tous en prenant d'eux des sommes
d'argent pour leurs habitations avec des menaces
continuelles en ayant même fait mettre plusieurs
au cachot.
Déclare de plus le dit Jean PIETRE que le dit Sieur Gouverneur
lui aurait pris deux pistoles qu'il aurait payées
à Monsieur de CHAUVIGNY pour le naturaliser français
et douze cents livres de riz, et douze volailles pour
le fond de son habitation lui ayant fait
prendre un contrat disant qu'il fallait qu'il fît
comme les autres et que s'il venait à mourir
sa femme ne pouvait rien avoir s'il n'était pas
naturalisé et ne lui ayant voulu donner aucun
reçu de l'argent qu'il aurait donné.
Signé Jean PITRE
2.060
Déclare de plus le dit Jean PITRE que le Sieur FIRELIN
Commis de la Compagnie se serait retiré au quartier
de Sainte Suzanne pour éviter les violences du dit Sieur
Gouverneur l'ayant maltraité de coups de bâton dans
le magasin de la Compagnie insi qu'il en fit sa
déclaration aux dits habitants en sortant de la messe
ayant même fait voir sa joue qui était
encore toute rouge et enflée d'un coup de bâton
qu'il avait reçu du dit Sieur Gouverneur.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur aurait fait
pendre son nègre pour avoir été une fois
à la montagne et que le dit déclarant ayant été
demander sa grâce au dit Sieur Gouverneur n'ayant que
celui-là pour l'aider à travailler en son habitation
le dit Sieur Gouverneur ayant dit au dit déclarant qu'il
était bien hardi de lui demander la grâce d'un
bougre de nègre et qu'il avait envoyé chercher
le bourreau pour le faire pendre.
Déclare de plus que tous les habitants étaient si
fort chagrinés voyant que le dit Sieur Gouverneur n'usait
que de menaces qu'ils ne sauvaient tous comme
ils étaient, étant tous prêts d'abandonner leurs
cases pour s'enfuir dans les montagnes
Signé Jean PITRE
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