Procès Vaubulon
Plaintes des habitants
Pierre MARTIN
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Déclaration de Pierre MARTIN natif de Mouchan
en Gascogne et âgé d'environ cinquante huit
ans et habitant du quartier de St Denis Isle
Bourbon Contre Monsieur HABERT de
VAUBOULON Gouverneur de la dite isle,
Du 9 décembre 1690
Disant que Sa majesté ayant fait l'hoinneur
à tous les habitants de la dite Isle de leur escrire
une lettre par laquelle Sa majesté leur marquant
qu'elle vouloit prendre soin d'eux et les soulager
et qu'ainsi Elle leur envoyoit le dit Sieur de VAUBOULON
pour leur Gouverneur, lequel bien loin de les
soulager et de les laisser comme ses enfants et
bons sujets du Roy avoit commencé par les
piller tous en prenant d'eux des sommes
d'argent pour leurs habitations avec un cens
et rente qu'il les auroit obligé de payer tous
les ans suivant les contrats qu'il leur en a fait
de quoy il ne se seroit pas contenté voulant par
la suite achever d'attraper si peu qu'il leur restoit
par des chicanes et menaces continuelles de faire
pendre, traitant tous les dits habitants de coquins et
de fripons disant qu'ils avoient tous mérité la corde
et que si leurs enfants faisoient leur debuoir
ils esgorgeroient tous leurs pères et mères.
Déclare le dit Pierre MARTIN que sept à huit jours
après que le dit Sieur de VAUBOULON eut mis pied à terre
il avoit commençé à rechercher Nicole COLLON (COULON)
femme du dit déclarant et l'avoit obligée de prendre
de luy des lettres de grâce pour la mort d'une
petite négresse dont elle avoit eu sa grâce de
Monsieur BOUREAU le commissaire ayant passé en
Cette Isle dans le navire Le Soleil de Lorient et
Et avoit payé pour cet effet la somme de
Vingt livres dont le dit Sieur VAUBOULON avoit
Retenu le des dits papiers et luy avoit fait payer
Marque X du dit
Pierre MARTIN
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derechef la somme de cent soixante et huit livres
n'ayant marqué dans les dites lettres que la somme de
cinquante livres et vingt livres pour le greffier
ce quy est une fausseté visible disant que la dite
COLLON l'avoit suppliée de luy donner ses lettres
puisqu'elle estoit contente de celles du Sieur BOUREAU.
Déclare de plus le dit Pierre MARTIN que le dit
Sieur de VAUBOULON l'avoit obligé de prendre
un contrat malgré luy de son habitation
dont il a mis ce qu'il a voulu dedans et pour cet
effet luy a fait payer la somme de vingt
livres sans luy avoir voulu donner aucun reçu
et luy ayant vendu la dite habitation en friche
luy avoit encore défendu d'abattre aucun arbre
dans la dite habitation de quatre doigts de diamètre
et ainsi privant le dit déclarant de faire valoir
sa terre.
Déclare de plus le dit MARTIN, avoir coupé un
arbre pour faire un flangorin chez luy dont
le dit Sieur Gouverneur le menaça fort le traitant
de chien et levant mesme sa canne pour le frapper
luy disant que s'il y retournoit il luy fairoit
payer vingt livres d'amende.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur l'avoit encore
une autre fois menacé en défrichant un morceau
de terre de son habitation le dit Sieur Gouverneur luy disant
que le dit Sieur MARTIN en avoit déjà bien fait mais
qu'il luy payeroit le tout d'un coup.
Déclare de plus le dit Sieur MARTIN que le dit Sieur Gouverneur
l'avoit obligé avec son noir de travailler à faire
du charbon sans luy en donner aucun payement
ny mesme luy fournir d'outils et de nourriture.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur luy avoit encore
attrapé la somme de 40 tt pour avoir vendu une
habitation à St Paul quy luy avoit esté donnée par
Monsieur de FLEURIMOND cy devant Gouverneur le menaçant
De luy en faire payer deux cents escus
marque X du dit
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Déclare de plus le dit Pierre MARTIN que le dit Sieur
Gouverneur luy avoit pris une demie pièce de
toile de quatres escus disant qu'il luy payeroit
luy demandant si la chemise quy estoit sur son dos
estoit à luy et que s'il envoyoit ses gens piller
son coffre par son ordre qu'est-ce qu'il diroit
dont le dit déclarant dit qu'il les traitoit de voleurs
et le dit Sieur Gouverneur reprit que par son ordre ils
avoient tous pouvoirs.
Déclare de plus le dit MARTIN que le dit Sieur Gouverneur
ayant passé chez luy en son absence il avoit
demandé la clef de son coffre à sa femme disant
qu'il y avoit des estoffes dans le fond quy se
pourissoient
Déclare de plus que le Sieur De CHAUVIGNY luy avoit
vendu dix pots d'eau de vie, le dit Sieur de CHAUVIGNY
ayant le mesme pouvoir du dit Sieur Gouverneur l'ayant
dit aux dits habitants et estant son secrétaire.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur l'avoit obligé de
travailler avec son nègre à faire deux lieux de
chemin sans leur fournir de vivres ny d'outils
n'osant encore rien dire.
Déclare de plus que le Commis de la Compagnie
n'a eu aucun pouvoir dans l'isle ayant esté obligé
de vivre chez un habitant après avoir esté mal
traité du dit Sieur Gouverneur dans le magasin de la Compagnie
et que le dit Sieur Gouverneur avoit de plus esté obligé de
s'accomoder avec les dits habitants pour faire
vivre les dits ouvriers.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur avoit dit qu'il
n'avoit rien icy à la Compagnie et qu'il ne la
connaissoit en rien, que c'estoit des bougres de chiens
des fauctiers et jusque mesme a ses valets quy
en mal parloient, et que le dit Sieur Gouverneur a vendu
des moulins à bras à son profit quy sont des effets
de la Compagnie s'estant mis en pocession de toute
chose à son arrivée
marque X du dit
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Déclare de plus le dit Pierre MARTIN que le dit Sieur Gouverneur
avoit fait faire amende honorable à Henry
BROCUS la corde au col avec un escripteau devant
luy et conduit au carquan par le boureau sur
le témoignage de sa négresse et d'un petit
nègre d'environ dix ans, ce quy a donné bien
de la terreur aux dits habitants ayant esté obligés
de mettre leurs hardes entre les mains du R.P.
HYACINTHE et tous prests d'abandonner leurs habitations
pour s'en aller à la Montagne par ses menaces
continuelles.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur avoit fait
mettre François RICQUEBOURG habitant de St Paul
dans le cachot et auvoit envoyé de ses gens chez
luy pour piller et en avoit aussi fait mettre
plusieurs autres dans le cachot.
marque X du dit
Pierre MARTIN
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