Procès Vaubulon
Plaintes des habitants
Jean JULLIEN
2.073
37
Déclaration faite par Jean JULLIEN natif de
la ville de Lyon et âgé d'environ cinquante ans
et habitant du quartier de Ste Suzanne Ile Bourbon
Contre Monsieur HABERT de VAUBOULON Gouverneur
de la dite Ile
Du 20 décembre 1690
Disant que sa majesté ayant eu la bonté d'écrire
une lettre aux habitants par laquelle elle leur
marquait qu'Elle voulait avoir soin d'eux et les
soulager et leur envoyait pour cet effet le dit Sieur
de VAUBOULON pour leur Gouverneur lequel bien
loin de les soulager aurait commencé par les piller
en leur prenant tout ce qu'il pouvait avec des
menaces continuelles de faire pendre ou
mettre au cachot y en ayant fait mettre plusieurs
et qu'il était le maître de les faire pendre s'il
voulait disant que la plupart des dits habitants
auraient mérité la mort.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur l'aurait envoyé
à Monsieur de CHAUVIGNY pour s'accommoder de son
habitation, lequel lui demanda combien il voulait
donner dont le dit déclarant lui dit qu'il n'avait point
d'argent à donner et qu'il pouvait donner un peu
de Riz, et le dit Sieur de CHAUVIGNY voyant qu'il ne pouvait
avoir d'argent de lui, le chassa de sa chambre en
l'injuriant, et ensuite le dit Sieur Gouverneur lui fit
un contrat à sa mode où il mit ce qu'il voulut.
Déclare de plus avoir donné cinq cents livres de riz
au dit Sieur Gouverneur pour le fond de son habitation deux
cents livres de riz pour la rente, six coqs d'Indes
ou qu'autrement le dit Sieur Gouverneur m'enverrait des gens
chez lui pour prendre ce qu'il aurait dans son habitation
Marque X du dit
Jean JULLIEN
2.074
Déclare de plus le dit Jean JULLIEN Avait donné son
contrat de son habitation que Monsieur d'ORJERET
cy devant Gouverneur lui avait donné, dont le dit Sieur
Gouverneur le garda en disant que le dit Sieur ORGERET
n'avait aucun pouvoir.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur lui aurait pris
un quartier d'un bœuf qu'il voulait donner au
navire Les Jeux et un coq d'Indes dont le dit Sieur Gouverneur
ne lui en a voulu tenir aucun compte le menacant
en lui en demandant le paiement.
Déclare de plus que le dit Sieur et le Sieur
de CHAUVIGNY s'entendaient comme deux voleurs
tirant tout ce qu'ils pouvaient des dits habitants
le dit Sieur Gouverneur lui ayant fait porter autant
d'honneur qu'à lui même étant son grand ami
et que le dit Sieur de CHAUVIGNY aurait vendu plusieurs
marchandises du magasin en l'absence
du Commis de la Compagnie qui était à Saint Paul
et étant fort libre de faire boire de l'eau de vie
à ceux qui allaient le voir dans sa chambre.
Déclare de plus que le dit Sieur Gouverneur lui aurait
fait reproche que les dits habitants ne lui portaient
rien quand ils allaient le voir et qu'il lui en
coûtait une barrique d'eau de vie pour les faire
boire disant qu'il ne saurait pas qui lui paierait
Déclare de plus que les dits habitants voyant la
misère où ils étaient de ne pouvoir subsister
n'ayant aucune permission de chasser, les dits
habitants lui auraient présenté une requête
pour lui faire voir la misère où ils étaient
dont le dit Sieur Gouverneur n'en aurait tenu aucun
compte sans les soulager
Marque X du dit
Jean JULLIEN
2.075
38
Déclare de plus le dit Jean JULLIEN que le dit le Sieur FIRELIN
Commis de la Compagnie aurait été obligé de se
retirer au quartier de Sainte Suzanne pour avoir été
maltraité du dit Sieur Gouverneur dans le magasin de
la Compagnie ainsi qu'il en fit sa déclaration
aux dits habitants après la messe dite et ayanat
même fait voir sa joue qui était rouge et
enflée ayant reçu un coup de bâton dessus
par le dit Sieur Gouverneur
Déclare de plus que les dits habitants voyant toutes
les menaces du dit Sieur Gouverneur étaient tous prêts
d'aller à la montagne et abandonner leur cases
ayant vu l'injustice qu'il aurait faite à Henry
BROCUS habitant de Ste Suzanne
Marque X du dit
Jean JULLIEN
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