Procès Vaubulon

Plaintes des habitants

Étienne HOIREAU

2.156

Déclaration faite par René Hoireau natif
de la paroisse de Menneville en Picardie et âgé
d'environ quarante huit ans et habitant du quartier
St Paul Ile Bourbon contre Monsieur HABERT 
de VAUBOULON Gouverneur de la dite Ile

du 9 Janvier 1691

Disant que Sa Majesté ayant eu la bonté d'écrire une
lettre aux habitants par laquelle Elle leur marquait
qu'elle voulait prendre soin d'eux et les soulager et
leur envoyait pour cet effet le dit Sieur de VAUBOULON
pour leur Gouverneur lequel bien loin de les soulager
aurait commencé par les piller en prenant d'eux
des sommes d'argent pour le fond de leurs
habitations quoiqu'elles fussent bien à eux
et leurs faisant prendre des contrats ou il leur
faisait payer des rentes plus considérables qu'ils
ne pouvaient même faire dans leurs dites habitations
avec des menaces continuelles d'en faire pendre
quelques uns pour donner exemple aux autres

Déclare de plus que quelques temps après que le dit Sieur
de VAUBOULON fut dans l'île il fit avertir les
habitants du quartier St Paul pour aller à St Denis
prendre des contrats pour leurs habitations et
le dit déclarant l'ayant été donner, le dit Sieur de VAUBOULON
le fit asseoir auprès de lui dans sa chambre, lui
demandant son nom et âge, et combien d'enfants il
avait et après lui dit de s'en aller promener en attendant
que son contrat fût fait, et environ une heure
après un des gens du dit Sieur de CHAUVUGNY lui fit lecture
de son contrat d'une manière qu'il n'entendait rien
de tout ce qu'il dit et après lui avoir fait lecture
du dit contrat, lui dit qu'il fallait se confesser
ce qui donna lieu de croire au dit déclarant que c'était
de l'argent qu'il lui demandait et ainsi lui dit qu'il
lui donnerait dix écus, sur quoi le dit Sieur de CHAUVIGNY

Marque X du dit
rené Horreau

2.157 lui dit qu'il fallait bien qu'il parlât d'une autre manière, ensuite de quoi le dit déclarant lui offrit quinze écus, sur quoi le dit Sieur de CHAUVIGNY lui fit boire un coup d'eau de vie disant qu'il était bien froid et qu'il parlerait mieux après, et ainsi le dit déclarant se voyant ainsi pressé de près fut contraint de payer vingt cinq écus, ensuite de quoi le dit Sieur de CHAUVIGNY lui donna son contrat où il lui faisait encore payer tous les ans cent livres de blé, dix livres d'aloès et douze volailles, ce qui chagrina fort le dit déclarant de se voir ainsi maltraité espérant acheter des marchandises du magasin de son argent. Déclare de plus que le dit Sieur de CHAUVIGNY lui a vendu des marchandises du magasin en l'absence du commis qui était à St Paul pour les affaires du navire le St Jean Baptiste Déclare de plus que les habitants voyant qu'ils ne pouvaient subsister et même quand il en viendrait dans l'île étant contraints de manger ce qu'ils avaient dans leurs habitations et ainsi furent obligés de présenter une requête au dit Sieur de VAUBOULON pour avoir de lui quelque permission de chasser à quoi le dit Sieur de VAUBOULON ne voulut rien entendre leur défendant même de lui faire de remontrance à l'avenir et ensuite envoya une requête à St Paul où il lui défendait de se plaindre sur peine de la vie. Marque X du dit René LOIREAU
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