Procès Vaubulon
Réponse de Michel FIRELIN au Père Hyacinthe
2.395
Pour Michel FIRELIN
défendeur et accusé, contre Monsieur
le procureur du Roi du Siège Présidial de
Rennes, et autres accusés.
FIRELIN Est dit à la Justice que les prétextes de voeux
et habit de capucin du Père Hyacinthe que l'on
a pris pour rendre les coeurs sensibles et
disposer les esprits à recevoir les impressions
funestes qu'il fait publier par tous ses émissaires
contre ledit FIRELIN, par un factum auquel on
n'a pas le temps de répondre, sont grands et
spécieux en apparence, et d'un autre côté par
la diversité des états des accusés, on en
veut tirer des soupçons, des conjectures contre
ledit FIRELIN qui n'est coupable que parce que
le Père capucin le veut noircir.
Mais il n'est pas sans exemple que
des religieux et missionnaires ayant
quitté la clôture changent d'esprit, et en apparence
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abusant, et le Père Hyacinthe n'est pas le
premier des religieux contre qui on ait
formé des accusations capitales; il n'y en a
que trop d'exemples, et quelque fausses couleurs
recherchées qu'il puisse donner, il passera
toujours au travers de ces faux nuages, que
le mensonge et l'imposture élèvent, que ce fut
lui qui médita et résolut de faire arrêter
le Sieur de VAUBOULON, et ordonna aux habitants
et ouvriers de le faire.
Aussi, quelque déguisement qu'il ait pu
faire, il a été forcé de reconnaître qu'il le
conduisit et le fit mettre dans le cachot
dont il veut insinuer que ledit FIRELIN
fut l'auteur, contre ce que le Père capucin
a reconnu et signé, dans un temps qu'il
prévoyait pas cette accusation, dont pour
se décharger par des discours étudiés,
il s'efforce d'insinuer que ce qu'il en fit
ne fut que pour empêcher qu'il fût
arrivé plus grand désordre, par un étrange
changement.
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Le Père capucin ne tenait pas alors ce
langage, et quelque chose qu'il puisse dire,
il ne peut pas détruire ce qu'il a reconnu et
signé par son procès-verbal, et par ses
lettres, entre autres par celle du 26e 9bre 1690
annonçant (?) qu'il venait de le faire arrêter.
Il convient que le dix-septième octobre
1690, FIRELIN alla le trouver à Sainte Suzanne
pour le prier de faire sa paix avec le
Sieur de VAUBOULON qui lui avait donné
des coups de canne, et il est prouvé qu'il
ne fut que trois à quatre jours qu'il ne
retournait audit Sieur de VAUBOULON, sans
avoir fait des assemblées avec les habitants;
il est reconnu qu'il n'avait été à cette
Ile de Sainte Suzanne, qu'il n'y connaissait
personne, ce qui fait bien présumer qu'il
ne sollicita à arrêter le Gouverneur,
au contraire, le Père capucin a reconnu
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que FIRELIN était allé le trouver pour
faire sa paix avec le sieur de VAUBOULON
et qu'il le fit, ce qui marque qu'il avait
bien d'autres sentiments que de faire une
conspiration contre lui.
Les lettres produites justifient que le
Sieur de VAUBOULON lui donna ses ordres
depuis, et il ne se trouvera pas informé
que du depuis, il soit retourné à Sainte
Suzanne ni fait aucune assemblée
avec les personnes qu'il ne connaissait
et avec lesquelles il n'avait l'habitude.
C'est une imposture que FIRELIN ait fait
aucun complot d'arrêter le Gouverneur
chez le nommé ROYER sous prétexte
d'épouser sa fille qu'il ne connaissait, et
même ne pensait au mariage, elle
n'avait alors que neuf à dix ans, et le
Père capucin sait que FIRELIN n'y pensa
ne pas épouser
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qu'au mois de mai 1694, et qu'il
l'épousa le quatrième juin, et non en 1691
comme l'avance le père capucin contre la
vérité, leur ayant administré le sacrement.
FIRELIN qui n'avait de connaissances ni
d'habitude à Sainte Suzanne ne peut être
soupçonné d'avoir fait une conspiration avec
les habitants, n'étant pas retourné à Sainte
Suzanne où le père capucin, étant le tout
puissant, il lui fut facile de faire la
conspiration, étant animé dontre le sieur de
VAUBOULON, ce qu'étant, il est vrai de
dire que ce fut le Père capucin qui fit
le complot et la conspiration, étant animé
Il se voit par des mémoires écrits de
la main du sieur de VAUBOULON, qui se
plaignait du Père Hyacinthe, que c'était
un moine qui avait du bel extérieur
de dévotion, étant à charge au Roi et aux
2.400
habitants, et qui, en établissant sa
besace (?) prenait des mesures pour diminuer
l'autorité du Gouverneur, et qu'il
prêchait pour empêcher les habitants d'obéir
au Gouverneur, qu'il était un ignorant,
emporté et violent, et autres termes
qui marquent manifestement qu'ils
n'étaient d'intelligence, au contraire, que
le Père Hyacinthe avait conçu de la haine
et de l'aversion contre ledit sieur de
Gouverneur, et pour preuve,
quatre
Met trois feui feuilles feuilles de papier et
quatre cinq cartes de papier, et le tout de
l'écrit et main du feu Sieur Gouverneur,
A. B. coté. a B
sept pièces
fin neuf
Ce Bon Père capucin ne vivait
pas si religieusement, comme on le
veut insinuer par son factum qui n'est
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rempli que d'impostures et faux
faits (contraires ?) dont il n'est pas concevable,
comme il a le front de les avoir fait
imprimer, et si l'on donnait le temps
d'approfondir les preuves, il se trouverait
convaincu d'avoir fait le complot et
conspiration dudit FIRELIN qui n'y a eu
aucune part.
Il a conçu de la haine contre ledit
FIRELIN même parce que ledit FIRELIN
rapporta un procès-verbal du 28e 7bre 1692
des violences qu'il avait fait, et des mots
injurieux qu'il avait proférés, en appelant
des particuliers coquin et cornard, en
jurant et blasphémant, donna des coups
de bâton, en disant qu'il les ferait tous
pendre et autres menaces, lequel
procès-verbal est signé de quatorze
personnes, et pour le justifier,
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B. C. une Met par original le procès-verbal
pièce dudit jour 28e 7bre 1692, coté B C
Depuis le procès-verbal, il conçut
une haine implacable et mortelle
contre ledit FIRELIN, ce qu'étant, on ne doit
ajouter foi à tout ce qu'il dit contre
ledit FIRELIN, c'est néanmoins un bon
religieux qui n'a pensé qu'à travailler
pour les allies salut des âmes.
Si l'on veut ajouter foi à son factum,
il faut que ce religieux capucin ait
résolu de perdre FIRELIN quoique innocent,
ayant par une imposture avancé que
le sieur de VAUBOULON avait été
empoisonné, quoiqu'il n'y ait de preuve,
et lorsque le procès-verbal de LEROY chirurgien
fasse preuve du contraire, n'étant mort que
d'une maladie, le Père Hyacinthe ne
2.403
cherchait, ni aussi FIRELIN, que le conserver
pour l'envoyer en France.
Si l'on avait le temps d'instruire, il serait
facile d'informer que le père Hyacinthe ne vivait
pas dans l'étroite obéissance observance, mais comme
cest un Gouverneur, et que les habitants
étaient ses créatures, et le procès-verbal
qu'il fit lui donna le démenti de ce qui
est supposé par son factum, puisqu'il a
reconnu que ce fut lui qui résolut
d'arrêter le Gouverneur, ce qu'il fit ayant
fait son complot avec ceux qui vinrent
à Saint-Denis, et quelques allégations
qu'il puisse faire, elles ne peuvent
détruire la vérité qu'il a reconnue et
répétée en plusieurs endroits de son procès-
verbal qu'il fit et dressa lui-même, et
que ce fut sur s parole et ses ordres
qu'il fut arrêté, qu'il cesse donc de dire
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que ce fut FIRELIN qui le fit arrêter
puisque le père capucin le fit arrêter
sur les plaintes des habitants qui lui
donnaient tous leurs biens en garde, ainsi
qu'il l'a reconnu, le père capucin écrivit
à FIRELIN en 1691 qu'il dirait le lendemain
pour remercier Dieu de l'emprisonnement
du Sieur de VAUBOULON fait à pareil jour,
et qu'en le faisant bien garder, il n'y
aurait rien à craindre de tous ceux dont
ils étaient menacés, comme le père
capucin lui avait écrit dès le mois
d'avril que le sieur Gouverneur ne
cherchait que les moyens de se défaire
d'eux, croyant par leur mort avoir
sa liberté, et lui donnant ainsi de se
tenir bien sur ses gardes, ce qui fait voir
quel était l'esprit de ce père capucin.
2.405
Mais enfin, quelques impostures et
faux faits qu'il puisse alléguer, cela
ne peut prévaloir à la vérité reconnue
dans un temps qu'il était en liberté,
et qu'il rendait témoignage public de
la vérité, et qu'il se chargeait du crime
s'il y en avait eu, cette action toute innocente
qu'il croyait faire pour l'intérêt de Sa
majesté, et le bien et repos publics, et
autres motifs portés par sondit procès-
verbal, et aujourd'hui par un étrange
changement, il veut imputer à FIRELIN
d'avoir fait le complot d'arrêter le Sieur
Gouverneur contre la vérité des faits
qu'il reconnut et signa, la lecture de
sondit procès-verbal en fait la conviction
des suppositions et de son
imposture.
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FIRELIN avait la Commission et son
emploi, c'était un jeune homme qui
ne peut être soupçonné d'une telle entreprise,
dont il n'y avait que le père capucin qui
en fût capable; il avait fait de longs
voyages, en Turquie et ailleurs, c'est un homme
de tête et hardi, et de résolution à tout
entreprendre, et au contraire FIRELIN qui
était âgé de vingt ans et sans
expérience n'en était capable, et cela
ne lui pouvait pas tomber en la
pensée. Il faut donc que le père
capucin confesse que FIRELIN est tout
innocent dont il le veut charger, sans
crainte de perdre un innocent par son
faux témoignage prouvé par sondit
procès-verbal dont la Justice est
suppliée de faire la lecture, et des autres
pièces.
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Le Père capucin avec ceux de son
parti le veulent faire passer pour
coupable des faits dont il est innocent,
ce n'est point de supposition quand on a
dit que le père Hyacinthe nomma les
juges pour LA CITERNE, et qu'il donna
l'autorité à FIRELIN d'avoir deux voix,
mais il ne voulut pas être des juges
aussi ne se trouve-t-il pas qu'il ait signé
la condamnation.
Il serait à souhaiter pour l'innocence
de FIRELIN que le procès fût instruit dans
l'ile de Bourbon, la vérité se découvrirait,
et que le père Hyacinthe ait est le
menteur et l'auteur de ce que fait
a été, ce qu'étant, il ne serait pas
juste de pendre un innocent.
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sur des impostures et faux faits
contraires (?) et médités et publiés pour
mieux disposer les esprits à de
funestes impressions contre un innocent
qui n'espère pas que la Justice éclairée
donne à la préoccupation, mais
qu'elle se portera à examiner la
vérité des faits, et touchée de compassion,
qu'elle lui adjugera les fins et
conclusions.
FIRELIN
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