Procès Vaubulon
Plaintes des habitants
Gilles DUGAIN
2.091
Déclaration faite par Gilles DUGAIN natif
de St Malo en Bretagne et âgé d'environ vingt sept
ans et habitant du quartier Ste Marie Ile Bourbon
contre Monsieur HABERT DE VAUBOULON Gouverneur
de la dite île
Du 21 Décembre 1690
Disant que Sa majesté ayant eu la bonté d'écrire
une lettre aux habitants par laquelle Elle leur
marquait qu'Elle voulait prendre soin d'eux et les
soulager leur envoyant pour cet effet le dit Sieur de
VAUBOULON pour leur Gouverneur lequel bien loin
de les soulager, aurait commencer à son arrivée
à les piller en prenant d'eux ce qu'il pouvait
attraper pour le fonds de leurs habitations, avec
des menaces continuelles de les faires pendre disant
même que s'il faisait son devoir il les faisait
tous passer au fil de l'épée, et qu'il faisait crever
tous les vieils habitants pour jouir plus facilement
de la jeunesse.
Déclare de plus que le dit Sieur de VAUBOULON l'a fait
travailler en qualité de maçon pour tout son
service que pour celui de la Compagnie donc il
lui a retenu 70 journées et lui a de plus
rabattu 4 sols par jour pour nourriture sur ses
autres journées l'ayant maltraité de coups
de bâton à son travail, avec des menaces continuelles
de le faire crever dans le cachot ne voulant
entendre aucune raison.
Déclare de plus que le dit Sieur de VAUBOULON lui a
retenu pour neuf livres de toile que Monsieur
de CHAUVIGNY avait prises sur son compte au
magasin, s'entendant ensemble comme deux voleurs
Marque X du dit
Gilles DUGAIN
2.092
Déclare de plus le dit Gilles DUGAIN avoir entendu
dire au dit Sieur de VAUBOULON qu'il ne connaissait
la Compagnie en rien et que tout ce qui était
dans l'île était au Roi
Déclare de plus avoir vu le dit Sieur de VAUBOULON entrer
dans le magasin de la Compagnie où était le Sieur
FIRELIN, Commis, à faire apporter et ranger les
marchandises dans le dit magasin et quelques temps
après entendit du bruit dans le dit magasin dont il
apprit que le dit Sieur Gouverneur avoir maltraité le dit
Commis, et ensuite vit sortir le dit Commis du dit
magasin qui s'en fut à Ste Suzanne.
Déclare de plus qu'environ huit jours après le dit Commis
revint de Ste Suzanne avec le R.P. HYACINTHE, et fut
parler au dit Sieur Gouverneur avec tous les ouvriers, et le dit Sieur
Gouverneur ayant renvoyé les dits ouvriers, fit rester
le dit Commis dans sa chambre et l'interrogea dont on
entendait du bruit de temps à autre, et furent là
jusqu'à midi, ce qui inquiétait fort le R.P. HYACINTHE
et a entendu plusieurs fois le dit Sieur Gouverneur traiter le dit
Commis de coquin et de fripon.
Déclare de plus avoir vu faire faire amende honorable
à Henry BROCUS par le bourreau devant l'Eglise et ensuite
attaché au carcan, ce qui donna bien de la terreur
aux dits habitants voyant même ses menaces continuelles
Déclare de plus que les habitants, voyant qu'ils ne
pouvaient subsister, furent obligés de porter une
requête au dit Sieur de VAUBOULON pour avoir quelque
permission de chasser, de quoi il ne tint aucun
compte, ne voulant entendre de remontrance de
personne, et disant qu'il était le Roi dans l'île
comme le Roi en France et qu'ainsi on ne pouvait
trouver rien a redire à ce qu'il faisait.
Marque X du dit
Gilles DUGAIN
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