Deux d'HÉBÉCOURT à Saint-Domingue

Le dossier de Louis Amand d'Amiens d'Hébécourt, dans la série 2 YE des Archives de la Guerre, contient un état des services calligraphié reconstitué par l'intéressé lui-même et daté du 15 frimaire an 13.
On lit qu'il avait alors 32 ans, était né à Tracy-le-Mont (Oise). Il avait donc fait campagne à l'Armée du Nord, à l'Armée d'Italie et à Saint-Domingue.
On lit : Embarqué le 30 ventôse an 6 sur la frégate La Cocarde partie de Brest le même jour.
Nommé par le général HÉDOUVILLE commissaire des guerres et des classes au Port-au-Prince à l'évacuation des Anglais, chargé en chef du service et de la revüe des troupes de l'armée de l'Ouest en marche contre les rebelles. Pris par les brigands à l'arrivée de l'armée aux ordres du général LECLERC, condamné par les brigands à être fusillé avec 600 Blancs de la ville du Port-au-Prince. Blessé dangereusement au moment du massacre, sauvé par les secours d'une femme de couleur,
passé consul à Baltimore à l'évacuation des Gonaïves et du Port-au-Prince.

Il fait l'objet d'attestations flatteuses de l'adjudant commandant GRANDSAIGNE, de l'adjudant commandant en chef de l'état-major de l'armée de Saint-Domingue Christophe J. GUIN, d'officiers du conseil d'administration de Clermont-Oise et de Joseph BIZOUARD, payeur général de la Marine. GRANDSAIGNE signale les missions d'HÉBÉCOURT aux Gonaïves et au Môle Saint-Nicolas. Il n'a qu'à se féliciter de ses services aux Etats-Unis. GUIN précise qu'HÉBÉCOURT fut conduit à la maison d'arrêt à l'apparition de l'escadre de LATOUCHE-TRÉVILLE, avec l'adjudant commandant SABÈS et le lieutenant de vaisseau GÉMON, envoyés de la division BOUDET commandant les troupes de débarquement. Pascal SABÈS, adjudant commandant, ex-commandant de la place du Cap, indique entre autres qu'HÉBÉCOURT et ses compagnons furent conduits par les insurgés à La Croix-des-Bouquets pour y être massacrés. SABÈS écrit de Bordeaux, le 1er brumaire an 13. L'appréciation de BIZOUARD est aussi très positive mais plus générale.

À son retour en France, que dire?
Que le lecteur des dossiers de Louis Amand d'Amiens d'HÉBÉCOURT et d'Honoré Augustin d'Amiens d'HÉBÉCOURT, de la série 2 YE, risque fort de mêler leurs biographies.
Étudions un certificat du ministère de la Marine et des Colonies, daté du 26 juin 1814, concernant Augustin d'HÉBÉCOURT.
A en juger par les dates, l'ordre précité est un détail sinistre car Augustin d'HÉBÉCOURT aurait été passager du navire ramenant en France le corps du général LECLERC.
On dispose d'un extrait de l'état original des services de Louis Amand d'Amiens d'Hébécourt de Longuecamp, "de la famille de Mr de CHAMPEAUX". L'original aurait été envoyé à la chancellerie de l'ordre de la Réunion. Grâce également à d'autres documents de son dossier, à vrai dire, on sait qu'Augustin est né le 1er mars 1764 à Faverolles près Montdidier de Michel et d'Augustine LE MARCHANT. Ailleurs, son père se prénomme Noël Michel Augustin et il est conseiller du Roi.
Le fils, Honoré Augustin, le cas échéant Augustin Honoré, fut En voici donc un second qui est consul à Baltimore et porte en France le traité de la Louisiane.
Augustin passe ensuite dans le corps des ingénieurs du cadastre de France en 1804, est nommé vérificateur le 1er janvier 1806, ingénieur-en-chef vérificateur le 1er janvier 1808 et n'a quitté son poste qu'à l'évacuation du département des Bouches de la Weser. Il a dirigé le levé de plans de 154 communes de 1808 à 1813. Il est major de cavalerie du Premier Corps Franc du département de la Seine le 21 mars 1814. Le 21 mai 1814, il postule pour un emploi d'ingénieur géographe ou de major d'un régiment destiné à passer aux colonies. C'est qu'il est propriétaire à la Martinique et à Saint-Domingue. On lui répond que les postes d'ingénieurs géographes sont réservés aux polytechniciens.

C'est Louis Amand d'Amiens d'HÉBÉCOURT, apparemment, qui se maria à Orléans en 1815. Le maire de la ville, par lettre du 5 avril 1815, donne un avis favorable au mariage de Mlle Emelie FOUCHER de LASSERAY, fille de Jean, avocat, suppléant du juge de paix du 4ème arrondissement, et de Mme LAVAINTE avec Louis Amand Augustin d'Amiens d'HÉBÉCOURT, major de cavalerie et officier de la Légion d'Honneur.

En tout cas, ces dossiers en partie reconstitués nous valent deux consuls-qui-apportent-en-France-le-traité-de-la- Louisiane et deux majors de cavalerie donc il convient donc d'approfondir encore la biographie.
Aux Archives de la Marine existe un petit dossier d'HÉBÉCOURT fils, d'HÉBÉCOURT cadet à l'intérieur du dossier.
Il est commissaire de 2ème classe en l'an 8.
Le dossier contient une lettre du 10 germinal an 10 de COISNON, directeur du collège de La Marche, à Monsieur PONUT (si j'ai bien lu) chef adjoint du bureau colonial. COISNON demande si le père du jeune d'HÉBÉCOURT est encore en France. Il n'a pas le cœur de mettre à la rue l'enfant qu'il éduque. Il souhaite également savoir ce que son Excellence a décidé relativement au petit enfant du rebelle CLERVAUX.
Le dossier du capitaine de vaisseau Jean-Baptiste GÉMON confirme que l'intéressé était effectivement à Saint-Domingue avec l'armée LECLERC mais ne contient aucune allusion à l'arrestation évoquée ci-dessus. Il est vrai que, pour épais et complet qu'il soit, ce dossier traite d'une carrière bien remplie en termes sobres.
En tout cas, aussi bien d'HÉBÉCOURT que SABÈS et GÉMON ont survécu au massacre de la Croix-des-Bouquets. GÉMON prit sa retraite en date du 1er août 1821.

Le registre 24 Yc 186 (16e Dragons ex-Orléans 1er volume 1786 à ventôse an II) signale D'HÉBÉCOURT Augustin Honoré Damien, fils de Michel et de feue Augustine LE MARCHAND, né le 1er mars 1764 à Faverolles par Mondidier juridiction dudit lieu.


Pour l'amour de la Caraïbe, notons dans le même registre Dans le registre 187 (16e dragons du 4 germinal an II au 1er fructidor an XII,
Louis Amand d'HÉBÉCOURT s'étant enrôlé dans le régiment de "Provence-Inférieure", consultons le registre 14 Yc 5 (4e rgt d'infanterie Provence 1786 à an XII).
Il y est, Louis Amant d'HÉBÉCOURT, dit Lavolonté, né le 25 août 1772 à Tracy-le-Mont, juridiction de Noyon en Picardie, de Noël Michel Augustin et de Thérèse LONGUECAMPE. Il était de la compagnie BOURNET, engagé le 3 mai 1788, déserteur le 13 juillet 1789.
S'était engagé le même jour, dans le même corps, son frère Alexandre Michel D'Amiens d'HÉBÉCOURT, dit Lapensée, né des mêmes le 1er avril 1771, à Tracy-le-Mont. Alexandre Michel fut aussi de la compagnie BOURNET, Tilly le 20 mars 1791, fourrier le 20 3 1791, sergent le 7 avril 1792.

Pierre BAUDRIER



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