M. LOUIS TISSIER
M. Louis Tissier, sénateur du Vaucluse, a longtemps siégé au Palais-Bourbon avant d'entrer au Luxembourg. Plus longtemps encore, il a fréquenté les milieux politiques en qualité de secrétaire et d'ami de M. Camille Pelletan. Or, a attribué à M. Tissier une grosse influence sur son maître: le fait est que M. Tissier fut toute sa vie attaché au député des Bouches-du-Rhône. Il était lié à lui comme l'ombre au corps; il n'eut pendant trente ans qu'un foyer, c'était la maison Pelletan, où Tissier... régnait et gouvernait travaillant avec le maître, attaché à ses pas, collaborant avec lui à toutes les heures, partageant ses repas et si, pour des motifs de service, ils se trouvaient séparés momentanément, ils se retrouvaient facilement à l'heure de l'absinthe. Aussi lorsque M. Combes appela M. Camille Pelletan rue Royale, il fallait voir l'effarement dans l'amirauté. A la rigueur ils auraient subi un ministre civil, mais un chef de cabinet civil qui arrivait précédé d'une réputation d'audace et presque d'antimilitarisme! Il y eut un moment d'afollement. L'amiral Bienaimé n'en revenait pas. On prêtait même au chef du Cabinet des mots cinglants. Quelqu'un parlait d'un vice-amiral. "Oh! celui-là, interrompi M. Tissier, je lui ferai porter ma valise!" Durant toutle temps du séjour de Pelletan rue Royale, M Tissier garda son influence jusqu'au jour où le maître crut bon reconvoler en justes noces avec une institutrice charmante qui disputa avantageusement, paraît-il, l'influence de son collaborateur. Les deux amis continurent tout de même à se voir, à collaborer et tenir tête aux adversaires si nombreux du ministre de la Marine. A la chute cabinet Combes, M. Tissier se présenta comme député en Vaucluse, son département d'origine, et il fut élu. Très simple, très intelligent, docteur ès sciences, travailleur, accueillant... et bon, M. Tissier su garder la sympathie et la confiance de ses électeurs. Les violences du député de Vaucluse étaient plutôt verbales: elles se traduisaient souvent par un projet loi marqué au coin du bon sens et qu'il defendait en tout cas avec éloquence et sincérité. A la Haute Assemblée, il fait partie des Commissions importantes et ses avis sont loin d'être négligés par ses collègues. Ajoutons que M. Tissier a longtemps appartenu à la presse parlementaire et il a gardé auprès de tous ses confrères de sérieuses sympathies.