M. EUGÈNE RAYNALDY
Lorsque, il y a une trentaine d'années, M. Waldeck-Rousseau plaidait dans une des chambres de la Cour d'Appel de Paris, il remarquait, assis au banc des avocats, un jeune stagiaire qui suivait attentivement la parole du maître. L'illustre avocat l'interrogea un jour, lui fit avouer son admiration et se plut à lui donner des conseils: ce jeune avocat s'appelait Raynaldy. Cet Aveyronnais trapu, énergique, est un volontaire. Il doit tout à sa ténacité et à sa valeur, et pour que ses compatriotes l'aient préféré au général de Castelnau, il faut que réellement ils aient eu des raisons sérieuses. Ils ont préféré au brillant général un homme d'action rompu aux affaires, capable de résoudre les problèmes économiques de l'heure présente. M. Raynaldy était connu par un remarquable rapport sur la spéculation, problème bien complexe et, hélas! toujours à l'ordre au jour. Lui ausi s'est posé la redoutable question: Où commence le bénéfice exagéré? Où finit le bénéfice normal? Et il a mis en lumière le rôle bienfaisant du consommateur qui, recherchant lui-même le meilleur marché, arrivera peut-être, lentement mais sûrement, à faire baisser les prix. Comme vice-président de la Commission de législation civile et criminelle, il rapporta aussi la question de la réorganisaton judiciaire, discutant avec autorité les trois solutions proposées: Juge unique, tribunal départermental ou amélioration au régime actuel, préconisant toujours des solutions pratiques et réalisables. Il faudrait citer encore son rapport sur les accords du Pacifique, ses propositions sur le régime des pétroles, ses discours sur la propriété commerciale, la liberté individuelle, etc... Il a hérité de l'illustre maître qu'il aimait sa clarté et la probité intellectuelle. En un mot, M. Eugène Raynaldy est un réalisateur, et il convient de souligner ici -une fois n'est pas coutume en politique- qu'au ministère du Commerce il est bien à sa place.