Ceci est le second ouvrage réalisé par l'Association Connaissance de Challes à qui j'ai décidé d'ouvrir mes pages. Ce deuxième ouvrage porte sur la guerre 14/18.

Je vous laisse le découvrir.

Préambule

Le contexte historique

Les conseils municipaux

L'hôpital temporaire Fougerolle  N°172 bis

Les Américains

Témoignages

Monuments aux morts

Liste des militaires morts pour la patrie

Citation du sergent Vuillermet François

Conséquences de la Guerre pour Challes les Eaux 

 

 

 


 

                                                                             

 

 

CHALLES LES EAUX

DANS LA GRANDE GUERRE

 

 

 

Novembre 1998

 

 


 

 

 


PRÉAMBULE

 

    Au printemps de cette année 1998, le Secrétariat d'État aux Anciens Combattants, par l'intermédiaire de Monsieur Patrice BERTHAULT, Directeur Départemental en Savoie, nous faisait connaître son souhait de voir organiser, dans chaque département, des manifestations à l'occasion du 80ème anniversaire de l'armistice de 1918. Notre association -Connaissance de Challes et de ses environs- était contactée car le Casino de Challes les Eaux fut transformé, dès 1914, en hôpital militaire. Une exposition relative à ces établissements sanitaires devait être montée. Elle ne vit pas le jour.

 

    Nous avons alors pensé qu'il serait bon, dans le cadre de nos recherche, de réunir dans une plaquette les renseignements que nous pourrions trouver concernant notre commune au cours de cette période. Cela n'a pas été facile tant d'années après ces évènements, mais nous avons trouvé beaucoup de disponibilité et de gentillesse parmi les personnes les plus anciennes de la localité. Ainsi nous remercions

Mesdames:

Georgette FOSSOUX et Jeanne MAURIN

Ainsi que

Messieurs:

Joseph COUTER et Jean ROCHEFRETTTE

pour leur témoignage.

     Un document intéressant figure au centre de cet ouvrage. C'est la photo du banquet des Anciens Combattants et Mobilisés, en 1923, à l'Ermitage, café-auberge situé derrière l'établissement thermal, chemin du Sous-bois, appartenant à la famille David. Un long travail de reconnaissance à été nécessaire, fait principalement par

Messieurs:

André BATARDIN

Mesdames:

Thérèse JAY (famille DAVID)

 

Roger CAILLE

 

BELLIN

 

Jean COUTER

 

Denise DORDOLO

 

Joseph COUTER

 

Marie-Louise BEAUMONT

 

Jean CRISTINA

 

 

 

Henri DUISIT

 

 

 

Alexis DUMOLLARD

 

 

 

Marcel MOLLARD

 

 

 

Adrien RINCHET

 

 

 

Pierre GACHET

 

 

 

Edmond GARIGLIO

 

 

 

 

Le Président,

Roger DUMOLLARD.

 


 


LE CONTEXTE HISTORIQUE

 

    La défaite de 1870, suivie de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par l'Allemagne, laissait aux français un goût amer. Sans doute le ressentiment de revanche était-il à l'état latent. Cependant, depuis plus de 40 ans, la France était en paix et la population s'en trouvait bien. Naturellement, il y avait toutes sortes de problèmes locaux, nationaux et diplomatiques. Mais on ne pensait pas être pris dans la spirale infernale qui approchait. En juin 1914, l'été était déjà là et personne ne pensait à un conflit international immédiat.

    Et pourtant, le dimanche 28 juin, deux jeunes serbes de nationalité autrichienne et résidant à Belgrade, GAVRILOVIC et PRINZIO, assassinent, à Sarajevo, l'héritier présomptif du trône austro-hongrois, l'archiduc Francois-Ferdinand de HASBOURG et son épouse la duchesse de HOHENBERG. Le premier lance une bombe qui blesse deux officiers de la suite et, un peu plus tard, le second tire deux coups de feux à bout portant, les tuant presque instantanément.

    La spirale tragique se mettait en route. Après un mois de mouvements diplomatiques divers, la cascade de déclarations de guerre commençait, due au jeu des alliances. Ainsi, le 1er août 1914, dans l'après-midi, la population apprend la mobilisation de l'armée française. Comment a-t-elle réagi? Pour beaucoup, ce fut la surprise. A l'époque, seuls les journaux donnaient des nouvelles. Fallait-il encore les lire pour suivre les évènements! En ville on était assez bien informé, mais les campagnes, à ce moment de l'année, le travail des champs battait son plein. Et puis, la Bosnie-Herzégovine c'était loin!

    L'image d'Épinal décrivant les soldats partant dans l'enthousiasme, la "fleur au fusil", ne s'est sans doute réalisée que quelques jours plus tard. Dans un premier temps, la population à reçu la nouvelle de façon grave et sérieuse, accompagnée d'une certaine résignation. De toute façon, cela ne devait pas durer longtemps. Le sentiment dominant voulait que la France ne fût pas agressive, elle se défendait. Les propos étaient plutôt du genre: "Allons-y carrément et battons les une fois pour toutes, qu'on ne parle plus d'eux et que nos enfants soient au moins délivrés de cette menace perpétuelle."

    D'ou cette expression bien connue et profondément ressentie:

        -"C'est la der des der."

    L'appellation de "Grande Guerre" ne vint qu'après le constat des résultats catastrophiques qui en découlait.

 


 


LES CONSEILS MUNICIPAUX

 

19 MAI 1912
Maire: PERROTIN Claudius  
Adjoints:  ROUX Antoine DUISIT Charles
Membres: VUILLERMET Gabriel CHAMBON Benoît
  DAVID Benoît BACCARD Antoine
  DUISIT Jean PERNET Ernest
  DUMOLLARD Antoine VIAL Joseph
  JEANNET Aimé BRUN Marie
     
10 DÉCEMBRE 1919
Maire: PERROTIN Claudius  
Adjoint: DUISIT Hugues  
Membres: PERNET Ernest VIAL Joseph
  JEANNET Aimé BACCARD Antoine
  DUMOLLARD Claude CHAMBON Benoît
  FLUTTAZ François DUMOLLARD Anthelme
  VUILLERMET Gabriel PERROTIN Joanny

 


 


L'HÔPITAL TEMPORAIRE FOUGEROLLE    N° 172 BIS

 

    On sait que les combats du début de la "Grande Guerre" furent sanglants et que les autorités ont été surprises par l'afflux des blessés. Les hôpitaux militaires existants et prévus dans le plan de mobilisation ne suffirent plus. D'autre part, le congrès de Vienne et le traité de paix de 1815, après la chute de Napoléon I, prévoyaient une zone neutre, protégeant la Suisse, qui englobait le département de la Haute-Savoie et une partie de celui de la Savoie dont la ville d'Aix les Bains.

    Ces dispositions privaient les autorités de possibilités importantes de création de nouveaux hôpitaux en se servant d'infrastructures existantes: hôtels, écoles, etc... C'est ainsi que la Savoie dût faire face à l'arrivée de très nombreux blessés, le cas d'Aix les Bains étant d'ailleurs réglé favorablement dès le début septembre 1914.

    Enfin, l'esprit patriotique jouant, certains établissements furent ouverts, issus d'initiatives privées. L'État payait bien un prix de journée, mais il ne suffisait pas!

    C'est dans ce contexte que fût crée "l'hôpital temporaire FOUGEROLLE n° 172 bis" de 100 lits dans le casino de Challes les Eaux.

    Par lettre du 5 septembre 1914, Monsieur le Préfet demande à monsieur l'ingénieur REULOS "de bien vouloir transporter gratuitement par le tramway les diverses fournitures nécessaires à cet hôpital". Son ouverture eût lieu le 7 septembre.

    Le même Préfet par lettre du 17 septembre 1914, remercie Monsieur Marius FOUGEROLLE d'avoir bien voulu "s'intéresser aux malheureux blessés et d'avoir pris la direction de l'hôpital de Challes les Eaux."

    Le Docteur VINCENT, médecin oto-rhino-laryngologiste attaché à notre station était mobilisé à cette "ambulance militaire". Il semblerait cependant que cet établissement n'eût pas une grosse fréquentation. Une délibération du Conseil Municipal fait état, par moment, de "moins de trente convalescents".

    Ainsi par lettre du 1er décembre 1916, Monsieur le Sous-secrétaire d'État au service de Santé militaire donne "avis favorable" à Monsieur le directeur du Service de Santé de la 14ème Région pour la "fermeture de l'hôpital bénévole 172 bis peu utilisé en raison de son éloignement et dont la réorganisation dans de nouveaux locaux serait difficile et onéreuse pour le Service de Santé.

 


 


LES AMÉRICAINS

    Entrés en guerre en 1917, il fallait bien leur trouver des lieux où passer leurs permissions. Challes les Eaux en fit partie. Ils ont été accueillis à bras ouverts du fait de leur grande gentillesse. Les enfants ont profité des bonbons et du chocolat et les commerces de leurs dollars! Aucun incident n'a été signalé dans notre commune. Pourtant, en une année, 6000 d'entre eux sont passés à Challes les Eaux.

 



LES ANCIENS COMBATTANTS DE 1923

Référ. Photo Prénom Nom Profession Adresse
1 Joseph GARIGLIO Hôtelier "Belvédère"
2 François DETRAZ Jardinier Hôtel du Château
3 Jean DROGE Cultivateur Chemin de la Combe
4 François COUTER Cultivateur Rue du grand Barberaz
5 Alphonse DUISIT Cultivateur Rue Pasteur
6 Claudius BEAUMONT Comptable Chambéry
7 Hugues DUISIT Cultivateur Rue de l'Aviation
8 Dr VINCENT Médecin Rue Charles Pillet
9 Ernest PERNET Menuisier RN 6
10 Claudius PERROTIN Cafetier Rue Charles Pillet
11 Hugues VIAL Cultivateur Rue Jean Moulin
12 Joanny PERROTIN Cultivateur Rue Jean Moulin
13 TOURNIER Chef de musique Chambéry
14 Claude COUTER Garde champêtre Rue Charles Pillet
15 Louis DUISIT Boulanger RueCharles Pillet
16 Henri DUMOLLARD Cultivateur Rue de la Fruitière
17 Pierre BARLET Cultivateur Rue Pasteur
18 Marius COURRIER Cultivateur Chemin du Burdet
19 Joanny COURRIER Facteur Le Puy
20 Barthélémy DUISIT Cultivateur Chemin Saint-Vincent
21 Jean Nicolas PERROTIN Cultivateur RN 6
22 Benoît CHAPPERON Cultivateur Rue de l'Aviation
23 Ernest FERROUD Menuisier RN 6
24 Louis CRISTINA Maçon Rue Pasteur
25 DEMATESSE   Le Chaffat
26 Pierre BALLY Charpentier Chemin du Burdet
27 Jean BARTADIN Cultivateur Impasse de la Loi
28 Antoine COUTER Cultivateur Rue du Grand Barberaz
29 François DUISIT Cultivateur Rue Marceau
30 François ROZAZ Cultivateur La Viager
31 François COUTER Employé tramway Le Puy
32 Francis SADOUX Garagiste Avenue Domenget
33 Marie NOIRAY Boucher RN 6
34 CADOUX Cultivateur Rue Pasteur
35 Louis DROGE Cultivateur La Bresse
36 François BARLET Cultivateur Rue Pasteur
37 Benoît PERRAUD Buraliste Avenue Domenget
38 Stéphane TETAZ Cultivateur Ancienne mairie
39 Hugues EXCOFFON Cultivateur Chemin du Burdet
40 Antoine GACHET Cultivateur Le Puy
41 Jean BURDIN Cultivateur Le Chaffat
42 FEUILLEBOIS Instituteur École communale
43 Joseph VIAL Cultivateur Rue de la Fruitière
44 Joseph EXCOFFON Cultivateur Rue Pasteur
45 Germain FERROUD Cultivateur RN 6
46 Claudius MOLLARD Garde champêtre Rue Clémenceau
47 PILLET Garagiste RN 6
48 Charles BRETON (Durbet) Cultivateur RN 6
49 Émile FERROUD Menuisier Le Puy
50 Anthelme DUMOLLARD Cultivateur Chemin du Burdet
51 François PERNET Cultivateur Triviers
52 Louis CAILLE Cultivateur Route de Saint-Baldoph
53 Joseph GROSJEAN Cultivateur Route de Saint-Baldoph
54 Henri COLIN Épicier Rue de la Fruitière
55 Louis DUISIT Cultivateur La Viager
56 Raoul LAPEYRE Hôtelier Hôtel de France
57 Claude BACCARD Cultivateur Rue Victor Hugo
58 Mathurin MATHE Comptable Avenue Domenget
59      
60 François FLUTTAZ Hôtelier Rue Charles Pillet
61 Paul PONCET Menuisier RN 6
62      
63 François BALLY Menuisier Rue Clémenceau
64 François DUISIT Cultivateur Rue de la Fruitière
65 Marie MOLLARD Cultivateur Le Puy
66      
67 Francisque GROSJEAN Cultivateur Route de Saint-Baldoph
68 Joseph BRETON(Durbet) Cultivateur RN 6
69 Henri BRETON(Durbet) Cultivateur RN 6
70 Benoît CHAMBON Cultivateur Rue Victor Hugo
71 Joseph PORRAZ Cheminot Rue de la Fruitière
72 Félix DUMOLLARD Cordonnier RN 6
73 Louis RINCHET Cultivateur La Viager
74 Joanny PORRAZ Cultivateur Rue Victor Hugo
75 DAVID (Grand-père) Propriétaire Ermitage
76 Claudius DAVID (fils)   Ermitage
77 DAVID (Grand-mère)   Ermitage
78 Pérone BICHET Serveuse  
79 Marie DAVID (Fille)   Ermitage
80 Gabrielle DAVID (Gaby)(Fille)   Ermitage
81      

            Nous avons ajouté les personnes ci-dessous que nous savons avoir été Anciens Combattants ou Mobilisés. Il en manque peut-être. Nos moyens ne nous ont pas permis de le savoir et, si tel est le cas, nous nous en excusons auprès des familles.

82

Joseph DETRAZ

Wagons-lits

La combe

83 Claude DETRAZ Wagons-lits La Combe
84 Georges DETRAZ Militaire La Combe
85 Joseph BEAUMONT Buraliste Le Puy
86 Joanny DETRAZ Cultivateur Rue de l'Ancienne Mairie
87 Lucien DUMOLLARD Postier Avenue Domenget
88 Antoine BACCARD Cultivateur Avenue des Thermes

 


TÉMOIGNAGES

Mme Georgette FOSSOUX (Mlle LAMBERT, née en 1908)

    Je n'avais que 6 ans en 1914 et pourtant je me souviens très bien du départ de mon oncle François EXCOFFON. Il était très enthousiaste. "On les aura" disait-il. Le pauvre a été tué un mois après. Un de ses camarades de Curienne a ramené certaines de ses affaires à sa mère dont un porte-monnaie contenant une pièce de 20 francs en or qu'elle lui avait donnée lors de son départ. Je l'ai toujours.

    À l'école, j'étais dans la classe de Mlle MOLLARD, qui s'est mariée ensuite avec l'instituteur M. FEUILLEBOIS. Elle nous faisait chanter des chants patriotiques. Mais une autre institutrice, Mme PAOLI, dont le fils avait été tué, s'abstenait complètement de ce genre d'exercice.

    À la campagne, nous n'avons pas trop souffert des restrictions, sauf pour le sucre à cause de l'indisponibilité des champs de betterave du nord. Nous en étions à la saccharine.

    Par contre, il y avait des réquisitions. nous faisions moudre notre blé à Chignin et une partie de la farine était automatiquement retenue. De même, notre plus belle vache, la "Marquise", avait été acheté par les services du ravitaillement.

    Le casino avait été transformé en hôpital, apparemment surtout pour des convalescents. M. FOUGEROLLE, le dirigeait. Je pense que ce monsieur venait de l'est. Certaines femmes avaient été embauchée pour laver les capotes de ces soldats au lavoir de Triviers. Ces habits étaient plein de poux.

    À partir de 1918, ce même établissement a reçu des américains en permission. Il y avait beaucoup de noirs. Tous étaient très gentils. Les enfants des écoles étaient parfois invités à venir goûter. C'est là que j'ai mangé pour la première fois du chocolat à la menthe.

    L'atmosphère de la commune était naturellement plutôt triste. Certaines femmes étaient en grand deuil noir, comme cela se faisait. Les hommes portaient un large brassard noir. C'est le Maire, Mr PERROTIN, qui était chargé de transmettre les mauvaises nouvelles aux familles.

 

Madame Jeanne MAURIN (Mlle DETRAZ, née en 1904)

    J'ai été marquée par le fait que ma mère pleurait souvent. En effet, trois de mes frères étaient à la guerre: Georges, Joseph et Claude.

    Nous attendions les nouvelles avec anxiété et nous allions presque tous les jours à la poste (à coté du restaurant Savoyard) où Mr Louis PERROTIN nous accueillait gentiment. Malheureusement notre attente était souvent vaine.

    Deux de mes frères, Joseph et Claude ont été blessés et en sont morts par la suite. Nous sommes restés 8 mois sans nouvelles de Claude qui avait été fait prisonnier. Ce sont des amis suisses qui ont fini par retrouver sa trace.

    La solidarité entre habitants était certaine et les femmes remplaçaient les hommes absents.

    C'est le Maire, Mr PERROTIN, qui avait la charge difficile d'annoncer les morts aux familles.

    À l'armistice, les cloches ont sonné. Nous sommes descendus à l'arrêt du tram en dessous de chez nous, à la Combe. Tout le monde s'embrassait, connus ou inconnus.

 

Monsieur Joseph COUTER (né en 1904)

    Je me souviens tout particulièrement du 11 novembre. Nous étions en champ vers la grande Pia (rue Jean Moulin). Les cloches se sont mises à sonner. Alors nous nous sommes dirigés vers le village. Tout le monde s'embrassait. C'est ainsi que nous avons appris que c'était enfin fini.

 

Monsieur le docteur Jean ROCHEFRETTE (né en 1899)

    Je n'étais pas à Challes à cette époque, mais plus tard, mon confrère, le docteur Vincent, m'a dit que des soldats français convalescents étaient envoyés à Challes les Eaux dans le cas ou leurs blessures cicatrisaient mal ou trop lentement. L'eau sulfureuse permettait une guérison plus rapide au point que, parait-il, on disait aux soldats: "Attention, si vous allez à Challes, vous repartirez plus vite au front!!"

 



                             UN INCIDENT FACHEUX                                        (Tiré du cahier des délibérations communales et de lettres d'archives).

    Le 25 avril 1915, le Maire écrit au docteur Vincent, mobilisé à l'ambulance militaire installée au casino, pour lui demander de bien vouloir soigner gratuitement les familles de mobilisés de la commune. La réponse du 3 mai stipule que ses soins ne seront dispensés qu'aux familles figurant sur la liste d'assistance gratuite. Le Maire écrit alors au préfet que la situation du docteur Vincent, classe 1895, est un "privilège facheux". L'affaire en est restée là.

    Cet exemple est donné pour montrer combien la population était attentive à tout ce qu'elle considérait comme un passe-droit.

 

 



MONUMENTS AUX MORTS

    Le 2 février 1921, le Conseil Municipal choisit les architectes FORAY et PLANCHE. Le monument doit s'élever sur la place de l'église. Estimation: 10 000 F. Financement: quête, subvention d'État, emprunt.

    Un comité est formé: Claudius Perrotin, Maire (Président), Joanny Perrotin et Anthelme Dumollard (secrétaire et trésorier)

    Dames quêteuses: Mmes Benoît Chambon, Hugues Duisit, Paoli, Debauge, Brun, Aguettant, Vincent et Fluttaz.

    Résultat: Souscription et vente: 6983 F; Frais de fête: 2196 F; Reste 4787 F; Plus casino (prévision): 1500 F.

    Par la suite il a été décidé que des concessions gratuites seraient accordées aux morts à la guerre.

    Le 17 août 1923, il est proposé la construction d'un caveau pour les soldats dans le nouveau cimetière. Coût: 5194 F, financé par le prix des concessions.

A signaler que le 16 novembre 1922, la commune de Challes les Eaux verse 100 francs à la ville de Chambéry pour "l'érection d'un monument dédié aux enfants de la Savoie tombés au Champ d'Honneur".

 

 


LISTES DES MILITAIRES MORTS POUR LA PATRIE

PÉPIN Jean DROGE Pierre
JEANNET Louis DUISIT Joseph
EXCOFFON François HYVREUX François
DAVID Pierre GENEVIER Pierre
DUISIT Henri COUTER Jean-Victor
VOIRON Maurice MOLLARD Alfred
QUÉNARD Marcel VOIRON Claudius
RIVIÈRE Francisque BONNET Jean
HYVREUX Jean-Louis AMBLARD Marcel
BONNE Victor PORRAZ Pierre
BEAUMONT Benoît PAOLI Paul
VERROLET Joseph EXCOFFON Jean
DAVID Émile VUILLERMET François
ROZAZ Francisque COUTER Jean-Pierre
BICHET Benoît GILODI Victor
EXCOFFON Michel RAVIER Benoît
VÊPRES François BEAUMONT Pierre
TALON Eugène COCHET Marius

    36 personnes ont donc disparu dans la tourmente. Le pourcentage de pertes en milieu rural est estimé entre 7 et 8% (Jacob-Bellecombette 7,28%) et en milieu urbain entre 2 et 3% (Chambéry 2,98%). Le recensement de 1910 donne 585 habitants pour notre commune. Cela fait environ 6%.

 

 



CITATION DU SERGENT VUILLERMET FRANÇOIS

  1. A commandé une section à la satisfaction de ses chefs pendant une période difficile du 25 décembre 1916 au 12 janvier 1917 au cours de laquelle il a su obtenir de ses hommes fatigués un gros rendement et fait preuve sous de violents bombardements de beaucoup de bravoure et d'entraînement (une blessure).
  2. Gradé d'une grande bravoure. Très dévoué. Le 8 mai 1917 a, sous un bombardement d'une grande violence, très bien exécuté à découvert un tir de dix bandes sous un avion allemand qui a été descendu.
  3. Exellent chef de section de mitrailleuse, s'est fait remarqué par sa bravoure et son entrain au cours de l'attaque du 22 mai 1917. A repoussé le lendemain une contre-attaque ennemie. En ces deux circonstances a infligé des pertes aux allemands (citation à l'Ordre du Corps d'armée).
  4. Sous-officier d'un allant et d'une bravoure remarquable, a fait preuve au cours de récentes actions, des plus belles qualités de sang-froid et d'énergie. Sa section ayant été encerclée, s'est dégagé après avoir mis hors de combat un certain nombre d'ennemis dont un officier et a ramené un prisonnier (2 blessures-4 citations). La médaille militaire lui a été décerné par arrêté ministériel du 7 septembre 1919.
  5. Chef de section de mitrailleuse d'une grande bravoure et de sang-froid faisant l'admiration de ses hommes. blessé le 9 octobre 1917 en vérifiant le pointage de sa pièce sous un violent bombardement. (8 décembre 1919)
  6. Sous-officier mitrailleur animé du plus bel esprit de dévouement. Au cours de l'offensive de Champagne a participé le 27 septembre 1918 à la réduction d'une pièce de 77 qui tirait à bout portant. Le 1er octobre s'est porté en avant de la tranchée conquise et a tiré sur l'ennemi jusqu'à épuisement complet de ses munitions. Blessé grièvement le 10 octobre 1918.

(11 décembre 1918: Ordre de l'Armée, Général GOURAUD).

 


LA MADELON

1

Pour le repos, le plaisir du militaire,

Il est là-bas à deux pas de la forêt

Une maison aux murs tout couverts de lierre,

« Aux Tourlouroux » c’est le nom du cabaret.

La servante est jeune et gentille,

Légère comme un papillon

Comme son vin, son œil pétille,

Nous l’appelons la Madelon.

Nous en rêvons la nuit, nous y pensons le jour

Ce n’est que Madelon, mais pour nous c’est l’amour.

 

2

Nous avons tous au pays une payse

Qui nous attend et que l’on épousera,

Mais elle est loin, bien trop loin pour qu’on lui dise

Ce qu’on fera quand la classe rentrera.

En comptant les jours on soupire

Et quand le temps nous semble long,

Tout ce qu’on ne peut pas lui dire

On va le dire à Madelon.

On l’embrass’ dans les coins. Ell’ dit : «Veux-tu finir. »

On s’ figur’ que c’est l’autr’, ça nous fait bien plaisir.

 

3

Un caporal en képi de fantaisie

S’en fut trouver Madelon un beau matin

Et fou d’amour, lui dit qu’elle était jolie

Et qu’il venait pour lui demander sa main.

La Madelon, pas bête en somme,

Lui répondit en souriant :

« Et pourquoi prendrai-je un seul homme

Quand j’aime tout un régiment.

Tes amis vont venir. Tu n’auras pas ma main,

J’en ai bien trop besoin pour leur verser du vin. »

 

Refrain

Quand Madelon vient nous servir à boire

Sous la tonnelle on frôle son jupon,

Et chacun, lui raconte une histoire,

Une histoire à sa façon

La Madelon pour nous n’est pas sévère

Quand on lui prend la taille où le menton

Elle rit, c’est tout l’ mal qu’elle sait faire

Madelon ! Madelon ! Madelon !

 

 


                     CONSÉQUENCES DE LA GUERRE                       POUR CHALLES Les EAUX

   La première est évidemment humaine. Alors que beaucoup pensaient en avoir vite terminé, ce furent au contraire 4 ans de guerre très dure, l'enlisement dans les tranchées et des pertes énormes. Challes les Eaux a sacrifié 36 de ses enfants, plus un certains nombre de blessés. Comme partout, ces hommes en pleine force de l'age ont manqué cruellement par la suite.

La seconde porte sur les projets nécessaires à l'épanouissement de la station thermale. Prenons quelques exemples parmi les plus importants:

            Le projet démarre ne 1905. Cette route doit relier l'ancienne mairie à la RN 6 sur 760m. Certains pensent que d'autres travaux seraient plus urgents comme le "tout à l'égout", l'assainissement ou adduction d'eau potable. En 1912, malgré la défection du Conseil Général, la commune prend la décision du financement des travaux. En 1915 on en reparle, mais on reporte l'ensemble après les hostilités.

 

            Le 1er Novembre 1912 "Messieurs PERNET, JEANNET et BRUN sont chargés de convoquer les hôteliers et loueurs de chambres en vue d'un essai de Syndicat afin de donner un essor à la station et de s'entendre pour assurer sa prospérité." Ce syndicat n'a pris son plein fonctionnement qu'après la guerre.

 

            Le 25 août 1912, il est demandé l'étude d'un projet "d'adduction d'eau de canalisations et d'égouts. Il comprend l'achat de la source de Triviers" et la décision est prise le 9 août 1913. Les travaux ne se feront que bien des années plus tard.

 

            Depuis longtemps l'assainissement des marais avait fait l'objet d'attentions particulières. Des travaux de drainage avaient déjà été entrepris. en 1913, 1916 et 1917 le dossier pour "curage de la Mère et de la Boisserette" se met en place. On demande la mise en oeuvre rapide avec emploi des prisonniers de guerre. son exécution ne se fera que bien plus tard.

 

            Le 12 janvier 1913: proposition d'une ligne allant de St-Jeoire Prieuré à Chambéry, en passant par Challes, Leysse et St-Alban. La décision est prise en mars 1914, mais en 1921 elle est remise en cause. La réalisation ne se fera qu'en 1930 sous le nom "d'électrobus".

 

            En 1909, le Ministre de l'Intérieur impose des prescriptions sanitaires rigoureuses qui entrainent des dépenses importantes. En 1912: la commune demande "l'érection de la localité de Challes les Eaux en station hydrominérale et climatique." Après bien des années de tergiversation et de dossiers, c'est le 15 février 1927 que satisfaction sera donnée.

 

CONCLUSION

    On voit que la guerre a stoppé net l'évolution de la commune. le développement de la station demandait des investissements lourds qui n'ont pu être entrepris en temps voulu. Ils le seront entre les deux guerres, mais beaucoup plus lentement qu'espéré.

 

LE BILAN HUMAIN DE LA PREMIÈRE GUERRE
Nationalité Mobilisés Morts et tués Blessés Prisonniers
Alliés
Belgique 267 000 13 716 44 686

34 659

France 8 410 000 1 357 800 3 595 000 510 000
Grande-Bretagne 8 904 467 908 371 2 090 212 191 652
Grèce 230 000 5 000 21 000 1 000
Italie 5 615 000 650 000 947 000 947 000
Japon 800 000 300 907 3
Monténégro 50 000 3 000 10 000 7 000
Portugal 100 000 7 222 13 751 12 348
Roumanie 750 000 335 706 120 000 80 000
Russie 12 000 000 1 950 000 4 950 000 2 500 000
Serbie 707 343 45 000 133 148 152 958
USA 4 355 000 116 516 204 002 4 500
TOTAL 42 188 810 5 392 631 12 129 406 4 094 120
Empires centraux
Allemagne 11 000 000 1 773 7000 4 216 058 1 512 800
Autriche-Hongrie 7 800 000 1 200 000 3 620 000 2 200 000
Bulgarie 1 200 000 87 500 152 390 27 029
Turquie 2 850 000 325 000 400 000 3 629 829
TOTAL 22 850 000 3 386 200 8 388 448 7 0089 658
TOTAL GÉNÉRAL 65 038 810 8 778 831 20 517 854 11 103 778

Nota: Les chiffres précédents sont pour l'essentiel tirés du rapport parlementaire Louis Marin (1920). Selon leur mode de calcul, ils peuvent comporter une certaine approximation.

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